« Pour qu’un écologiste soit élu président, il faudrait que les arbres votent. » (Coluche)
J’ai publié en 2016 un livre de 370 pages, « L’écologie à l’épreuve du pouvoir ». Il été présenté aux journées d’été d’EELV pour préparer la présidentielle 2017 et donné en main propre par moi-même à Yannick Jadot. Mais la question se pose : les écologistes encartés savent-ils lire ? Pourtant il n’y a presque rien à retrancher ou ajouter à la préface de mon livre… sauf que le parachuté par les médias nommé Emmanuel Macron a pulvérisé en 2017 la distinction droite/gauche, malheureusement au détriment de l’écologie. La présidentielle 2022 s’apparente au grand guignol, ce type de la droite libérale extrême arrive à nouveau au second tour contre une extrême droite qui marque sa troisième présence à ce stade. Cinquante années de perdues au détriment de l’urgence écologique depuis le rapport de 1972 sur les limites de la croissance.
Michel SOURROUILLE
Préface : de René Dumont en 1974 à la présidentielle 2017
« L’écologie au pouvoir ! » Cela fait sourire. Notre époque est à la lutte contre le terrorisme, l’endiguement du chômage, le contrôle des flux migratoires, la montée de l’extrême droite. L’écologie politique est au plus bas, fractionnement des partis qui se réclament de l’écologie, ralliements à la gauche, au centre, à tout ce qu’on veut. Et pour le climat, pas d’inquiétude, le gouvernement Hollande a fait en sorte que tous les États se mettent d’accord à la COP21 de Paris.
« Présidentielle, l’écologie au pouvoir ! » Qui peut y croire ? Il y a au moins un candidat écologiste qui se présente sans interruption aux présidentielles depuis 1974. Les scores n’évoluent pas, l’écologie politique reste au plus bas. René Dumont obtient 1,32 % des voix au premier tour de la présidentielle 1974, Eva Joly seulement 2,28 % en 2012, presque quarante ans plus tard. Comme seuls les deux candidats arrivant en tête peuvent participer au deuxième tour, les petits candidats sont rapidement oubliés par les médias et l’opinion publique. L’accès au pouvoir se joue entre la droite et la gauche, seule l’extrême droite a progressé depuis la première candidature de Jean-Marie Le Pen en 1974. Le Front national a même pu parvenir au second tour de la présidentielle 2002. Les craquements de la planète, les chocs pétroliers, le réchauffement climatique… tout cela paraît lointain aux yeux des électeurs. Ce sont les recettes traditionnelles de la cuisine électorale qui tiennent encore le haut du pavé. Face à cette tambouille, c’est le vote « contre » qui devient majoritaire.
« Présidentielle, bientôt l’écologie au pouvoir ! » Cela paraît pourtant une évidence. La mer monte avec le réchauffement climatique et vingt et une années de parlottes diplomatiques (COP21) n’ont rien changé à un phénomène qui ne va que s’amplifier avec nos émissions de gaz à effet de serre. Le pétrole devient de plus en plus sale avec les sables bitumineux de l’Alberta ou les forages offshore qui mazoutent les mers. Le gaz est difficilement extrait, par effraction des roches, et on laisse faire… Mais justement les populations commencent à se révolter : lutte contre les gaz de schiste, occupation des zones à défendre contre les projets d’aéroports ou de lignes à grande vitesse, fauchage volontaire des OGM, essor du végétarisme contre la malbouffe, inquiétudes pour l’avenir… La conscience que la planète et tous ses habitants sont en danger progresse, nous sommes tous concernés, il se forme un peuple écolo. S’il y a un décalage entre les votes et les mentalités, c’est seulement dû à la force des habitudes et au poids du passé. Depuis plus d’un siècle, on privilégie le positionnement droite/gauche et le combat entre capitalistes et travailleurs. Les péripéties électorales oscillent entre libération des mœurs et recherche de la « sécurité ». Mais qui aurait pu dire à la fin du xviiie siècle en France qu’on allait couper la tête du roi et proclamer la République ?
Alors oui, l’écologie sera bientôt au pouvoir. Les ruptures sont souvent brutales au niveau de l’expression électorale, mais préparées de façon souterraine par la maturation des consciences. La sécurité fondamentale des populations n’est pas rattachée à des attentats terroristes somme toutes ponctuels, mais dépend des paramètres qui font qu’on puisse travailler et vivre en paix sur un territoire déterminé : autonomie énergétique, souveraineté alimentaire, bons rapports de voisinage, démocratie locale, etc.
