Nicolas Hulot et la VOITURE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot :

Au fil des décennies, s’est forgé un mode de vie fondé sur la voiture. Au vu des tendance actuelles, le nombre d’automobiles en circulation sur la planète pourrait doubler d’ici à 2020. En 2010, 1 015 000 de voitures ont été recensées aux quatre coins du monde, contre 980 millions en 2009. Plus de 1 milliard pour 7 milliards d’habitants. Aux Etats-Unis, royaume de la motorisation, le ratio culmine à 1 véhicule pour 1,3 Américains bébés compris. Ce modèle est aujourd’hui remis en question. Moteur du dynamisme économique et de la mobilité individuelle, le trafic routier se présente en même temps comme une des causes principales du fameux effet de double ciseau : raréfaction de la ressource pétrolière d’une part et aggravation de l’effet de serre d’autre part. Il n’y a pas de mystère, c’est à la déconstruction de ce monopole routier qu’il faut travailler. Quand j’entends qu’on veut installer un circuit de Formule 1 durable à proximité de Paris, j’ai un peu la nausée. Mais je refuse de participer aux manifestations du genre « la journée sans voitures ». C’était bien au début pour alerter la population, mais maintenant il faut passer à l’action. En matière automobile, les réglementations nécessaires sont faciles à mettre en œuvre et à être comprises de l’opinion (réduction des vitesses ou seuil d’émission de 80 g de CO2 par kilomètre, par exemple). Il y a des limites à fixer mais nous n’allons pas interdire totalement les voitures. Par contre nous pourrions bannir celles qui roulent à plus de 130 km/h.

Voici mon projet exposé dans le Pacte écologique de 2006. L’activité des transports, dans laquelle le secteur routier se taille la part du lion (89 % des déplacements de personnes et 80 % du trafic de marchandises) progresse en France deux fois plus vite que l’activité économique générale. En développant un système global fondé sur la mobilité, la prééminence du transport routier façonne désormais tout le fonctionnement de la société. Toute rationalité semble exclue de nos déplacements en voiture. Alors que la vitesse admise est limité, 88 % des automobiles vendues aujourd’hui en France peuvent dépasser 170 km/h, un tiers pouvant même rouler à plus de 200 km/h. Comme le moteur d’une voiture est réglé en fonction de sa vitesse maximale, on consomme plus de carburant, on dérègle davantage le climat. Il faut diminuer la puissance des automobiles mises en vente pour les rendre conformes aux limitations de vitesse (qui sont aussi des exigences de sécurité). Comme la réglementation technique des automobiles relève de la législation européenne (avis du Conseil d’État de juillet 2006), c’est au niveau de l’Union européenne que la décision doit être prise. A l’évidence, tous les États européens sont soumis aux mêmes impératifs de changements climatiques et de raréfaction des ressources pétrolières. Cette mesure pourrait s’accompagner d’une réduction de la vitesse maximale autorisée, la France faisant partie des pays européens où elle est la plus élevée. La vérité des prix doit aussi s’appliquer à l’automobiliste avec la restauration de la vignette, impôt écologique par excellence. Depuis sa suppression incohérente, de timides initiatives ont été prises dans ce sens. Mais leur aspect dissuasif reste dérisoire. On peut offrir aux communes la possibilité légale d’instaurer un péage urbain. On doit aussi mettre en place un péage kilométrique pour les poids lourds, comme en Allemagne et en Autriche.

Lors de la présentation du plan climat le 6 juillet 2017, j’ai assuré que le gouvernement entendait en finir avec la commercialisation des voitures roulant à l’essence ou au gazole en France d’ici 2040. Aucun nouveau modèle à essence ou diesel ne sera désormais commercialisé. Cet objectif est lourd, notamment pour les constructeurs automobiles et cela constitue une véritable révolution. Le Président de Volvo Cars a annoncé que toutes ses nouvelles voitures auront avec un moteur électrique à partir de 2019. Avec Bruno Le Maire pour l’économie, Élisabeth Borne pour les transports, et les patrons des grands groupes équipementiers, nous avons révélé le 22 mai 2018 le nouveau contrat stratégique pour la filière automobile 2018-2022 : multiplier par cinq d’ici à 2022 le nombre de véhicules électriques et dix fois plus que maintenant le nombre de véhicules hybrides. A charge pour l’État de créer une infrastructure de recharge des véhicules. Un deuxième volet du plan va favoriser les tests de véhicules sans conducteur. Emmanuel Macron l’avait dit : « Devons-nous réduire nos déplacements ? Non, au contraire ! Il faut imaginer des véhicules individuels plus sobres, comme les véhicules électriques. » Le 30 mai 2018, je détaillais devant l’Assemblée nationale les principales lignes d’un autre plan pour promouvoir l’hydrogène. 100 millions d’euros y seront consacrés pour faire de la France un leader mondial de cette technologie. Nous visons une flotte de 5000 véhicules utilitaires en 2023 contre 200 fonctionnant à l’hydrogène à l’heure actuelle.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

2 réflexions sur “Nicolas Hulot et la VOITURE”

  1. – « Devons-nous réduire nos déplacements ? Non, au contraire ! Il faut imaginer des véhicules individuels plus sobres, comme les véhicules électriques. » (c’est le Président qui l’avait dit)

    Autrement dit, devons-nous construire et vendre moins de véhicules ? Non, au contraire ! Il faut imaginer des véhicules individuels plus sobres, comme les véhicules électriques. Tout connement parce que l’électrique, le nucléaire, les innovations, fussent-elles à la con, c’est ça l’avenir ! Devons-nous construire des véhicules plus légers, plus simples, moins puissants, ne serait-ce que pour les rendre conformes aux limitations de vitesse, et mettre fin à toutes ces courses de vroum-vroum ? Non, au contraire et surtout pas ! Il faut entretenir le culte de la sacro-sainte Bagnole et rajouter en même temps toujours plus de radars sur les routes.

    1. Devons-nous rétablir la vignette ? Ah ça oui, excellente idée !
      Avec ça on pourra remettre nos hôpitaux en état pour pouvoir mieux soigner nos vieux. Ahahahah !!!
      Dis Nicolas, t’en à d’autres des bonnes idées comme ça ?

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