Le directeur de la campagne d’Arnaud Montebourg, Aquilino Morelle, conclut : « Soit nous conduisons une stratégie de protectionnisme raisonné, européen, social et écologique, soit les peuples céderont aux sirènes perverses des droites extrêmes. » A nous aussi, pour des raisons écologiques, il nous paraît nécessaire de relocaliser l’activité pour épargner les énergies fossiles (moins de déplacements) et favoriser l’emploi local (respect des ressources naturelles locales, paysans du cru, agriculteurs de proximité, monnaie locale, etc.). C’est pourquoi l’idée de démondialisation est nécessaire, mais elle doit être accompagnée de la réalisation de communautés de résilience ou territoires en transition. Il nous faut harmoniser la démondialisation selon Montebourg et les analyses d’Elinor Ostrom que nous avons analysé dans notre post précédent. Voici quelques extraits du texte d’Aquilino Morelle (LE MONDE du 8 septembre 2011) :
« Sacralisée à l’instar d’une loi de la nature, la mondialisation s’imposerait aux hommes. Proposer un autre modèle de développement déclenche aussitôt une classique entreprise de disqualification : la démondialisation serait une » absurdité » (Zaki Laïdi), une » illusion démagogique « , » une fable » (Pierre Lellouche), un » concept réactionnaire » (Pascal Lamy). Pour eux (MM. Camdessus, Delors et Lamy), en 1983, le choc de la » contrainte extérieure » (c’est ainsi que l’on désignait alors la mondialisation) a été un événement providentiel. Pénétrés de la supériorité du libre-échange, ces hommes se sont toujours considérés comme des progressistes. Ces » socialistes » français ont réussi à établir ce qu’il est convenu d’appeler le » consensus de Paris « . Ils ont alors convaincu François Mitterrand de libéraliser la finance. L’année 1983 n’a pas été l’année de la capitulation de la gauche française devant la finance, mais celle de son ralliement à celle-ci ! C’est » le triomphe de la cupidité » dénoncé par le Prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz. Un triomphe rendu possible non par la démission des hommes politiques de gauche, comme on le croit encore trop souvent, mais par leur consentement !
Mais les seules lois qui s’imposent à l’homme sont celles de sa raison et de sa volonté. Ce qui a été fait par des hommes peut être corrigé par d’autres hommes. Quel aveuglement idéologique que d’avoir accepté l’entrée de la Chine au sein de l’OMC en 2001 sans aucune contrepartie ! Produisons les marchandises chez nous chaque fois que c’est possible » : ce sont cette raison et ce sens des réalités humaines soulignés par Keynes que les partisans de la mondialisation ont voulu nous faire perdre. C’est le retour à cette sagesse qui est au cœur du projet de démondialisation.
Soit nous conduisons une stratégie de protectionnisme raisonné, européen, social et écologique, soit les peuples céderont aux sirènes perverses des droites extrêmes. La démondialisation s’oppose ainsi autant au délire de l’ouverture infinie des marchés détruisant les protections sociales, les industries et les modes de vie, qu’au repli nationaliste et haineux de Marine Le Pen. »