Alors oui, l’écologie sera bientôt au pouvoir. Bientôt ! Nul ne peut dire à quelle date précise. Lors de la présidentielle 2017 ou 2022, lors d’une élection européenne, aux législatives ? Dans un monde surpeuplé, surexploité, exsangue, avec un chômage de masse et des conditions de travail qui poussent au burn out, ce sera l’écologie au pouvoir ou l’autoritarisme d’un gouvernement au service d’une caste. Car tout est lié à l’état de nos ressources naturelles, le terrorisme, le chômage, les migrations, la montée de l’extrême droite. On ne connaît la paix sociale, le travail pour tous, le bonheur de rester dans un territoire déterminé que si on vit dans une société en équilibre avec son écosystème. En période de pénurie croissante et de descente énergétique, situation que nous allons vivre de façon amplifiée et exacerbée au cours du xxie siècle, les maux de la société actuelle seront exacerbés et les combats électoraux épiques : la ligne de fracture se situera entre ceux qui ont conscience des limites et ceux qui croient à la toute puissance de l’espèce Homo sapiens et de sa technoscience, entre ceux qui voudront retrouver une harmonie entre les humains et leur milieu naturel de vie et ceux qui feront en sorte qu’on se batte les uns contre les autres.
Ce livre est fait pour donner quelques raisons d’espérer. Une présidentielle en France propose un choix de société. Le choix d’une société écologiste sera celui d’une communauté où nous voudrons tous devenir écologistes, changer de comportement, s’impliquer dans la vie associative et politique, agir avec le président de la République. Le lundi 6 mai 1974, René Dumont faisait le bilan de sa candidature à la présidentielle de 1974. Historiquement, il était le premier candidat à la charge suprême au nom de l’écologie. L’écologie était devenue politique. Il écrivait : « On nous donne 1,34 % des voix (336 000 électeurs). Je dis bien “nous”, car je n’ai jamais appelé à voter pour moi. Le grand public esquisse une prise de conscience fondamentale, 68 % des Français se disent avertis des dangers que nous signalons. L’Écologie politique est désormais placée sur orbite… » Le texte ci-dessous est tiré du livre relatant sa campagne*.
– Une fois la nourriture et le logement assurés, aucun problème n’est plus important pour l’avenir de la France que l’environnement. Voilà pourquoi le mouvement écologique devient politique. Voilà pourquoi, pour la première fois dans l’histoire des sociétés, un homme présente sa candidature à la direction d’un État avec pour programme la préservation de la vie. Il est grand temps que réagissent tous ceux qui se préoccupent de la société que nous laisserons à nos descendants.
– Personne n’est admis à avoir une vue globale des choses, ce qui est désastreux d’un point de vue écologique car tout est lié à tout. L’Écologie, c’est un mot simple. Il veut dire que l’homme comme toutes les espèces vivantes, est inclus dans un milieu qui comprend la nature, les autres espèces vivantes, les autres hommes et qu’il ne peut se permettre de détruire ce milieu sans se détruire lui-même. On doit comprendre que la défense de la nature ne se limite pas à tel ou tel point particulier, mais exige une remise en cause fondamentale pour aboutir à notre double objectif :
– Réduction fondamentale des injustices sociales à l’échelle mondiale, en vue de la réduction prioritaire du gaspillage et des consommations abusives des riches ; donc de leur nombre comme de leur revenu.
– Élaboration d’une civilisation à basse consommation d’énergie, de viande et de métaux, économisant pour les générations futures les ressources rares de la planète, arrêtant le pillage du tiers-monde et la destruction de la nature, source de toute vie.
Malheureusement l’écologie n’a pas fait depuis 1974 de percée au niveau électoral. Pire, les objectifs restent toujours les mêmes car rien ou presque n’a été réalisé par les gouvernements successifs pour tenir compte de l’urgence écologique. Tous les indicateurs de la planète sont passés au rouge vif. René Dumont disait que « le choix n’est plus entre tel ou telle pour la présidentielle, mais entre l’écologie et la mort ». De plus en plus de spécialistes prédisent maintenant que l’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle est possible. Plus nous attendons pour mettre l’écologie au pouvoir, plus cela devient probable. Il est plus que temps que l’écologie prenne le pouvoir au sommet de l’État. Il s’agit de mettre en place un état d’urgence permanent, non pas simplement contre le terrorisme comme cela a été fait en France fin 2015 et début 2016, mais contre tous les maux entraînés par le déséquilibre global de la planète. Si cela n’est pas fait en 2017… ou bientôt, nous prenons le risque du chaos socio-économique et environnemental. Ce livre est écrit pour montrer qu’une candidature à la présidence qui serait porteur d’un programme écologique radical, tourné à la fois vers le retour aux équilibres planétaires et vers l’avenir des générations futures, est non seulement possible mais aussi nécessaire. Un tel programme peut être réalisé, il suffit de trouver la bonne personne, de pratiquer le vote réellement utile et d’œuvrer tous ensemble pour un avenir meilleur.
