Pourquoi adhérer à l’association Démographie Responsable ? Plusieurs membres du comité d’organisation nous donnent quelques pistes de réflexion. En résumé :
Didier Barthès : « J’ai toujours considéré que la vie au milieu des arbres était l’état naturel des choses. Je me désespérais chaque fois qu’un nouveau bâtiment venait empiéter sur la nature. Même si alors, je ne mettais pas sur la chose des mots aussi précis, je la ressentais bien comme une atteinte à la beauté et à la douceur du monde. Je comprenais que le grignotage de la forêt était le fait d’une population toujours plus nombreuse. J’ai créé un site consacré à l’économie et à l’écologie intitulé Economie Durable. Via ce site, je suis entré en contact avec l’association Démographie Responsable qui venait d’être créée. Ce militantisme m’a semblé juste et nécessaire. »
Odette Chauve : « Étant donné la situation actuelle du monde, faire un enfant aujourd’hui est juste inconcevable pour moi. J ‘ai eu un seul enfant en 1968 qui lui n’en a pas fait du tout. Membre de Démographie Responsable depuis de nombreuses années, je suis même devenue la vice-présidente aux côtés du président Denis Garnier. Et je termine par ma phrase favorite : on ne peut pas se reproduire à l’infini dans un espace fini. Ce n’est pas idéologique, c’est juste mathématique. »
Marc Gillet : « Le saccage de la biodiversité et l’épuisement des ressources naturelles, dus à la surpopulation, sont inquiétants. Nous sommes l’espèce la plus industrieuse, et la seule capable d’aller dans l’espace, mais nous dépendons de millions d’autres formes de vie avec lesquelles nous fonctionnons en symbiose, et qu’il faut protéger dans notre propre intérêt. Si nous voulons à terme que nos descendants vivent à l’aise sur ce petit globe avant d’explorer les étoiles, il faudra qu’ils soient beaucoup moins nombreux. »
Alice Rallier : « Prétendre que le fait de nous reproduire n’a aucun effet sur la dégradation de notre environnement n’a aucun sens : c’est seulement un déni de réalité. Quelle que soit notre manière de consommer, nous ne pouvons pas nous reproduire à l’infini dans un espace fini et déjà saturé de notre présence, c’est l’évidence. Moins d’humains, ce sera moins de problèmes. J’ai choisi de m’intéresser au discours de Démographie responsable parce que cette association nous ouvre les yeux sur cette question. Moi, personnellement, j’ai fait mon choix : pas de planète B, pas de bébé ! Je n’ai pas fait d’enfants et je me suis fait stériliser chirurgicalement. »
Michel Sourrouille : « L’année de ma naissance en 1947, la population mondiale était de 2,325 milliards. Si je vivais centenaire, les statistiques pour 2047 prévoient 9,275 milliards d’êtres humains, soit une multiplication par 4 au cours de mon existence. Insupportable. Comment nourrir suffisamment et faire vivre décemment 7 milliards de personnes de plus entre 1947 et 2047 ? Comment préserver la vie sauvage et les forêts primaires ? Impossible. C’est pour cela que je n’ai eu qu’un seul enfant biologiquement parlant, que j’ai propagé la pensée malthusienne au niveau politique et médiatique… et que je me suis engagé au sein de l’association Démographie Responsable. Une action individuelle n’est presque rien si elle ne s’accompagne pas d’un engagement collectif. »
Anne-Marie Teysseire : « Je crois depuis mon plus jeune âge que la multiplication des humains était la principale cause d’un holocauste qui promettait le confort, la sécurité, la facilité, mais tuait ce qui est le plus humain en l’humain. J’ai été heureuse de trouver l’association alors que je me croyais seule à penser ainsi. Il me semble que nous devons à la fois, être inconsolables de tout ce qui a été perdu et nous battre pour que les hommes trouvent encore dans le monde à venir, de quoi nourrir leur désir de vivre, de se rencontrer, de faire société et d’accéder à une certaine transcendance par la littérature, l’art et la musique directement issus de nos liens charnels à la Terre. Terre que notre nombre détruit.»
