La Terre est notre « maison commune ». Chaque être humain devrait en prendre soin. Mais NKM et AJ, ministre de l’écologie et ministre des affaires étrangères, se mettent à deux pour nier les évidences : la France ne fait rien et ne fera rien pour baisser nos émissions de gaz à effet de serre. Ces ministres sont pourtant explicitement conscients d’une situation alarmante : « Les efforts des Etats ne permettront pas de limiter à deux degrés d’ici la fin du siècle la hausse de la température moyenne de la planète. L’Agence internationale de l’énergie prévoit une élévation de la température de l’ordre de trois degrés, pouvant aller jusqu’à six degrés. Ce sont des populations déplacées par des catastrophes climatiques dans des proportions imprévisibles. C’est une menace pour la sécurité alimentaire de millions de personnes. »* Alors ? Rappelons qu’en 2000, le gouvernement Jospin avait présenté un programme de lutte contre le changement climatique qui avait rapidement sombré tandis que Fabius supprimait la vignette automobile, un impôt progressif qui instaurait un malus. Que fait la droite actuellement au pouvoir en France depuis 2002 ?
Rappelons qu’un plan climat devait être présenté avant le 14 juillet 2004 avec l’objectif de diviser par 4 (pour les pays industrialisés) les émissions de GES avant 2050 (dixit Raffarin en février 2003). Cela aurait représenté une réduction annuelle de 3 % de nos émissions de gaz à effet de serre. Objectif tombé aux oubliettes ! Entre 1990 et 2007, nos émissions de CO2 d’origine fossile par habitant se sont juste stabilisées. N’oublions pas qu’à peine élu, Sarkozy mettait en charge de l’écologie Alain Juppé, numéro 2 du gouvernement, qui obtenait un périmètre ministériel considérablement élargi, énergie, transports, aménagement du territoire… N’oublions pas que Nathalie Kosciusko-Morizet a été secrétaire d’Etat à l’écologie et maintenant ministre de l’écologie. Qu’ont fait ces ministres alors qu’ils avaient le pouvoir ? Rien ! Et ils osent affirmer aujourd’hui que « la France mène de véritables politiques de lutte contre le réchauffement climatique »… Qu’attendent ces ministres pour condamner la politique de Sarkozy : abandon des promesses du Grenelle, satisfactions données aux lobbies carbonifères, fausse promesse d’une taxe carbone, l’écologie ça commence à bien faire, etc. ?
NKM et Juppé citent le président des Maldives : « On ne négocie pas avec la Nature. » Mais les politiques n’en ont pas encore conscience, ils croient encore qu’il suffit de négocier à Copenhague, Cancun ou Durban le fait qu’on ne fera aucun effort… puisqu’on ne veut pas en faire chez soi.
* LE MONDE du 8 décembre 2011, Il faut éviter un échec à la conférence de Durban
Avec Coordination Sud, le bilan de Durban
Durban, le lundi 12 décembre 2011. La 17ème Conférence des Parties sur les changements climatiques se solde par un consensus autour du plus petit dénominateur commun. Le « Paquet de Durban » ne répond pas aux dernières alertes scientifiques sur les tendances du réchauffement climatique.
Dans le meilleur des scénarios, un accord mondial sur le climat n’entrera en vigueur qu’à partir de 2020, sans certitude sur son caractère juridiquement contraignant.
1. Financements
Très attendu par les pays en développement, le Fonds vert est enfin opérationnalisé. Mais il reste une coquille vide. Rien n’a été précisé sur les sources qui vont l’alimenter. En particulier, aucune référence aux financements innovants (taxation sur les transactions financières et taxation des émissions de transports aériens et maritimes) n’est faite dans les textes de Durban.
2. Agriculture
Les modalités de discussions sur l’agriculture sont reportées à l’année prochaine.
3. Forêts
Le mécanisme de réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts (dit « REDD+) ne garantit pas que REDD+ devienne un outil au service du développement dans les pays du Sud , sans compter que les sources de financement à long terme du mécanisme ne sont toujours pas identifiées.
4. Adaptation
L’adaptation est l’un des sujets qui ont le plus avancé à Durban. La COP17 opérationnalise le Comité pour l’adaptation décidé en 2010, en précisant son rôle et sa composition en tenant compte des principes d’équité et de représentativité. Mais tous ces efforts d’adaptation au changement climatique seront vains sans augmentation de l’ambition des pays en termes d’atténuation des émissions et sans financements adéquats.
http://www.coordinationsud.org
De la part d’un correspondant :
« Le changement climatique est une immense calamité qui faisait jusqu’en 2010 environ 300 000 victimes par an et nous n’en sommes qu’au début… 2011 bat déjà tous les records précédemment établis. Les sécheresses extrêmes causant la famine de millions de gens dans la corne de l’Afrique en sont un triste exemple.
