Le choix, décroissance maîtrisée… ou subie

La décroissance ne divise pas les écolos puisqu’elle est inéluctable. Sauf que certains écolos ne s’en aperçoivent pas encore et que les croisssancistes se bercent encore d’illusions.

Yannick Jadot estime que la décroissance est un « mot obus » qui sert à susciter le débat mais ne peut être un objectif politique. C’est forcément perçu comme la baisse du PIB et la récession.

David Cormand prône certes de « sortir du culte de la croissance », mais le mot « décroissance » n’est pas utilisé.

Sandrine Rousseau : « Ce que je cherche, c’est la sortie de la société de consommation. »

Delphine Batho pense que la décroissance est le seul mot d’ordre « efficace et pertinent » dans une situation d’« effondrement ». : « La réduction volontaire de la consommation d’énergie et de matière première organisée et décidée démocratiquement est la seule issue de secours. La croissance sobre n’existe pas. Le gouvernement subit des événements qu’il n’a pas anticipé.

David Belliard dresse le même constat : la modération ne paie pas. Jadis proche du réformisme de Yannick Jadot, il fait son autocritique. « Je pensais, il y a un an et demi, que notre ligne était plutôt d’acquérir la crédibilité nécessaire, je rejetais le positionnement de la radicalité. En fait, je constate que peut-être l’attente vis-à-vis des écologistes, c’est qu’on aille plus loin, plus fort et qu’on le dise, assure-t-il aujourd’hui. Si nous ne proposons pas une offre politique radicale et démocratiquement consentie, nous opposerons une offre trop faible par rapport à celle en face : l’extrême droite identitaire. »

Exemples de commentaire critique sur lemonde.fr :

– Rumi : « Quand les écolos plaident pour la décroissance je me réjouis. A condition que cette décroissance soit la leur. »

– NC : « Notre modèle économique est basé sur la croissance et aucun modèle alternatif n’existe dans le monde. Une fois les slogans et les discours passés, nos chers écologistes sont priés de décrire le nouveau modèle dans tous ses mécanismes et dans toutes ses contraintes.»

Le point de vue des écologistes

Michel SOURROUILLE : Beaucoup de commentateurs semblent ignorer que la décroissance surgit périodiquement dans le système libéral de marché, sauf que cela s’appelle crise économique, récession ou même parfois dépression et des experts disent « croissance négative » ! Le PIB chute, et parfois dans des proportions énormes comme l’a prouvé la grande crise (financière) de 1929. Or les chocs pétroliers de 1973 et 1979 ne sont qu’un avant-goût de ce qui nous attend, un croissancisme à la merci de l’épuisement des ressources naturelles et du réchauffement climatique. Quand on s’apercevra que le pétrole viendra à manquer irrémédiablement, ce sera la grande chute du PIB, la crise ultime. Les décroissants nous disent simplement qu’il vaut mieux maîtriser la décroissance économique que la subir.

DomTom : Croissance et PIB sont 2 courbes parallèles depuis trop longtemps. La seule voix possible est la décroissance car inéluctable dans un monde fini. Cela dit, soit on s’y prépare, soit on l’a subi…

Eric.Jean : La décroissance n’est pas un projet, c’est l’issue naturelle de tout système en croissance dans un environnement fini. Et bien sûr quelle concernera aussi la population mondiale. Or c’est aussi inévitable que politiquement invendable. C’est aujourd’hui encore un non sujet politique, on subira donc la décroissance.

Taz : Tout le monde n’a visiblement pas compris qu’il n’y aura plus jamais de croissance car elle reposait sur une utilisation croissante d’énergies fossiles. Bref, on a le choix entre la récession et la décroissance. Et ce indépendamment de toute considération écologique (comprendre maintenir l’habitabilité de la planète).

