Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot :
Osons dire que l’uniformité sied mal à l’homme comme à la nature et que la diversité est riche. Plus nous la réduisons, plus nous devenons vulnérables. Le XXIe siècle va probablement consacrer la disparition à l’état sauvage des grands singes. Au début du siècle dernier les orangs-outangs pouvaient traverser l’île de Bornéo du nord au sud par la cime des arbres. Aujourd’hui, ils sont agglutinés et hagard de peur dans un îlot de forêt résiduelle, essayant tant bien que mal de survivre au milieu des villes et des exploitations. A quoi sert notre technologie si nous sommes impuissants face à un tel phénomène ? Osons reconnaître qu’en détruisant la biodiversité, dont nous sommes la partie consciente, c’est notre propre sort que nous condamnons. La protection et la réhabilitation des océans, des forêts, des zones humides, des terres arables, de tous les écosystèmes ne sont pas facultatives, mais sont une obligation pour lutter contre le réchauffement climatique, préserver la vie sous toutes ses formes et enrayer la pauvreté. Sauver les bonobos, c’est nous sauver nous-mêmes !
A chaque extinction d’espèces, sous l’effet de l’activité humaine, la mémoire de l’humanité se charge d’un fardeau de honte. L’homme s’octroie le droit de décider du sort des animaux ou des végétaux, de modifier le processus évolutif, persuadé que la seule chose précieuse dans la création est sa propre existence. Dans nos sociétés où partout suintent le racisme et la xénophobie, demander la considération pour un pachyderme ou un insecte est mission désespérée. Comment convaincre les hommes que le salut est aussi dans le respect sans faille de la biodiversité, que l’unicité de la nature ne vaut que par la pluralité de ce qui la compose ?
Dans le programme du présidentiable Macron, il était écrit : « Les enjeux écologiques sont désormais des enjeux géostratégiques et diplomatiques majeurs. Nous défendrons la biodiversité au plan mondial. Nous mobiliserons les chefs d’Etat et les entreprises, afin de créer une dynamique et une prise de conscience de même ampleur que celle engagée sur la question climatique, grâce à une conférence mondiale. Afin d’être cohérent avec cette ambition mondiale, nous serons rigoureux tant en métropole qu’en outre-mer pour la préservation des espèces protégées, et mettrons en œuvre les mesures nécessaires pour cohabiter avec nos populations de grands carnivores (loups, lynx, ours). » L’intention est bonne, la réalisation aléatoire. Mais je suis devenu partie prenante. D’où la préparation d’une loi Biodiversité du temps que j’étais ministre de l’écologie.
Ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…
Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne peut avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en reste au business as usual…