Achetez français, achetez local

Il y a à peine dix ans, la Chine a accédé au statut de membre à part entière de l’OMC, le 11 décembre 2001*. Comme le nombre fait la force, la Chine est devenu l’atelier du monde. Tout bénéf pour nous, leurs produits sont moins chers. Catastrophique pour notre économie, la France connaît la désindustrialisation et le chômage. Le slogan nationaliste fait donc un retour en force : « Achetez français »**. Car chacun peut se rendre compte que nous avons délocalisé nos industries, nos chercheurs, nos emplois et provoqué pollution et exploitation dans les pays à bas salaires. Ce retour du protectionnisme est déjà utilisé par les firmes multinationales, ainsi cette pub de Coca-Cola***. LE MONDE parle même de tentation cocardière**** et fait un lien avec les slogans de l’extrême droite et le rêve du retour au franc. Le libre-échange est condamné, la démondialisation est en marche.

En fait la relocalisation ne doit pas être simplement conçue dans une optique franco-française ou même européo-centrique. Nous devons tendre le plus possible à l’achat local dans sa communauté proche. La hausse du pétrole et de l’énergie dans les années à venir va s’accompagner nécessairement d’une fragilité grandissante de la grande distribution, ce qui va donner plus de poids à la relocalisation de l’économie. La sécurité des approvisionnements poussera davantage les autorités à encourager l’autonomie en matière de nourriture et de consommation. Le retour au franc n’est qu’un aspect de cette problématique.

De nombreux instruments peuvent en effet inciter les consommateurs à l’achat local : bons d’achat avec réduction, cartes de crédit et de fidélité locales, systèmes de troc et systèmes monétaires locaux… L’argent public ne devrait être attribué qu’aux entreprises locales. Chaque euro et chaque heure utilisée pour attirer et retenir une entreprise extérieure sont perdus pour la cause locale et les avantages qu’elle présente en matière de prospérité. Comme les entreprises locales ont tendance à donner la priorité à la main-d’œuvre, au foncier et aux capitaux locaux ainsi qu’à fournir biens et services pour les marchés eux aussi locaux, c’est décisif pour la stabilité sociale. Un entrepreneur local y réfléchira à deux fois avant de continuer à polluer, ces concitoyens pouvant dénoncer très rapidement ses « externalités négatives ». De plus, du fait que les entreprises locales sont plus enclines à utiliser des matériaux locaux et à vendre sur des marchés locaux, leur activité nécessite moins de transport, consomme moins d’énergie et rejette moins de gaz à effet de serre. Enfin une entreprise locale induit un facteur multiplicateur plus élevé sur le plan économique qu’une entreprise similaire mais délocalisée : les revenus d’une entreprise locale sont distribué sur place, puis une grande partie de cet argent est redistribuée à nouveau au niveau local, etc.

De cette économie relocalisée naîtront des associations entre entreprises vertes et écolo-sceptiques, entre partisans du libéralisme et adversaires de la mondialisation. Là réside la caractéristique la plus séduisante de l’économie locale et sa contribution la plus pérenne : ancrer la culture de l’autonomie territoriale dans un fonctionnement profondément démocratique. C’est l’enjeu de la transition vers des communautés de résilience. Lisez le livre de Rob Hopkins sur la question.

* LE MONDE du 10 décembre 2011, Pékin a bien profité de son adhésion à l’OMC

** LE MONDE du 10 décembre 2011, Acheter français est devenu un geste citoyen

Cet article mélange achat français et « french touch hors des frontières ». C’est incompatible, on ne peut vouloir consommer local et exporter des produits inutiles comme une  tablette tactile, produire local et équiper de chaises françaises les parcs new-yorkais !

*** LE MONDE du 10 décembre 2011, Chez Coca-Cola, nous fabriquons plus de 90 % de nos boissons en France

**** LE MONDE du 10 décembre 2011, La tentation cocardière

5 réflexions sur “Achetez français, achetez local”

  1. Acheter local , oui mais si l’on observe le pouvoir d’achat des ménages français, acheter français n’est pas toujours possible.
    Le cout est souvent plus élevé. Et il est difficile actuellement de lutter contre le dumping chinois.
    Bien que les autres nations protègent leur marché, la france et la zone euro se font mangées de toute part.
    Il est difficile d’être compétéitif de cette manière et d’autant plus si la chine vient en aide, à une zone euro surrendettée. Cela ne se fait pas sans accords commerciaux. La tendance ne semble pas prete de s’inverser.
    Mais quand c’est possible, oui, mieux vaux acheter local, pour préserver une économie.

  2. Acheter local , oui mais si l’on observe le pouvoir d’achat des ménages français, acheter français n’est pas toujours possible.
    Le cout est souvent plus élevé. Et il est difficile actuellement de lutter contre le dumping chinois.
    Bien que les autres nations protègent leur marché, la france et la zone euro se font mangées de toute part.
    Il est difficile d’être compétéitif de cette manière et d’autant plus si la chine vient en aide, à une zone euro surrendettée. Cela ne se fait pas sans accords commerciaux. La tendance ne semble pas prete de s’inverser.
    Mais quand c’est possible, oui, mieux vaux acheter local, pour préserver une économie.

  3. Sur le monde.fr, quelques commentateurs / « acheter français » :
    – Je me contente d’acheter (rarement) de nouvelles chaussures ; je les fais ressemeler tant faire se peut par le cordonnier du coin à qui cela donne du travail.

    – Pas acheté de vêtement depuis quinze ou vingt ans, sauf de temps en temps d’occasion. J’ai très peu de vêtements désormais, tous anciens et coûteux : cinq ou six paires de Paraboot, pulls laine Armor Lux ou St Jamès… J’entretiens, je cire, je répare.

    – On peut supprimer les fruits et légumes quand c’est l’hiver en France. Refuser d’utiliser le pétrole (pourquoi se chauffer, se déplacer ?) et ses dérivés (plastiques, nylon…), bannir le whisky, la vodka, etc. Renoncer au parmesan, à la mozzarella, au chocolat, au thé, au café. Ne voir que des séries ou films français, n’écouter que de la musique française, ne pas lire de livres traduits. Rejeter ordinateurs, téléphones, appareils photos… Facile !

    – En tant que titulaire d’une retraite par répartition il est de mon devoir de faire le maximum pour réinjecter l’argent dans le « circuit » qui me le procure. Cela permet de lutter contre le chômage chez nous.

  4. Sur le monde.fr, quelques commentateurs / « acheter français » :
    – Je me contente d’acheter (rarement) de nouvelles chaussures ; je les fais ressemeler tant faire se peut par le cordonnier du coin à qui cela donne du travail.

    – Pas acheté de vêtement depuis quinze ou vingt ans, sauf de temps en temps d’occasion. J’ai très peu de vêtements désormais, tous anciens et coûteux : cinq ou six paires de Paraboot, pulls laine Armor Lux ou St Jamès… J’entretiens, je cire, je répare.

    – On peut supprimer les fruits et légumes quand c’est l’hiver en France. Refuser d’utiliser le pétrole (pourquoi se chauffer, se déplacer ?) et ses dérivés (plastiques, nylon…), bannir le whisky, la vodka, etc. Renoncer au parmesan, à la mozzarella, au chocolat, au thé, au café. Ne voir que des séries ou films français, n’écouter que de la musique française, ne pas lire de livres traduits. Rejeter ordinateurs, téléphones, appareils photos… Facile !

    – En tant que titulaire d’une retraite par répartition il est de mon devoir de faire le maximum pour réinjecter l’argent dans le « circuit » qui me le procure. Cela permet de lutter contre le chômage chez nous.

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