Cette autobiographie de Michel SOURROUILLE, « Fragments de vie, fragment de Terre (Mémoires d’un écolo) », sera éditée chaque jour par épisode tout au cours des mois de juillet et août sur ce blog biosphere.
Le féminisme enseigné en cours
A partir de 1975-76, ma vie professionnelle de professeur de sciences économiques et sociales (SES) va me permettre de mettre en application mes convictions et de faire cours sur le féminisme. Avec les élèves de seconde, nous nous interrogeons sur la notion d’actif/inactif. La notion officielle de l’activité fait que la femme au foyer n’est pas comptée dans le PIB. Je raconte la blague du médecin qui épouse sa femme de ménage… ce qui fait que le PIB diminue ! J’organise un débat genre « les femmes doivent-elles rester à la maison ? ». J’interroge les élèves : « Que connaissez-vous comme métier spécifiquement masculin… ou féminin. » On m’a sorti un jour « ouvrir les huîtres, masculin ». Pour faire plus sérieux, nous analysons des statistiques sur le double travail des femmes ou les taux d’activité comparés masculin/féminin, nous commentons des dessins mettant en image le machisme ambiant. On étudiait un texte de Simone de Beauvoir (Le deuxième sexe – 1949) dans lequel se trouvait ma phrase fétiche « On ne naît pas femme, on le devient ». Une autre manière de montrer que tout est culturel, issu d’une socialisation, y compris bien sûr les conceptions des inégalités.
Je raconte que la nature de la femme ne dit rien de son statut par rapport à l’homme : le comportement humain est déterminé par un conditionnement culturel. Il n’y a pas d’éternel féminin, il y a des cultures diverses qui produisent telle ou telle image de la femme. Les parents sont les premiers responsables d’une différenciation des rôles injustement fondée sur une différence biologique. Les jouets offerts varient selon le sexe de l’enfant, l’activité qu’on propose aux jeunes varie selon leur genre, et même la manière de s’adresser au bébé. On a filmé des adultes au moment où – penchés au-dessus d’un berceau – ils tendent une poupée à un bébé de quelques jours. Ils approchent leur visage très près de bébé-fille, sourient, vocalisent, agitent le poupon jusqu’à toucher le visage de l’enfant, bref ils chargent ce jouet d’une affectivité chaleureuse. Pour le bébé garçon, la poupée est tendue en silence, à bout de bras, sans regarder l’enfant. Parfois même le jouet tombe tellement il est mal tenu, et les femmes plus encore que les hommes différencient leur comportement selon le sexe du bébé. L’égalité des sexes progresse dans les jeunes esprits de mes élèves… un tout petit peu ! L’enseignement ne peut pas grand chose contre les stéréotypes inculqués par la socialisation primaire.
Je perfectionne mes propres connaissances en la matière. Dans la détermination du sexe, le rôle du chromosome Y est simple, mais capital : il détermine la masculinité du fœtus. Mais pendant les premières semaines de vie de l’embryon humain, les organes génitaux internes et externes sont indifférenciés entre les individus XX et XY. Les gonades peuvent se transformer en testicules ou en ovaires, les organes génitaux externes à l’origine indifférenciés se transforment soit en pénis et scrotum, soit en clitoris et vulve. La différenciation est minime, ovaires et testicules produisent les deux types d’hormones, androgènes et oestrogènes, d’ailleurs très voisines sur le plan chimique. Seul leur taux relatif dans l’organisme fait basculer les caractères sexuels vers le féminin ou vers le masculin. Oui, on ne naît pas femme, on le devient. Je crois me souvenir que Simone de Beauvoir écrivait que dans son déroulement naturel, un bébé a un comportement androgyne. Le cri primal, le sevrage se déroulent de la même manière. C’est à travers la bouche, les mains et les yeux que les nourrissons des deux sexes appréhendent l’univers. Ils explorent leurs corps avec la même curiosité et la même indifférence, ils ont les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs, ils ont la même jalousie s’il naît un nouvel enfant. Jusqu’à douze ans, la fillette est aussi robuste qu’un garçon du même âge, et les capacités intellectuelles sont similaires tout au cours de la vie. Ce n’est pas la nature qui, pendant des siècles, a empêché les femmes d’aller à l’université, mais des élites masculines qui ne veulent pas partager leurs propres pouvoirs, aidées par des femmes qui ont intériorisé une impuissance factice.
