Une nouvelle génération d’étudiants s’interroge sur l’avenir de l’aviation civile dans un monde en surchauffe. Les écoles misent sur les technologies de rupture, mais la décroissance des flux aériens n’est plus un sujet tabou. Margherita Nasi :
– ISAE-Supaéro, l’école d’ingénieurs qui forme les bataillons de l’industrie aéronautique : en 2020, 710 étudiants du secteur de l’aéronautique, dont 335 de l’ISAE-Supaéro, ont publié une tribune plaidant en faveur de reconversions industrielles et d’une réduction du trafic aérien.
– Le directeur des études de l’ENAC : « Le débat est particulièrement clivant, avec des questionnements brutaux remettant en cause l’existence même du secteur ». L’école va mettre en place vingt heures de tronc commun pour tous ses étudiants sur les relations entre climat et transport aérien.
– Un professeur en aérodynamique à l’ISAE-Supaéro : « Les étudiants ressentent une forme de déprime existentielle alors que, pour une partie de la population, il n’y a rien de plus grotesque que de mettre des avions dans l’air et d’envoyer des fusées dans l’espace »,
– Un étudiant : « En réalité, la culture de l’aviation imprègne chaque exercice. Cette coloration m’a inquiété, parce que je suis très porté sur l’écologie. »
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– Francis Pollet : « Interdire le Paris-Marseille en avion, c’est supprimer la première commande d’avion électrique. Et puis, les gens ont envie de voyager. Je vous garantis que l’été prochain, on va battre des records de billets low cost pour aller très ilon ».
– Jean-Marc Moschetta : « A Airbus, on s’inquiète : si leurs futurs cadres commencent à dire qu’il faut arrêter le trafic aérien et se mettent à la permaculture, autant démonter les aéroports et réactiver les diligences. Si nous n’inventons pas les avions et les fusées propres de demain, qui va le faire ? »
– Olivier Lesbre : « Il nous faut encore du temps pour décarboner l’aviation, mais ce n’est pas dramatique : l’aviation civile représente environ 2 % des émissions mondiales de CO2. Si on casse l’industrie, on aura du mal à inventer des solutions. »
Pakko : Chaque jour un petit coup de canif dans nos certitudes . Les mythes tombent, les impasses apparaissent (état réel de la planète, foi dans le progrès, croissance génératrice de bonheur, supériorité de notre modèle ). Aujourd’hui c’est le tour du gratin des ingénieurs de le reconnaître , viendra celui des économistes et décideurs… Jusqu’à l’acceptation (maîtrisée ou contrainte) de la décroissance et la fin du mythe prométhéen du génie illimité, scientifique et technique, humain
zeOurs : A ceux qui veulent à tout prix tuer l’avion: je suppose que vous êtes tous cyclistes, non fumeurs, végétariens, dans un appartement de petite surface, parfaitement isolé? (il y a un intrus dans la liste, le trouverez-vous?)
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Ducalme : L’aviation, un peu plus de 2 % des émissions de CO2. Ma contribution, la vôtre, l’intérnet et les réseaux sociaux 4 % des émissions de CO2 et je vous laisse imaginer ce qui croit le plus (on atteindrait 8% en 2025). L’aviation doit donc faire des efforts et contribuer comme tout le monde mais c’est inutile de la mettre au pilori.
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Tiouriret : Bientôt, deux ou trois écoles d’ingénieurs aéronautiques suffiront dans le monde. Ils concevront les vaisseaux spatiaux par lesquels quelques ultra riches rejoindront leurs planètes personnelles, non polluées, vivables, alors que le port du masque à oxygène sera obligatoire sur Terre, dès la naissance.
– « […] Si nous n’inventons pas les avions et les fusées propres de demain, qui va le faire ?»
Ce pauvre Jean-Marc Moschetta est sûrement incapable d’imaginer que la réponse à sa question pourrait être tout connement celle-ci : « Ben personne, tiens ! »
Mais le plus grave sur ce coup ce ne sont pas les inquiétudes de ces cadres d’Airbus et de tous ces Jean-Marc Moschetta qui comptent ici sur les ingénieurs en aéronautique pour leur pondre l’Avion Propre de Demain. Et en même temps sur les pompistes pour inventer la Pompe à Cosmogol. Non, ça c’est juste de la rigolade, tant pis pour eux.
Cette «déprime existentielle dans l’aéronautique» reste anecdotique par rapport au malaise des jeunes en général. Les jeunes, à juste raison, de plus en plus anxieux quant à leur avenir. Et le Corona-Circus n’est pas venu arrangé les choses, au contraire. En attendant, les jeunes ne meurent pas du Covid, seulement ils se suicident. C’est ça le plus grave.