Mais un malheur n’arrive jamais seul. Se profile à l’horizon l’acidification des océans et en conséquence la destruction programmée de la faune marine . Cette destruction a déjà commencé, avec entre autre la raréfaction du krill, une petite crevette des eaux froides, un maillon essentiel de la chaîne alimentaire au sud et au nord de notre planète.
Puis arrive la fonte du permafrost qui renferme d’énormes quantités de méthane, un gaz à effet de serre au pouvoir de réchauffement 25 fois supérieur à celui du CO2.
Enfin il faut savoir que les océans et la biomasse, qui nous servent de « poubelles » à CO2 en plus de l’ atmosphère, vont être rapidement saturées et risquent de se transformer en source de carbone. Un océan plus chaud dissout moins de carbone et sa stratification couplée à son acidification font que ce carbone est moins bien recyclé avec à la clé le relâchement programmé d’immenses quantités de CO2 dans l’atmosphère. Pour la biomasse, les nouvelles de ce coté ci ne sont pas bonnes non plus. Un seul exemple, les millions d’hectares de forêts qui se meurent dans le Montana, victimes d’un insecte ravageur qui résiste aux températures à présent plus clémentes. C’est autant de puits de carbone qui disparaissent laissant la place à de futurs déserts. »
De la part d’un correspondant :
« Tout récemment ma femme, prof de physique, discutait avec une collègue, la directrice et une mère d’élèves qui évoquaient ce mois de novembre particulièrement chaud et sans précédent dans les annales météo. Ma femme leur expliqua qu’à l’époque de Cro-Magnon, une croûte de glace d’environ 1 km d’épaisseur recouvrait la moitié de la France et que la température moyenne à la surface du globe à cette époque était de +12°C soit 3°C seulement inférieure à celle d’aujourd’hui. Elles n’en crurent pas leurs oreilles…. Cette information eut l’effet d’un électrochoc car ces personnes venaient de prendre conscience de ce que signifiait 2 ou 3°C de plus !
Il y a trop de lacunes dans les connaissances de la population quelque soient leurs opinions politiques ou leur rang dans la société. Combien de gens confondent encore ce problème avec celui de la couche d’ozone pour ne citer qu’un exemple parmi 1000 ?
La trajectoire actuelle des émissions mondiales de gaz à effet de serre conduit vers un réchauffement compris entre 2,5 et 5 0C, prévient le PNUE. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) a elle aussi mis en garde contre le risque d’une hausse des températures de 6 0C, si les gouvernements ne redressent pas le cap avant 2017. Un échec à Durban pourrait sonner le glas du protocole de Kyoto, seul traité juridiquement contraignant sur le climat, dont la première période d’engagement s’achève fin 2012. D’ailleurs Kyoto ne s’applique ni aux Etats-Unis, qui ne l’ont jamais ratifié, ni aux grands émergents comme la Chine, l’Inde ou le Brésil.
Le projet de texte évoque un « cadre légal applicable à tous » après 2020. Il suscite toujours de vives réactions des Etats insulaires, des pays en développement et de l’Union européenne. L’UE voudrait que soit au moins pris acte, à Durban, du « fossé »existant avec l’engagement pris à Copenhague de « réduire les émissions de gaz à effet de serre de façon à contenir la hausse moyenne des températures en dessous des 2 0C ». Les Etats-Unis s’y refusent.
Les actions annoncées par les différents pays pour limiter ou réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) est également au cœur des débats. Pour l’heure, elles sont loin de répondre à l’objectif, affiché à Copenhague en 2009 et réaffirmée à Cancun l’an dernier, de limiter à 2 °C la hausse de la température du globe.
Cette conférence montre que la méfiance est à son comble : entre les riches et les pauvres, entre l’UE et les BRICS [groupe des pays émergents qui regroupe le Brésil, l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine], entre les Africains et l’UE, entre toutes les parties. Les négociateurs sont déconnectés du monde. Ils ignorent ce qui se passe dehors, la récurrence des sécheresses, les inondations, les tempêtes extrêmes. Attendre après 2020 est irresponsable.