Nous sommes tous androgynes. C’est l’intervention d’autrui dès les premiers moments du nourrisson qui va sexer notre sentiment d’appartenance. L’homme peut être très maternel et la femme très virile, réclamer l’égalité des salaires et les plus hautes fonctions politique tout autant que les rôles militaires les plus dangereux. Je suis féministe. J’ai donc épousé en 1977 une féministe, enfin, quelqu’une que je croyais féministe. Françoise me racontait que le port du pantalon lui était interdit à une époque, je n’en croyais pas mes oreilles. J’ai commencé par pratiquer le monde des échecs, faisant en tant que parent des animations dans l’école Freinet où allait son fils, Frédéric. Je savais que l’homme et la femme font preuve des même capacités cérébrales quand on ne les a pas étouffées. Mais la FFE (Fédération française des échecs) organisaient des compétitions de jeunes séparées selon les sexes, poussins d’un coté, poussines de l’autre, et ainsi de suite. L’égalité des sexes n’est que théorique. Dans la pratique, les gens s’acharnent à ne pas en vouloir. Mon domicile a été en 1979-1980 le siège d’un groupe femme que je laissais se réunir entre elles puisque la libération de la femme sans le poids des hommes leur semblait être une nécessité. Je ne croyais pas que le féminisme soit l’apanage des femmes, mais je voulais faciliter leur prise de parole. Lors de mon divorce, toutes les femmes du groupe femme ont pris partie contre moi ! Je reste toujours féministe. Préjugés et méchancetés n’ont pas de prise sur ma capacité de raisonner.
Plus tard dans les années 2000, j’accéderais à un niveau de compréhension supérieur, estimant qu’il y a en principe égalité entre tous les êtres vivants. Je quittais l’anthropocentrisme pour adopter le biocentrisme. L’espèce humaine n’est qu’un maillon de la chaîne du vivant, nous n’avons pas à dominer les femmes ou la nature, nous devons nous soucier de tout ce qui n’est pas « nous ». Tous les êtres vivants ont des droits égaux à l’existence dans le cadre des équilibres biologiques. Le respect des animaux par l’homme est inséparable du respect des hommes entre eux, du respect des femmes par les hommes, du respect des différentes minorités visibles. D’une manière ou d’une autre, une société biocide qui tue à outrance et combat à coup de pesticides les insectes, les champignons (fongicides) et les « mauvaises » herbes (herbicides), les escargots, les « nuisibles » et même les vers de terre, s’en prend à elle-même.
Nous devrions renoncer au spécisme. Ce mot vient de l’anglais speciesism, introduit en 1970 par Ryder par analogie avec racisme et sexisme : le spécisme est une discrimination selon l’espèce. Il n’y a pas là de dérapage antihumaniste, seulement la volonté d’élargir notre humanisme anthropocentré à l’ensemble de notre Biosphère. Nous aurions beaucoup à y gagner, à commencer par l’acquisition du sens des limites : notre goût de la domination ne devrait pas conduire à la mise en esclavage de tout ce qui n’est pas humain. (à suivre, demain)
Si tu ne veux pas attendre demain, à toi de choisir ton chapitre :
Mémoires d’un écolo, Michel SOURROUILLE
01. Un préalable à l’action, se libérer de la religion
02. Une pensée en formation, avec des hauts et des bas
03. En faculté de sciences économiques et sociales, bof !
04. Premiers contacts avec l’écologie
05. Je deviens objecteur de conscience
06. Educateur, un rite de passage obligé
07. Insoumis… puis militaire !
08. Je deviens professeur de sciences économiques et sociales
09. Du féminisme à l’antispécisme
10. Avoir ou ne pas avoir des enfants
11. Le trou ludique dans mon emploi du temps, les échecs
12. Ma tentative d’écologiser la politique
13. L’écologie passe aussi par l’électronique
14. Mon engagement associatif au service de la nature
15. Mon engagement au service d’une communauté de résilience
16. Ma pratique de la simplicité volontaire
17. Objecteur de croissance, le militantisme des temps modernes
18. Techniques douces contre techniques dures
19. Je deviens journaliste pour la nature et l’écologie
21. Ma philosophie : l’écologie profonde
« Ce n’est pas la nature qui, pendant des siècles, a empêché les femmes d’aller à l’université, mais des élites masculines qui ne veulent pas partager leurs propres pouvoirs, aidées par des femmes qui ont intériorisé une impuissance factice »
D’abord, c’est déjà grotesque de sortir des faits de son contexte historique, puisqu’à l’époque soit pendant de nombreux siècles, on n’exploitait pas les énergies fossiles, on n’avait pas d’industries comparables à celles d’aujourd’hui et surtout on n’avait de robots automatisés pour répondre aux besoins essentiels de la population en terme de nourritures, de bien manufacturés et de services, alors il est évident que l’organisation familiale était tout autre à celle d’aujourd’hui ! D’ailleurs pendant de nombreux siècles il y avait aussi très peu d’hommes à l’université, quelques dizaines ou centaines d’élèves pour toute le France contre 3 millions d’étudiants en France aujourd’hui en 2023 !
