Une équipe de chercheurs internationaux avait forgé en 2009 cette notion de « limite planétaire ». En 2015 la même équipe identifiait quatre limites déjà franchies ou en cours de dépassement, la concentration atmosphérique de dioxyde de carbone, la diversité érodée du vivant, le changement trop rapide d’usage des sols, la perturbation des cycles de l’azote et du phosphore qui assurent la fertilité des sols agricoles. La pollution chimique constitue une cinquième limite ; la quantité d’« entités nouvelles » (plastiques, pesticides, solvants, polluants organiques persistants, etc.) introduites dans l’environnement par les activités humaines, est ingérable.
Lire Manifestons massivement sur les « limites planétaires »
Stéphane Foucart : Les microplastiques ou des polluants organiques persistants affectent la plupart des animaux et des humains.
Or le système économique qui produit et disperse ces produits est hors de contrôle. Le volume de production de substances chimiques de synthèse a, par exemple, été multiplié par 50 depuis 1950 et continue de croître sans relâche. Or, les risques pesant sur la biosphère ou la santé humaine n’ont été évalués que pour une petite minorité des 350 000 substances en circulation. De même, la production de plastique augmente à un rythme débridé et pourrait encore tripler entre 2010 et 2050. Et la persistance de ces produits dans la nature est telle que même la fin de leur production laissera un héritage de dégâts à gérer pendant de nombreuses décennies. L’humanité opère actuellement en dehors des “limites planétaires” ».
Les commentateurs sur le monde.fr sont pessimistes :
Giloubee : savoir que la planète est à ce point impactée par les activités humaines et savoir qu’en même temps les échéances politiques ne visent qu’à ralentir la croissance, même pas à l’endiguer, c’est insupportable ! La moindre idée d’inflexion dans nos modes de vie et de production entraîne des réactions tellement violentes, y compris dans le rang de simples citoyens, que tout espoir est vain. Il ne faut pas se contenter de rouler en électrique pour sauver la planète, tant que la croissance ne sera pas négative à au moins deux chiffres dans toutes les économies du monde il n’y a aucun espoir. C’est triste de voir tant de crasse dans la tête des humains.
Démographie Responsable : La première limite planétaire, à savoir le nombre d’humains sur Terre, a été franchie il y a déjà plusieurs décennies et il n’en est malheureusement pas question ici. Pourtant, c’est ce franchissement là qui est à l’origine de tous les autres.
Fchloe : 1 milliard de plantes. 1 million d’herbivores, 1000 carnivores, mais 8 milliards d’humains superprédateurs. Cherchez le déséquilibre dans la chaîne alimentaire ! Expliqué autrement : Louis XIV n’avait pas l’eau chaude, pas d’électricité, pas de téléphone, pas de TV, de voiture. Le moindre pauvre aujourd’hui à tout ça. Les pauvres qui ont tout ça sont 2 ou 3 milliards. La terre ne peut le supporter.
Hugoguenard : va-t-on laisser le principe d’innovation dominer constamment le principe de précaution en matière d’entités nouvelles (comme d’autres choses) ? La liberté d’entreprendre doit être strictement bornée quand elle engendre de tels dégâts. Le droit à un environnement sain et le devoir de le protéger et l’améliorer sont autant des droits constitutionnels que la liberté d’entreprendre, et le droit de propriété qui nous fait tous accumuler les uns à côté des autre des tas de bien identiques pour grande partie partageable.
XY : « Système économique hors de contrôle » : c’est la définition même du libéralisme. « Laisser-faire, laisser passer ». C’est comme les paquets de tabac : le danger est écrit dessus. Alors pourquoi une majorité de citoyens met ça au pouvoir ? J’ignore – peut-être la pulsion de mort, d’autodestruction, ou une épidémie de débilité profonde…
La mouche du coche : Et voila, 300 000 ans ou plus de sélection naturelle privilégiant l’agressivité et l’avidité ont mené Homo sapiens à créer la société que nous connaissons. Elle est basée sur la gabegie (pour ceux qui peuvent), la croissance économique à tout prix, y compris la destruction de l’environnement, de la biodiversité et du climat. Les alertes sur le climat, la pollution chimique etc … sont louables mais ne servent à rien. On le voit depuis plus de 30 ans (création du GIEC en 1988). Ce qui compte pour ceux qui décident, c’est de créer de la valeur pour l’actionnaire. La seule « technologie » de captation du CO2, c’est de faire pousser des arbres et on brûle la forêt partout, au Brésil pour planter du soja, en Afrique pour nourrir une démographie incontrôlée, en Indonésie …
Seulement on peut aussi faire pire que du vent. En dépassant là encore certaines limites. Comme l’a fait ces jours-ci Martin Hirsch, en remettant sur la table cette idée qu’on aurait pu croire oubliée. Faut-il faire payer les soins aux non vaccinés ?
Et Hirsch d’argumenter en disant que la question est légitime… «une question éminemment complexe et sensible, mais qui doit être abordée si on ne veut pas voir les systèmes de solidarité affaiblis par manque d’adhésion [et blablabla]». Misère, misère.
Bien sûr qu’on peut, puisque aujourd’hui tout est permis. Le misérable ne voit pas, et s’il le voit c’est encore pire, où peut mener ce genre de question, de sujet, à la con. Le climat est pourri, je parle bien sûr de certaines idées. Ce n’est donc pas le moment d’en rajouter au Désastre, il y a là aussi des limites à ne pas franchir.
Hirsch et ce sujet ne sont bien sûr qu’un exemple.
– « L’humanité opère actuellement en dehors des limites planétaires » (la récente étude)
Du plastique, on en trouve même dans l’air au niveau de l’Everest. C’est pour dire.
QUESTION : Et maintenant qu’on sait tout ça, qu’est-ce qu’on fait ?
Manifestons massivement sur les « limites planétaires » ? Oui ça on peut, ça permet déjà de se faire croire qu’on agit, qu’on lutte, pour sauver la Planète etc.
Marchons marchons, bien sagement dans les clous, tous ensemble tous ensemble ouai ouai !
On peut aussi demander, exiger, mais gentiment bien sûr, que se tienne un Super Grand Sommet genre COP mais à la puissance 10.
On peut aussi déposer une plainte contre cette équipe de chercheurs internationaux, cette véritable équipe d’amateurs, d’incompétents qui n’ont même pas vu la Première Limite Planétaire, la plus importante donc. Limite qui «a été franchie il y a déjà plusieurs décennies et il n’en est malheureusement pas question ici. Pourtant, c’est ce franchissement là qui est à l’origine de tous les autres.»
Et/ou et en même temps on peut aussi faire d’autres études. Des compléments d’enquêtes, sur l’étendue du Désastre, des prévisions etc. etc. Oui ça aussi on peut, ça permet d’occuper des tas de scientifiques, et de spécialistes, et de vendre du papier, des films etc. en attendant.
QUESTION : Est-ce si difficile que ça, de se faire à l’idée que les carottes sont cuites ? Que nous sommes plantés de tous les côtés. Et que tout ce que nous pouvons faire de mieux, en attendant, c’est du vent !