Car ne faisons pas de confusion sur cette expression : « Bientôt l’écologie au pouvoir ». Elle n’est pas centrée sur une personne, mais sur un projet de société porté par l’écologie scientifique et politique. Pour que ce projet se concrétise vraiment, il faut que la plupart des électeurs pensent, vivent et agissent comme des écolos… C’est à ce moment-là seulement que l’écologie sera au pouvoir, quel que soit le nom de notre président.
* À vous de choisir : l’écologie ou la mort – La campagne de René Dumont (Pauvert, 1974)
Notre blog biosphere présentera pendant quelques jours des textes préparatoires à la présidentielle 2027. En effet les résultats de l’épisode 2022 montrent que cinquante ans après la publication du rapport Meadows sur les limites à la croissance, l’écologie politique stagne électoralement. Depuis cinquante ans, la simple idée qu’il puisse exister des limites écologiques à la croissance économique est restée minoritaire dans l’opinion publique, et carrément hérétique parmi les décideurs. L’idée de décroissance y est au mieux ignorée, au pire utilisée comme une invective facile pour disqualifier l’ensemble des écologistes Or le dernier rapport du GIEC est plus alarmant que jamais, une guerre en Ukraine fait craindre pour la sûreté des centrales nucléaires, la hausse des prix de l’énergie préfigure un choc pétrolier et gazier, etc.
Il est donc plus que temps de préparer sérieusement 2027.
« René Dumont obtient 1,32 % des voix au premier tour de la présidentielle 1974, Eva Joly seulement 2,28 % en 2012, presque quarante ans plus tard. Comme seuls les deux candidats arrivant en tête peuve »
La présence de cette sinistre magistrate gauchiste , de Jadot et des autres guignols gauchistes de EELV (parti qui doit sûrement receler des personnes immunisées contre le politiquement correct , l’ immigrationnisme délirant à visée électoraliste , le wokisme, …) est un désastre et un repoussoir absolu pour l’ écologie
Je doute fort que les inégalistés sociales auxquelles R. Dumont fait réference empêchent ces jocrisses de dormir la nuit : ils s’ en foutent totalement car ils sont du même acabit que macrondelle 1er , c’ est dire !
L’ omission volontaire du contrôle des naissances que R. Dumont préconise prouve leur forfaiture et la qualification d’ idiots utiles du gros patronat !
Démasqués les gauchiottes 😁😁😁😁😁
Si vous doutez fort que les inégalités sociales (auxquelles R. Dumont fait référence ) empêchent ces jocrisses (??) de dormir la nuit … de mon côté je doute fort que l’écologie soit votre principale préoccupation. Je le dis depuis longtemps, l’écologie est devenue une marie-couche-toi-là. Tout le monde la prend de tous les côtés. C’est immonde.
Les mensonges de Michel dévoilés par la presse…Modération à Bga80
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La ponte irresponsable est bien le fait…modération à Marcel
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Rien n’est encore perdu, gardons espoir !
Jean Lassalle annonce faire un don au PS, LR et EELV en difficultés financières.
Non ce n’est pas une blague ! «On a souvent besoin d’un plus petit que soi», qu’il a dit !
Malgré cette déculottée historique EELV n’est donc pas encore mort. Ce qui nous assure donc encore du grand spectacle, du grand Guignol comme dit Michel SOURROUILLE, pour un certain temps. Eh oui, the Show must go on, en attendant ! Merci qui ? Merci Jean.
Je prends un refrain du discours de Macron, je cite « Le projet pour le pouvoir d’achat c’est le nôtre ! le projet contre la vie chère, c’est le nôtre ! » . Alors si Europe Écologie (EELV) considère qu’augmenter le pouvoir d’achat est criminel contre l’environnement les espèces dont l’humanité, alors les écologistes devraient considérer le programme de Macron tout autant criminel c’est à dire comme Nazi et de ne pas voter pour lui au second tour !!! Mais en vérité pour le second tour les écolos seront déjà à 8 heure du matin devant les bureau de vote pour aller voter Macron ! Désolé mais lorsqu’on veut ouvrir les frontières pour intensifier le commerce comme le souhaite EELV, je n’appelle pas ça de l’écologie mais de l’escrologie !
