Dans les années 1970, l’écologie faisait tout juste son entrée dans les médias. Il y avait seulement quelques journalistes qui se sentaient concernés, et ils étaient de facto militants, Aujourd’hui l’écologie existe médiatiquement, mais elle est devenue une rubrique parmi d’autres. L’information produite a tendance à se déconflictualiser, à se formater, à se disperser. Une chatte n’y retrouverait pas ses petits. Ainsi la rubrique Planète sur lemonde.fr le 4 octobre 2022 :
– Comment s’habiller sans détruire le climat et la biodiversité ?
– En Afrique du Sud, les manchots du Cap menacés par la grippe aviaire
– Face à la sécheresse, le Kenya réautorise le maïs génétiquement modifié
– Après le passage de l’ouragan Ian, « plus jamais je ne reviendrai vivre en Floride »
– Dans la forêt de La Teste-de-Buch, meurtrie par l’incendie, des centaines d’hectares de pins vont être abattus
– L’appel de 2 200 agents publics : « Nous demandons une accélération urgente de la décarbonation de tous les services publics »
lire, Dissolution de la rubrique Planète dans l’économisme (7 juin 2013)
Le point de vue des écologistes
Aucune cohérence n’est apportée à toutes les informations du MONDE alors que le lien entre tous ces événements est évident : le massacre de la planète par la société thermo-industrielle. L’écologie ne prend que la place culturelle que les merdias lui donnent. La dépolitisation est assurée alors que, dans le même temps, Sandrine Rousseau peut épancher médiatiquement son mal de vivre. Il faut dire que LE MONDE est resté un journal centré sur la vie politique au niveau national et mondial, pas du tout ouvert à la pensée écologique. Voici un historique de la rubrique environnement dans ce quotidien :
1945-1973 : Les débuts du MONDE en la matière ont été désastreux. Dans son numéro 199 du 8 août 1945, le quotidien annonçait le largage de la première bombe atomique en manchette sur trois colonnes avec, en surtitre, cette formule ingénue et terrible : « Une révolution scientifique » (…) C’est seulement à partir de 1969 que LE MONDE ouvre un dossier « Environnement »… au service de documentation !
1974-1981 : Le premier journaliste dédié à l’écologie, Marc Ambroise-Rendu, est arrivé au MONDE en mars 1974. Son directeur, Jacques Fauvet, n’avait aucune idée de la manière dont il fallait traiter la nouvelle rubrique environnement, mais comme il y avait un ministère du même nom depuis le 7 janvier 1971, un ministre (Robert Poujade), des officines diverses, des salons de l’environnement et des réactions patronales, il fallait « couvrir »…
1981-1988 : L’élection de Mitterrand en 1981 a été un coup d’arrêt à la politique environnementale ; c’est pourquoi, quand Roger Cans reprend la rubrique environnement du MONDE, il se retrouve seul et isolé. L’affaire de Bhopal, cette fuite de gaz mortel qui tue ou blesse des milliers d’habitants d’une grande ville indienne en décembre 1984 ne donne lieu qu’à une brève le premier jour. Et le correspondant à New-Delhi n’ira à Bhopal que plusieurs mois après la catastrophe, lorsque l’affaire deviendra politique…
1998-2011 : Avec l’arrivée à la direction d’Eric Fottorino en juin 2007, LE MONDE mobilise davantage de rédacteurs à la chose environnementale : six ou sept rédacteurs au lieu d’un seul durant la période 1974-1998. A partir du numéro du 23 septembre 2008, une page est consacrée à la Planète, au même titre que les pages International ou France.
2012-2013 : Les journalistes écolos du MONDE Marc Ambroise-Rendu, Roger Cans et Hervé Kempf ont témoigné que l’écologie avait pris de l’importance dans ce quotidien de référence. Mais comme il faut préserver les convenances et les recettes publicitaires, LE MONDE cultive encore la croissance, le tout automobile et les néfastes futilités…
Le départ d’Hervé Kempf le 2 septembre 2013 a révélé qu’il valait mieux pour les journalistes environnementalistes ne pas faire de « militantisme ». Le directeur du journal n’hésite pas à lui écrire : « Ce ne sont pas tes compétences qui sont en question, mais un problème d’image : nous tenons à ce que l’approche du journal reste aussi impavide que possible, tout particulièrement dans les pages Planète ». Il s’est fait traité de « chroniqueur engagé » par un directeur de la rédaction, etc. L’environnement gêne dans un journal vendu aux intérêts financiers. Plus que jamais avec la crise de la presse, LE MONDE dépend des recettes publicitaires. La prise de contrôle par MM. Bergé, Niel et Pigasse en 2010 n’avait fait que renforcer ce processus. La parole des écologistes est captive d’un système marchand qui n’a pas encore compris que l’écologie sera la pensée dominante du XXIème siècle.
2014-2022 : Rien n’a changé fondamentalement dans le journal « de référence ». Les crises multiples étouffent toute perception claire de la crise écologique qui va portant dans les années prochaines approfondir gravement les crises socio-économiques. Car, comme le disait un jour Stéphane Foucart devant un parterre de journalistes environnementaux : « LE MONDE est un quotidien : par définition le long terme ne vaut donc rien par rapport au court terme. »
Lire, Notre blog, c’était un regard critique sur le monde.fr
Un journal ne peut exister que s’il a des lecteurs. Rien ne vous oblige à faire vivre ce journal.
Surtout si c’est pour lire de la m… Si personne ne lit LE MONDE, ses financeurs, Etat compris, lui couperont les vivres sans aucun état d’âme. Pour ceux qui ne le verrait pas comme ça, il leur restera toujours TF1, BFM et Compagnie.
Ben oui, qu’est-ce que vous voulez, et en plus vous l’avez très bien compris.
Le Monde se doit bien… il nous le doit bien, parce que nous le valons bien etc. de bien remplir la page Planète. Et pour ça tout est bon, tout et n’importe quoi, même des pubs pour les dernières innovations vertes à la con.
– Comment s’habiller sans détruire le climat et la biodiversité ?
Voilà une très bonne question, qui pourrait lancer un formidable débat national, voire une Convention Citoyenne sur la question. Col roulé, style Lemaire ou style Manu, doudoune style Borne ou style TEX à 9,99€ chez Carrouf, charentaises, caleçons, slips en fourrure de sanglier, tout est bon pour nous abuser et nous amuser en attendant !