Isabelle Yvon : « Je pense que notre espèce est invasive, qu’elle n’a pas de prédateur et que, par sa maîtrise de la médecine, elle prolonge la durée individuelle de vie sur terre. Le développement industriel, le productivisme, l’intensification de l’agriculture pour satisfaire les humains, ravagent notre planète. Qui plus est, le nombre engendre les conflits. Dans un monde idéal, chaque être humain aurait le droit à se connecter avec la nature. Chacun devrait pouvoir se retrouver, s’il le désire, seul ou en communion avec des proches, dans un environnement de calme et de beauté. Plus nombreux nous sommes, moins cette justice n’a de chances de se concrétiser. »
Mélodie Fournier : C’est vers mes 12 ans que je me souviens m’être posée beaucoup de questions, suite à la diffusion de « Soleil Vert » sur Arte. Je n’ai jamais lié l’idée de bonheur avec celle d’une énorme quantité, bien au contraire, j’ai cette désagréable impression de n’être plus qu’un numéro aujourd’hui ! Je suis amère de m’apercevoir que l’humain, qui se considère comme plus intelligent que le reste du monde, perturbe l’équilibre de toutes choses. J’ai eu longtemps peur de parler de ça autour de moi, car on me renvoyait toujours l’idée que j’étais un monstre qui voulait tuer tout le monde ! J’ai dû attendre mes 40 ans pour enfin oser militer pour l’idée d’une démographie responsable, je n’étais plus seule. Je remercie DR d’ouvrir la possibilité d’une réflexion sur ce sujet. »
Marie-Eve Perru : « C’est une prise de conscience progressive de l’état de la planète et de la finitude de certaines ressources comme le pétrole et les métaux rares qui m’a amené à étudier la question démographique, et à découvrir la courbe exponentielle de la population humaine. J’ai compris alors que le changement de mode de vie et la décarbonation de l’économie ne seraient pas suffisants pour éviter la catastrophe environnementale qui nous attend si on continue de croître en nombre sur une planète finie et déjà en mauvais état. À mon grand regret, car j’aime les enfants. »
Pour avoir les témoignages dans leur intégralité,
https://www.demographie-responsable.org/qui-sommes-nous.html
En réponse à Didier Barthès 16 DÉCEMBRE 2021 À 13:05
Mon cher Didier, vous trouverez peut-être les réponses dans cet article de Mohan Rao* daté du 23 juillet 2017 sur revue-projet.com : La danse macabre du néo-malthusianisme
* Mohan Rao est indien et docteur en médecine. Il s’intéresse aux politiques de santé publique dans l’histoire des populations, à l’Université Jawaharlal Nehru de New Dehli.
– « Écrivant innocemment, voici quelques années, sur la communautarisation de la population indienne, j’ai été profondément étonné et même effrayé – ce qui, je suppose, était le but recherché – par les réponses reçues sous forme d’innombrables cartes postales dont beaucoup m’accolaient l’étiquette « anti-hindou », de nombreux auteurs espérant même que je déménagerais au Pakistan, où, disaient-ils, mon épouse se ferait violer. Dix ans plus tard, le même venin se répandait à nouveau sur des sites Internet, gérés par des Indiens habitant aux États-Unis mais craignant de perdre leur « hindouité » alors qu’ils avaient abandonné leur pays. Les idées néo-malthusiennes sont reconfigurées, reconstruites, refaçonnées par d’autres idées portant sur la race, le genre, la communauté et, bien entendu, la nationalité.»
Bien sûr, l’article vaut d’être lu dans son intégralité.
Mon cher Didier, comme vous voyez il n’y a pas que «chez nous» en France que vos idées sont reconfigurées, reconstruites, refaçonnées par d’autres idées etc.
En attendant, je ne compte plus les fois où je suis allé sur ce terrain (celui des idées pourries) pour vous dire que votre combat était finalement plus dangereux qu’autre chose. Et j’ai toujours pu mesurer, et encore aujourd’hui, tout l’«intérêt» que vous portiez à mon argumentation. Bien évidemment ce n’est pas ça que j’appelle débattre.
Mohan Rao : « Les arguments néo-malthusiens décrivent fréquemment des scénarios catastrophiques de croissance démographique, comme si les êtres humains n’étaient pas doués d’intelligence, capables d’apprendre, de réagir et en éternel changement. »
Notre commentaire : Les scénarios de croissance, bien étudié par de multiples études scientifiques, aboutissent tous à la catastrophe. Aucun néomalthusien ne va dire que seule la démographie est responsable de cette conséquence macabre, voir l’équation IPAT. Mohan Rao énonce ensuite une autre contre-vérité. En effet si les humains faisaient preuve d’intelligence collective, jamais ils n’auraient entraîné la situation actuelle avec réchauffement climatique, épuisement des ressources, etc. L’échec de la COP26 montre clairement que nous ne sommes pas capable de réagir à bon escient et dans les temps impartis. L’anti-malthusianisme est une autre forme d’aveuglement collectif.