Mais oui on le connaît ton refrain. Et ta chanson aussi, misère misère…Modération à Parti d’en rire
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Dans ce cas, expliquez moi pourquoi les écologistes veulent ouvrir les frontières à tout crin…Modération à Bga80
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Aujourd’hui, en 2022, ce discours de 1974 reste inaudible. René Dumont l’expliquait il y a 50 ans: « Personne n’est admis à avoir une vue globale des choses, ce qui est désastreux d’un point de vue écologique car tout est lié à tout. »
L’instant présent prédomine, les médias s’abîment dans les faits divers, les politiques se lancent des petites phrases à la tête, les électeurs votent un bandeau sur les yeux… On peut ajouter des mécanismes psychologiques avérés,l’interaction spéculaire par exemple, je vote Mélenchon car tout le monde de gauche vote Mélenchon,. Mais aussi la dissonance cognitive, je préfère mon pouvoir d’achat présent au sort des générations futures… Mais en 1974, et c’était là l’essentiel,l’écologie politique était placée sur orbite…
Attendons maintenant 2027 où on votera écolo avec les pieds dans l’eau et le litre d’essence à 27 euros !?
Je suppose que c’est là une tentative de réponse à mon pourquoi ( À 09:29 )
Oui, on peut y répondre comme ça, tout est lié on le sait, dissonance cognitive etc. etc. Rien de nouveau sous le soleil. Pour moi, je le redis, le gros problème c’est la confusion. La Grande Confusion. Liée probablement à la fatigue. La Grande Fatigue.
D’ici 2027, il va en couler de l’eau sous les ponts. Et en attendant, la planète ne va pas s’arrêter de tourner. L’écologie politique non plus. Elle est sur orbite depuis 1974…
Je pense là à cette tirade de Michel Audiard…
– « Ce livre est fait pour donner quelques raisons d’espérer. […]
Ce livre est écrit pour montrer qu’une candidature à la présidence qui serait porteur d’un programme écologique radical, tourné à la fois vers le retour aux équilibres planétaires et vers l’avenir des générations futures, est non seulement possible mais aussi nécessaire […]
il suffit de trouver la bonne personne, de pratiquer le vote réellement utile […]
Car ne faisons pas de confusion sur cette expression : « Bientôt l’écologie au pouvoir ». Elle n’est pas centrée sur une personne, mais sur un projet de société porté par l’écologie scientifique et politique. [etc.] »
Si la question de savoir si les écologistes encartés savent lire ou pas se pose… on peut se demander aussi si l’auteur de ces lignes est sérieux.
Cette candidature (porteuse d’un programme écologique radical, tourné à la fois vers le retour aux équilibres planétaires etc.) nous l’avions. Et même en 2017 ce programme était déjà bien ficelé. Seulement voilà, la personne qui portait ce programme, ce projet de société, n’était probablement pas assez écolo, déjà aux yeux de l’auteur de ces lignes. Résultat : 21,95 % et 4,6 % ! Choisis ton camp camarade !
Tout ce blablabla n’est donc pas sérieux. Pour ce qui est de nous donner quelques raisons d’espérer…il faudra trouver mieux. En attendant, il ne faut pas s’étonner, et encore moins chouiner, d’en être là aujourd’hui.
Cet extrait de la campagne de René Dumont en 1974 est remarquable.
En seulement quelques lignes il expose d’une manière très claire les objectifs de l’écologie politique. Plus exactement, ce qu’il appelle «notre double objectif».
Notons déjà l’ordre dans lequel ce double objectif est décrit. Dumont était d’abord un homme de gauche, il savait donc qui était l’adversaire. Bien évidemment à cette époque les boussoles n’étaient pas encore devenues complètement folles. Et à tous les niveaux de l’échelle sociale les gens savaient où ils habitaient.
Notons ensuite l’enchaînement, la logique (la stratégie), et même le poids des mots :
– «Réduction fondamentale des injustices sociales à l’échelle mondiale, en vue de [….] donc de […] »
La réduction des injustices sociales, à l’échelle mondiale, est fondamentale !
Logique, intelligent, bien construit etc. voilà donc le genre de discours qui ne peut qu’être entendu. Du moins théoriquement.
De la gauche à la droite, dans les palaces et les chaumières, en 1974 Dumont a seulement fait rire.
Probablement parce qu’il était anachronique, trop en avance, les gens n’avaient pas encore pris conscience => La fumeuse prise de con science.
Aujourd’hui ce même discours ne fait plus rire, seulement il est reste inaudible.
Pourquoi ?