La quasi totalité des jeunes hommes français de l’époque étaient dans les champs et non pas à l’université comme vous le laissez entendre ! Genre au Moyen âge 100% des hommes étaient à l’université et 100% des femmes dans les champs ? Vous ne pensez pas vous payer la tête du monde ?
Ensuite au 20 et 21 ème siècles les femmes ont accès à l’université, aucun homme ne les empêche d’y accéder ! Pourtant aucun homme ne dicte aux femmes quelle orientation choisir à l’université et que se passe-t-il ? Ben la quasi-totalité des femmes choisissent les cursus universitaires présentant le moins d’intérêt intellectuel et dont les débouchées conduisent aux métiers les moins rémunérateurs ! Les femmes ne choisissent pas les cursus des sciences dures conduisant à des métiers d’ingénieurs, ingénieurs qui permettent de trouver des solutions techniques d’avenir et permettant aussi de devenir chef d’entreprise et capitaine d’industrie !
Bref les femmes se ferment l’accès au pouvoir par elles-mêmes ! Car ce ne sont certainement pas des études de sociologie et des diplômes d’assistantes sociales ou encore de secrétaires médicales qui vont permettre d’accéder à de grandes connaissances, d’avoir un emploi rémunérateur quand ça ne conduit pas directement au chômage chronique car ces femmes sont trop nombreuses à choisir les mêmes diplômes et donc trop nombreuses sur le marché du travail en sollicitant toutes les mêmes postes !
Si on compare à nos jeunes hommes, ils sont plus diversifiés dans leurs choix universitaires, et sont plus pragmatiques car ils regardent les débouchés d’avenir et choisissent les cursus universitaires conduisant aux métiers les plus rémunérateurs ! Mais en tout cas, ce ne sont pas les hommes qui empêchent les femmes d’accéder aux mêmes champs de connaissances qu’eux !
Les femmes choisissent elles-mêmes leurs cursus et pourtant les inégalités subsistent et ce sont elles qui sont la cause de ces inégalités par leurs propres choix ! Au regard de cette situation qui se répète sans que l’homme n’interfère dans le choix des femmes, il s’avère tout de même qu’on ne soit pas tous égaux naturellement pour assimiler des connaissances ? Car des femmes qui procèdent aux mêmes choix que nos hommes restent des cas très isolés et en plus n’aboutissent pas très souvent à des résultats concluants. Par exemple, sur le JT de Tf1, ils avaient montré des rares femmes qui avaient fait des études d’ingénieur qui se sont reconverties en boulangère et autres métiers d’artisanat, quand à d’autres qui ne parvenaient pas au bout de leurs études pour finalement finir caissière de supermarché !
Vous avez beau y faire, mais dans la majorité des cas, concernant les études scientifiques, notamment de physique et d’ingénierie, ça n’intéresse pas les femmes ! Elles sont plus enclin à choisir les sciences humaines (sociologie et psychologie) mais ça ne conduit pas loin sur le marché du travail puisque ça n’apporte rien sur le système de production, alors il n’y a pas de gros salaires à la clef.. et encore moins de pouvoir…
Et voilà, ça va être encore de ma faute si maintenant t’es over-quota.
Et tout ça pourquoi ? 5 patati et patatras pour dire quoi ? Toujours pareil, des conneries. Comme dire que les femmes sont des pleurnicheuses.
Mais ça c’est normal mon pauvre ami, quand c’est un mec qui pleurniche, qui fait son Caliméro (“c’est trop injuste, et patati et patata“) ON ne va quand même pas dire de lui que c’est une pleurnicheuse, si ? Quoique… mais bon.
Eh ben moi je dis que c’est un PLEURNICHEUR !