Stefano Bartolini : D’après la vision consacrée de la croissance, les biens qui sont des biens de luxe pour une génération sont des biens standard pour la génération suivante, puis des biens de première nécessité pour la troisième génération (électroménagers, voiture, voyages…). La face obscure est celle des biens gratuits pour une génération devenant des biens rares et coûteux pour la génération suivante, puis des biens de luxe pour celle d’après : le silence, l’air pur, l’eau non polluée, des quartiers sans criminalité…L’économie marchande possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres ; la croissance économique réduit en conséquence la disponibilité des biens libres. Personne ne nous vend l’amitié, l’air qu’on respire et une ville sans criminalité. Pour le croissancisme, la piscine remplace la rivière polluée, le téléviseur et Internet nous protègent d’une ville trop dangereuse, la baby-sitter nous remplace auprès des enfants. En d’autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l’augmentation du PIB. La dégradation favorise la croissance, qui favorise la dégradation. Un processus de substitution sans fin… jusqu’à l’effondrement !

Sigi Dijkstra : La seule décroissance qui m’intéresse c’est celle de la population de la Terre.

Michel SOURROUILLE @ Sigi Dijkstra : Décroissance économique et décroissance démographique doivent aller de pair. Sinon c’est marcher sur une seule jambe. Ce n’est pas parce que les écologistes institutionnels (Jadot, Duflot, Bayou, …) veulent ignorer la question démographique que l’on doit ignorer la variable économique. Pour s’y retrouver, mon dernier livre vient de paraître :

Alerte surpopulation – Le combat de Démographie Responsable

Tu peux commander ce livre, 216 pages pour 17 euros

https://www.edilivre.com/alerte-surpopulation-michel-sourrouille.html/

8 réflexions sur “Le choix, décroissance maîtrisée… ou subie”

  1. Les ethnologues Papous venus étudier la vie des peuples du nord de l’Italie à Milan avaient discerné une religion très exigeante dont la pratique supposait que tout le monde se levait le matin, et se rendait dans les lieux de culte de la Production, pour une journée entière d’exercices de piété, avant de retourner dans leurs cellules austères où ils se restauraient pour la prochaine journée. Mode de vie infiniment éloigné de celui du peuple Papou où on ne travaille que pour créer les moyens du plaisir, belles choses, bonne nourriture, musique et fête.
    (Umberto Eco, Pastiches et Postiches).

    1. Michel C du Parti d'en rire

      Ne seriez-vous pas là, mon cher Pierre, en train de nous faire l’éloge de la paresse, et/ou de revendiquer le droit à la paresse… des fois et par hasard ?
      Si tel est le cas, attention ! Sur ce blog il y en a qui ont horreur des fainéants.
      Et des étrangers, Papous et autres, ethnologues, sociologues etc. j’vous dis pas !
      Vous diront même que yaka tous les tuer à la naissance .

      La modération de ce blog biosphere avoue qu’elle est souvent dépassée par le nombre de commentaires hors sujet, et/ou simple algarade interpersonnelle, illustration de fantasmes anti-immigrés et autres dérives idéologiques ou rhétoriques. Le choix de mettre ou non à la corbeille devient de plus en plus difficile. La gestion de ce blog se fait uniquement pr des bénévoles.
      Rappelons quelques règles essentielles aux commentateurs. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d’expression (pas de diffamation, pas d’injure, pas de propos discriminatoires…) et toute contribution que la modération de ce blog estimera contraire à la bonne tenue du débat sera délistée. La modération jusqu’à présent se fait en effet a posteriori.

      1. PARTI D'EN RIRE

        Je suis dépassé ! Je suis fatigué, je n’en peux plus, trop c’est trop !
        C’est ce que je disais, moi aussi, à mon chef quand il venait m’emm…. euh, me foutre la pression en me racontant la sienne. Mais ça c’était du temps où je n’étais encore devenu un gros et vieux fainéant. Comme je lui disais aussi, la pression faut pas se la mettre, faut pas se la laisser mettre, la pression il faut la boire. Ben oui, sinon voyez où ça nous mène.

        La modération de ce blog biosphere avoue qu’elle est souvent dépassée par le nombre de commentaires hors sujet, et/ou simple algarade interpersonnelle, illustration de fantasmes anti-immigrés et autres dérives idéologiques ou rhétoriques. Le choix de mettre ou non à la corbeille devient de plus en plus difficile… et la gestion de ce blog se fait uniquement par des bénévoles.
        Rappelons quelques règles essentielles aux commentateurs. Les contributions doivent respecter les limites de la liberté d’expression (pas de diffamation, pas d’injure, pas de propos discriminatoires…) et toute contribution que la modération de ce blog estimera contraire à la bonne tenue du débat sera délistée. La modération jusqu’à présent se fait en effet a posteriori.