On n’est pas obligé non plus d’être d’accord à 100% avec tout ce que raconte Mohan Rao. Cette fameuse intelligence collective des humains me laisse à moi aussi, plutôt dubitatif. «Faites-nous connaître dans vos réseaux, l’intelligence collective résulte de la contamination de tous par les idées d’avenir» nous demande Biosphère… Faudrait peut-être savoir de quoi on parle. Quant à IPAT il n’y a pas de quoi en faire une loi, déjà elle occulte totalement le Système qui pousse à la croissance, autrement dit elle ne vaut que dans le Système. Ceci dit tout ça nous éloigne de ce qui me dérange le plus dans le (néo)malthusianisme. J’imagine donc que ce sujet est tabou.
Mohan Rao ajoute : « La plupart des images sur la question démographique font appel à notre altruisme : les images d’enfants et de mères torturés par la faim portent, dans leurs yeux, une puissante accusation associée aux messages dénonçant la surpopulation. Elles nous exhortent à agir en apportant notre contribution au contrôle démographique dans les pays du tiers-monde.’ (Extrait d’un article traduit de l’anglais à découvrir sur Revue-Projet.com)
Le titre de cet article, « La danse macabre du néo-malthusianisme », nous apparaît donc comme un contre-sens sur son contenu.
Les (néo)malthusiens et autres dénatalistes se veulent réalistes, conscients des limites etc.
Dans ce cas ils savent parfaitement qu’il est impossible d’empêcher l’inéluctable. Nous devrions être très probablement 9 milliards en 2050, plus loin c’est l’inconnu. Déjà là nous sommes en droit de nous demander ce qu’ils croient sincèrement pouvoir changer, de quoi ils ont le plus peur etc. bref ce qui les anime réellement.
Après des années de débats (avec ou sans «») avec eux je suis arrivé à la conviction que leur discours représente bien plus de dangers qu’autre chose. Autrement dit qu’il ne peut qu’en rajouter à la situation catastrophique qui est la notre.
Seulement, alors même que je partage avec eux une vision sombre de l’avenir, de leur point de vue le mien est irrecevable. On m’opposera que je suis en plein déni de réalité, que je ne suis pas conscient des limites, que je suis de mauvaise foi, que je participe à l’avènement de la Grosse Cata etc. Vision binaire et dogmatique du monde, les gentils d’un côté les méchants de l’autre. Partant de là il ne peut évidemment pas y avoir de débat (d’échange), chacun campe sur sa position et la défend bec et ongles.
En attendant, je vois que les idées pourries progressent à vitesse grand V, que la raison a laissé place aux passions, que nous pataugeons dans la grande Confusion, que la résistance c’est la soumission etc. etc. Je vois que nous sommes déjà entrés en 1984, que nous sommes mûrs pour accepter Soleil Vert, et j’imagine facilement que nous finirons avec Mad-Max. Toutefois, dans la mesure où on y entrevoit encore un peu d’humanité ces dystopies conservent une petite lueur d’espoir. De mon côté je reste donc convaincu qu’au stade où nous en sommes, le seul combat qui vaille est celui qui vise à sauver ce qu’il nous reste encore d’humanité.
Je connais votre désaccord Michel C et ne vous suggère pas d’adhérer à Démographie Responsable même si je vous encourage encore une fois à rompre votre anonymat et à nous rencontrer puisque, de fait, vous participez régulièrement aux débats sur Biosphère.
Par contre je ne vois pas bien pourquoi vous venez parler ici des idées pourries. Je pense que vous faites allusion aux mesures de plus en plus liberticides qui nous rapprochent en effet dangereusement de 1984. (vous savez que j’ai moi même publié un texte en ce sens).
Comprenez que, justement, nous considérons que l’explosion du nombre d’hommes sur la planète constitue le facteur déterminant du développement de ce genre de mesures.
Plus nous serons nombreux, plus la société sera liberticide et coercitive.