Et en attendant, tu restes bien sûr le Champion. 🙂 🙂 🙂
Ben oui, elles se plaignent des inégalités qu’elles provoquent elles mêmes donc elles pleurnichent ! Qu’elles arrêtent de se victimiser en faisant porter le chapeau sur les très vilains méchants hommes ! Comme d’habitude, tu ne fais que railler mes commentaires, tu n’argumentes pas ! Alors réponds à ces questions, quand une femme va l’université qui choisit son cursus ? Elle même ou un homme ? Et si c’est un homme dis moi lequel ? Tu as beau dire tout ce que tu veux, leur orientation universitaire et professionnelle, les femmes les choisissent elles mêmes ! Alors qu’elles prennent leurs responsabilité, qu’elles prennent de meilleurs choix pour leur université et avenir au lieu de jacasser contre un patriarcat fantasmatique !
Ben oui, c’est la faute des femmes si tu mélanges tout et n’importe quoi, si tu comprends tout et n’importe quoi de travers, si t’es pas foutu de voir le sens de ce que tu lis, si tu ne sais même pas ce que veulent dire de simples mots comme “argument“, “démonstration“, “preuve“ etc. etc. Ben oui, c’est la faute des femmes si t’es un ignare, une pauvre vieux garçon frustré, si tu dois te taper la vaisselle à la main, sans parler du reste. En attendant c’est pas très gentil pour ta mère.
Eh ben voilà, j’ai tiré les quatre miennes, j’en ai plus dans le chargeur, faut maintenant me laisser un peu de temps pour recharger, ON verra donc la suite demain. Misère misère. 🙂 🙂 🙂 🙂
Comme toujours mes arguments te sont embarrassant alors comme d’habitude tu procèdes à insulter tes interlocuteurs d’imbéciles, d’ignares, et multiples qualificatifs attaquant les personnes de manière plus ou moins enrobée afin de tenter d’échapper à la censure. Évidemment tu ne réponds jamais aux questions posées, car tu es coincés car y répondre c’est avouer que ton interlocuteur ait raison donc tu ne vas pas argumenter et encore moins démontrer par la preuve, mais tu vas railler et brailler ! Mais j’attends toujours que tu me dises qui choisit l’orientation des femmes à l’université ? Puis à cette question d’ailleurs, je devrais ajouter : « Qui rédige son CV et envoie sa candidature pour obtenir un poste quelconque ? A que je sache ce ne sont pas les hommes qui rédigent les CV des femmes et envoient leurs candidatures à ce que je sache ! Les femmes envoient leurs Cv pour les postes qu’elles sollicitent elles-mêmes ! Pas de patriarcat dans l’histoire !
Ah les femmes… Ah que moi aussi je les aime, les gonzesses, les meufs, les poules, les bécasses et j’en passe ! Quand je pense à ce pauvre vieux garçon qui s’en passe… et qui est donc obligé de tout se taper à la main. Les huîtres passe encore, mais alors la vaisselle !
Non, là c’est vraiment trop injuste ! Mon dieu quelle misère.
Quant à notre jeune prof antimilitariste, bouffeur de curés et j’en passe, le voilà donc féministe. Afin de perfectionner ses propres connaissances en la matière (sic) voilà qu’il en épouse une. Du moins une femme qui ressemblait à une féministe. Eh oui, comme pour tout et n’importe quoi, le féminisme c’est comme le Canada-Dry.
Mais pourquoi donc a t-il eu besoin de l’épouser, de se passer la corde au cou, lui qui semble tenir à sa liberté tout autant qu’à la prunelle de ses yeux ?
( à suivre )
Par conformisme peut-être, peu importe. Comme avec Marianne, sa copine préférée (épisode précédent), sa relation avec Françoise n’a pas survécu très longtemps…
Je sais, ça fait mal ! Pour aimer les femmes il faut être un peu masochiste.
Le plus douloureux dans cette histoire, c’est quand toutes les femmes du groupe femme ont pris partie contre lui (sic). Non, là c’est vraiment trop injuste ! C’est à vous Dégoûter des femmes, du moins des féministes.
Mais non, comme tous les Michel le nôtre est un gentleman, au-dessus de toutes ces bassesses, préjugés et méchancetés, il reste féministe. Plus tard dans les années 2000, ayant atteint le niveau de compréhension supérieur (sic) le vieux prof antimilitariste, bouffeur de curés, féministe, masochiste et j’en passe quitte l’anthropocentrisme pour adopter le biocentrisme. Désormais il aimera les champignons et les escargots tout autant que les femmes. Comme moi, quoi. 🙂