Le 28 février, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a publié le 2e volet de son sixième rapport en trente ans. Concentré sur les impacts, les vulnérabilités et l’adaptation à la crise climatique, il est beaucoup plus alarmant que le précédent, daté de 2014.
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Jean Jouzel, climatologue : Les problèmes environnementaux, en dépit de leur extrême urgence et de leur gravité, ne sont que rarement prioritaires. Oui, nous continuons d’être très égoïstes… Certaines des solutions technologiques s’inscrivent dans l’idée que nous pouvons dominer la nature plutôt que d’essayer d’être en harmonie avec elle. D’autant que certaines, à l’instar de la manipulation du rayonnement solaire, me paraissent dangereuses… Il me semble indispensable de répéter que chaque demi-degré compte… Près de cent vingt pays ont adhéré à l’idée de la neutralité carbone d’ici à 2050 (la Chine en 2060 et l’Inde en 2070), mais ces messages ambitieux restent cantonnés aux bonnes intentions. Y compris en France… L’idée des véhicules moins volumineux et émetteurs, qui avait été proposée par la convention citoyenne, n’a pas été sérieusement retenue…
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Frog : Il est possible de se passer de nombreuses choses sans que ça fasse le moindre mal. Je ne prends pas l’avion, je n’ai pas de voiture, pas de machine à expresso, pas de sèche linge, pas de lave-vaisselle, pas de piscine, pas de climatiseur, j’achète le moins de neuf possible… et je vis très bien, j’ai même beaucoup de temps pour moi grâce à cela. Pourquoi vouloir imaginer que les défenseurs de l’environnement seraient forcément des pourvoyeurs de malheur ? Pour moi, le plus grand malheur, c’est de passer mon temps à acheter, entretenir et faire réparer une consommation inutile !
le sceptique @ Frog : vous comprenez que c’est différent de dire « moi je ne fais pas X ou Y » et « moi je veux interdire X ou Y ». Dans le premier cas, vous faites usage de votre liberté comme les autres sociétaires ; dans le second cas vous demandez la suspension d’un certain nombre de libertés pour tous les sociétaires. Il ne vous a pas échappé que cette question de la suspension des libertés est critique dans l’histoire démocratique moderne. En outre, dire « cela se passe très bien pour moi dans mon choix libre » ne vous permet pas de dire « cela se passera très bien pour tous si cela devient une obligation ». Pour prendre votre seul premier point, si l’avion devait être interdit, cela se passerait mal pour beaucoup de gens dont le revenu dépend de cette avion, des gens qui n’ont pas votre vie, des gens dont le chômage nuirait à eux et aux autres. Donc voilà, si vous êtes seulement pour la liberté, eh bien cela ne conduit qu’à des petits pas pour le climat.
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Du point de vue des écologistes, on ne peut pas opposer pratiques de Colibri et politiques collectives, tout est en interdépendance. Charbon, pétrole et gaz sont les principales causes du réchauffement, mais aussi principales sources de financement de la Russie de Vladimir Poutine. Notre addiction aux énergies fossiles a armé le maître du Kremlin. Lutte contre le réchauffement climatique, c’est donc à la fois économiser drastiquement notre consommation d’énergie, lutter contre l’usage collectif des armes et oeuvrer pour la décroissance de la population humaine. Vaste programme que les présidentiables 2022 en France ne songent même par à penser. C’est pourquoi le fracas des armes continuera à éradiquer une fraction de la population tout en gaspillant les dernières gouttes de pétrole qi restent encore…
Lire, la dernière goutte de pétrole (notre article de 2010)
extraits : Demain, bientôt, en 2011 ou 2027, le baril à 300 dollars, 1000 dollars, plus… Autant dire le Premier jour de l’après-pétrole. Quelques tankers circulent encore, mais la Russie a serré la vis de ses pipe-lines. L’Europe se dessèche et les Etats-Unis entrent en transes. Des milliers de station-service ferment, les avions cessent de voler, le chauffage au fuel est abandonné. La fermeture des raffineries contamine peu à peu le secteur industriel tout entier. Plus de matières plastiques, donc plus de tuyauteries, plus d’emballages, de rouge à lèvre, de tissus synthétique, de bouteilles d’eau. Wall Street fait naufrage, les traders sautent par la fenêtre. Le chômage explose, 15 %, 30 %, 50 % de la population… Des manifestations dans tous les pays, des violences incontrôlées, la loi martiale est décrétée. Les voitures s’arrêtent de rouler, les supermarchés ferment quand ils ne sont pas pillés. La plupart des habitants des conurbations ne peuvent plus se rendre désormais à des boulots inexistants. Les banlieues pavillonnaires deviennent des déserts ou des taudis. La police est débordée, l’armée déboussolée. L’obscurité s’étend sur les villes, plus d’éclairage public. Les dernières gouttes de pétrole sont réservées à des tanks qui ne servent plus à grand chose. Les centrales nucléaires sont abandonnées, même l’Etat n’a plus les moyens de les pérenniser. Les émeutes de la faim gagnent les pays du Nord après avoir dévasté le Sud. Des marées humaines se réfugient à la campagne où il n’y a plus de refuges possibles. Des seigneurs de la guerre font la loi à coup de kalachnikov tant qu’ils ont encore des balles. En 2050, la planète compte moins d’un milliard d’habitants. Dans quelques endroits aux terres encore fertiles, la vie communautaire se reconstruit peu à peu. L’ère de la croissance économique dans un monde fini est définitivement terminée.