  2. Esprit critique

    – « Je pensais, il y a un an et demi, que notre ligne était plutôt d’acquérir la crédibilité nécessaire, je rejetais le positionnement de la radicalité. En fait, je constate que peut-être l’attente vis-à-vis des écologistes, c’est qu’on aille plus loin [etc.] »
    Le constat que dresse David Belliard est lui aussi intéressant. Je note que les idées évoluent… que ce qu’il lui semblait il y a peu, ne lui semble plus aujourd’hui… je note que la crédibilité semble être aujourd’hui (plus que jamais ?) le gros problème d’EELV. Et par conséquent le nôtre également. Qu’aurions-nous à gagner avec cette extrême droite identitaire, avec ces idées pourries ?

    1. En fait ce problème de crédibilité ne concerne évidemment pas qu’EELV. Et je dis que c’est déjà bien qu’EELV en soit conscient. Ce qui hélas ne semble pas être le cas de tout le monde. Chez EELV comme ailleurs. En plus d’une bonne dose de lucidité, la crédibilité nécessite un minimum de cohérence. Et surtout d’honnêteté. Sinon cette crédibilité risque de sombrer elle-aussi sous les coups de la novlangue. Et à ce moment-là, tout et n’importe quoi pourra être jugé crédible par n’importe quel crétin. Un minimum de lucidité devrait déjà nous permettre de voir que nous en avons déjà pris le chemin.

  3. La réponse de Michel SOURROUILLE @ Sigi Dijkstra est intéressante. Si ce n’est marrante.
    Ben oui, si c’est juste pour donner à Sigi Dijkstra l’envie d’acheter ce bouquin, alors je trouve ça marrant. Désolé, je suis né comme ça.
    Plus sérieusement, quoique, bien sûr que l’idéal c’est de pouvoir marcher ou courir sur ses deux papattes. Voyez comme ils sont ridicules, nos écologistes institutionnels (Jadot, Duflot, Bayou, …) qui veulent ignorer la question démographique (sic). De mon point de vue… déjà qu’ils se traînent lamentablement, ils n’ont pas besoin de ça pour être ridicules.
    Par contre, chez Démographie Responsable, là c’est autre chose. Là ça tient la route, là on marche droit, et sur ses deux jambes ! Sauf qu’il y en a une qui est en bois, et qu’elle est surtout là pour faire joli. 🙂

  4. Esprit critique

    Au lieu de penser le mot «décroissance» comme un gros mot, comme trop percutant, et de s’appliquer donc à ne pas l’utiliser, afin d’éviter de froisser les oreilles, d’ânes… les zécolos politiques, et les autres… devraient au contraire passer leur temps à nous l’expliquer.
    Autrement dit, à nous la «vendre», nous la faire désirer… la décroissance !
    Ce qui, déjà, les changerait de leurs principales occupations actuelles.
    Ce qui, peut-être, leur permettrait d’obtenir cette crédibilité qui leur fait tant défaut.

    1. Pendant que nos zécolos politiques se ridiculisent avec leurs histoires et autres secrets d’alcôves, Macron et Compagnie (Le Système) nous amusent et nous abusent en tordant les mots. Peaufinant ainsi lentement mais sûrement la novlangue. Après l’Essentiel, ces marchands de salades sont maintenant en train de nous vendre la Sobriété. Et demain leur Décroissance… leur Pravda !
      Imaginez Manu et Brigitte sur le jet-ski, ou dans leur jet privé… avec le col roulé.
      Continuons comme ça, à faire les fines gueules, à refuser de nommer un chat un chat, à nous vautrer comme des porcs dans l’hypocrisie et l’indécence.
      Et demain l’indécence sera le Grand Style, la norme, le mensonge sera la vérité, la guerre sera la paix, etc. etc.

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