La politique contemporaine est devenue un art de la violence, une jungle où tous les coups sont permis*, où le succès passe par le meurtre symbolique de son partenaire/adversaire, du plus haut niveau (Giscard/Chirac, Mitterrand/ Rocard, Sarkozy/Villepin) à la bataille sordide pour un siège de conseiller régional ou de maire. Ces trahisons et ces haines découlent principalement de l’absence d’enjeu idéologique, les idées de droite ressemblent à celles de la gauche et réciproquement. Comment distinguer Hollande de Sarkozy, Sarkozy de Strauss-Kahn, Aubry de Copé, Bayrou de Villepin et Ségolène d’Hollande ? Ce n’est plus autour des idées, mais autour d’un clan ou d’un homme qu’on part au combat.
Dans ce contexte de personnages à contours flous, la logique de l’organisation prime la logique des idées. Le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. On devient un professionnel de la politique et les dirigeants du parti adoptent un comportement de plus en plus autocratiques. Même chez les Verts, parti autrefois bouillonnant d’idée mais en panne de leader, on laisse aujourd’hui les rênes à des personnes comme Jean-Vincent Placé, un carriériste, pur professionnel de la politique qui n’a jamais travaillé. C’est lui qui a négocié avec le PS un groupe parlementaire au sénat (où il s’est « placé » en pôle position) comme au prochain parlement. Mais Jean-Vincent Placé ne parle jamais d’écologie, même quand il est interrogé pendant deux heures par LE MONDE**.
Jean-Vincent Placé est significatif du développement d’un parti. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement un processus de bureaucratisation. L’organisation permanente, de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique et militant est donc une nécessité absolue. Le débat d’idées permet de ne pas être étouffé par les impératifs de l’organisation. Alors que la gauche est marquée comme la droite au fer rouge du productivisme, EELV (Europe Ecologie-Les Verts) a la chance de pouvoir bénéficier d’un axe idéologique précis scientifiquement fondé : nous avons dépassé les limites de la planète (empreinte écologique…). Le rôle de l’écologie politique, du parti et de ses militants est de déterminer les décisions à prendre qui découlent de ce fait. Les dirigeants doivent être au service de ce débat d’idées, pas de leur ambition personnelle.
* LE MONDE du 15 décembre 2011, Livre du jour : Tous les coups sont permis de Renaud Lévy et Henri Vernet
** LE MONDE du 8 décembre 2011, Jean-Vincent Placé, un requin chez les écologistes
Malherureusement, leur ambition personnelle a bien plus de valeurs à leurs yeux. il n’y a pas de morale en politique. L’essentiel est avant tout de parvenir à ses fins, peu importe la manière. Ils n’agissent pas avec leur coeur.
Malherureusement, leur ambition personnelle a bien plus de valeurs à leurs yeux. il n’y a pas de morale en politique. L’essentiel est avant tout de parvenir à ses fins, peu importe la manière. Ils n’agissent pas avec leur coeur.