L’économiste Véronique Riches-Flores estime qu’une récession est une vraie possibilité. « Manifestement, la crise est déjà allée trop loin pour ne pas privilégier un scénario de récession mondiale à partir du printemps, dont l’issue dépendra en tout premier lieu des conditions de la poursuite du conflit et de ses développements. »
Eric Dor, directeur de la recherche de l’Iéseg, une école de commerce : « Cette soudaine hausse des matières premières est l’équivalent d’un appauvrissement net des pays importateurs. Cela peut aller jusqu’à la récession. Un retour à un début de stagflation est probable. » Le choc de l’inflation n’est pas un chiffre théorique, mais l’annonce d’un fort recul du pouvoir d’achat. En Europe, la facture d’électricité et de gaz va augmenter de 30 % en moyenne…
La guerre est toujours une opportunité pour certains. Et l’Essentiel se résume encore et toujours au Business. Le reste c’est du Blablabla.
– « La guerre en Ukraine, une opportunité pour les hydrocarbures américains… pas pour la planète » (par Agathe Beaujon le 02.03.2022 sur Challenges)
Cette guerre est donc une opportunité pour les Américains. Et pas que pour leur marché d’hydrocarbures. Une opportunité bien sûr pour les autres marchands d’hydrocarbures. Et pour la Chine aussi, qui va pouvoir se régaler des hydrocarbures russes. Et pouvoir ainsi devenir encore plus puissante. Et inonder encore plus, toujours plus, le monde de ses produits. Comme ça on pourra dire qu’en achetant du made in China on bousille le Climat et qu’on finance la guerre de Poutine et en même temps et blablabla.
Ceci dit les marchands, ricains, russes ou chinois peu importe ne vendent pas que des hydrocarbures. Cette guerre est aussi une opportunité pour les marchands de Transition, de nucléaire, d’armes, de béton et j’en passe. Et une nouvelle opportunité pour resserrer toujours plus la Vis. Pour réduire toujours plus nos libertés. Guerre contre le Terrorisme, contre le Virus, contre les Vilains Russes, contre le CO2…
«Depuis combien de temps qu’on est en état d’urgence ? » que je demande au voisin avec qui je refais tous les jours le monde.
«Et qu’est-ce que ça nous change ? » qu’il me répond.
Et pourquoi pas demain un Pass, pour les déplacements en bagnole ?
Et les flics, en superbe uniforme vert, seront désormais au service du Climat :
– » Papiers SVP ! Où vous allez comme ça ? »
– » On va au ski monsieur l’agent. »
– » C’est bon. Et dans quelle station ? »
– » On va pas en station, ça pue les stations, nous on fait du ski de rando. »
– » Quoi ??? Mais pour ça vous n’avez pas le droit de polluer ! Pour ça vous devez y aller à pied ou à vélo. Mais bon, comme c’est la première fois ça ne vous fera que 300 euros. Et puis demi-tour et que ça vous serve de leçon ! »
– » Merci monsieur l’agent. «
«La dernière goutte de pétrole» (article de 2010) me fait penser à Mad Max.
Justement, j’en parlais il n’y a pas très longtemps (avant la guerre) à mon gendre préféré.
L’après pétrole etc. et cette scène tout au début (du 2) où le narrateur raconte : «Les chefs parlèrent, et parlèrent… Et parlèrent encore. Mais rien ne pouvait endiguer le désastre.»
Et là mon gendre me rétorque : «Oui mais c’est de la fiction». Du cinéma quoi. Ben oui.
Autrement dit ce n’est pas crédible. C’est ce qu’il croit. Par contre mon gendre est comme FLEX (29 DÉCEMBRE 2010 À 20:58), il croit au Cosmogol. Et au Progrès qui progresse pour des siècles et des siècles amen. C’est souvent aussi que je lui parle des Shadoks. Bien sûr il ne les connait que vaguement, il est trop jeune, et le peu que je lui en raconte le fait bien rigoler. Ben oui.
Que ce soit les Shadoks, Mad Max, le Meilleur des mondes, 1984, les risques de guerres, d’accidents, de désastres, ou n’importe quoi… quand on ne veut pas ou qu’on ne peut pas y croire… eh bien il n’y a rien à faire.
En attendant, c’est peut-être con mais c’est comme ça.