effondrement de l’euro et système d’échange local

Script de la mini BD du MONDE*, les indégivrables :

« L’argent, c’est pourri ! Faut revenir à l’échange de services, genre je répare ta machine et tu repeins mon garage »

« Ou : tu m’échanges ta voiture contre mon robot de cuisine »

« Attends : ça ne vaut pas, ça ! Faut une grille de valeurs »

« Oui : ça s’appelle l’argent »

Cette BD est dans l’air du temps. De nouvelles monnaies créent une nouveau type d’échange communautaire. Ce phénomène se développe particulièrement en temps de crise finanicère, il a déjà donné naissance aux Lets (Local Exchange Tip System) canadien et au SEL français (Système d’échange local). Plusieurs sites comme SEL’idaire ou CyberSel propagent cette expérimentation. LE MONDE** a déjà réalisé un article sur la question : « Conjunto Palmeiras était un bidonville misérable du Brésil, sans eau ni électricité ni transports. Nous avons découvert un jour une chose importante : nous restions pauvres non seulement parce que nous avions peu d’argent, mais surtout parce que nous le dépensions en dehors de la favela. Il fallait dont autant que possible produire et consommer sur place. Et créer un instrument sur mesure, une banque communautaire. C’est ainsi que nous avons fondé en 1998 la banque Palmas, avec pour objectif de relocaliser l’économie, de générer de la richesse sur place, au moyen d’une monnaie sociale, le palmas, qui n’est utilisable que dans le quartier : 93 % des achats des ménages sont aujourd’hui effectués à l’intérieur du quartier. En dix ans, directement ou non, 1800 emplois ont été créés grâce à la banque locale. »

Cette BD se centre sur l’argent alors que ce n’est pas l’essentiel. Une banque éthique n’est pas faite pour gagner de l’argent, uniquement pour faciliter les transactions. Par principe, une monnaie alternative ne rapporte par d’intérêts : le temps ne rapporte rien. Reste le problème de la « grille de valeurs ». Or un service correspond à une durée de travail ; le temps est la seule référence concrète. Nous avons donc besoin de banques de temps : les services ou savoirs sont exprimés en unités de temps (Time Dollar aux USA, Banca del Tempo en Italie). L’unité de compte peut alors être libellée en heures et minutes. Se pose le problème de l’équivalence entre heures de travail : une heure pour tailler un haie est-elle l’équivalent d’une heure pour une leçon de piano ? Si nous étions logique, le temps d’une personne est bien toujours l’équivalent du temps d’une autre personne, quel que soit le service qu’il propose. Il suffit pour être équitable de décompter le temps passé à repeindre ton garage pendant que tu répares ma machine. Quant aux biens, comme ils incorporent aussi un certain nombre d’heures de travail, la référence reste la même que pour les services : money is time.

* LE MONDE du 14 décembre 2011, dessins de Zavier Gorce

** LE MONDE du 26 mai 2010, analyse de Joaquim Melo