Soyons écologues, la plus nuisible des espèces est l’homo prétendument sapiens. Les biologistes peuvent lui discerner sans risque d’être démenti le titre d’espèce invasive, de cancer de la Terre, de parasite en haut de la chaîne alimentaire, de destructeur de la biodiversité, de perturbateur du climat, d’extracteur sans foi ni loi, etc. L’Europe ne peut supporter durablement plus de 130 000 personnes, nous avons dépassé les 740 millions. Pour les écologistes, l’inutilité des humains est manifeste. Un individu préoccupé uniquement par ses voyages touristiques, par le résultat du dernier match de foot, par l’usage de son pouvoir d’achat… est non seulement inutile, il entraîne aussi par ses dépenses une détérioration injustifiée de la planète. Une telle espèce nécessite donc d’urgence une régulation de son nombre pour permettre la résilience retrouvée de l’interdépendance des espèces.
Nicolas Loeuille : « Et sinon, les guêpes, ça sert à quoi ? » Le nom de la bestiole peut changer – moustique, cafard, loup, etc. –, mais la question implique à chaque fois l’idée qu’une espèce doit servir à quelque chose. Le plus simple – et j’avoue prendre parfois cette voie de sortie – est alors de mentionner un effet positif de l’espèce en question. Pollinisation pour les uns, recyclage pour les autres, contrôle des proliférations de cervidés, les possibilités ne manquent pas. Il n’est que de contempler la liste des espèces « nuisibles »; la nouvelle périphrase officielle est devenue « susceptibles d’occasionner des dégâts » : lesdits dégâts concernent toujours l’humain. Parfois, je prends un peu de temps pour expliquer que ce concept d’espèce utile ou nuisible est scientifiquement dépassé. Chaque espèce est prise dans un tissu complexe d’interactions avec les autres (appelé « réseau écologique ») : consommant certaines, ayant des relations positives avec d’autres, entrant en compétition avec d’autres encore. Comme ce tissu varie de lieu en lieu et dans le temps, il n’est pas possible de décréter la nuisibilité, ni même l’utilité d’une espèce de manière générale. La gestion des espèces ne devrait plus s’appuyer sur de tels principes dépassés et utilitaristes, mais au contraire mieux considérer la valeur intrinsèque de la nature.
Le point de vue des écologistes écocentrés
Silers : Dommage que les considérations bassement politiques et électoralistes empêchent les ministres et les préfets (qui prennent les arrêtés de destruction) de tenir compte des enjeux écologiques. Il est nécessaire de s’interroger : « et moi, et toi, à quoi tu sers ? ».
Lacannerie : Une chose est sûre désormais : l’espèce nuisible pour le monde vivant est assurément l’espèce humaine.
Peter : Si l’on appliquait à nous-mêmes le concept d’espèce nuisible, on arriverait à des horreurs salutaires
Silers : il est très difficile de définir si une espèce est utile ou nuisible. Puisqu’on ne peut pas savoir, il vaut mieux appliquer un principe de précaution raisonnable en s’abstenant de classer par défaut une espèce dans la catégorie des « nuisibles » (la catégorie des « utiles » n’existant pas en droit, c’est sans objet de savoir si une espèce est utile ou non).
MCC : Il se trouve que la seule espèce qui met en danger les autres, c’est la nôtre. Je ne crois pas qu’il y ait un seul cas documenté d’une espèce animale qui à elle seule en ait fait disparaître une autre.
Flytox : L’humain doit dans une très large mesure se plier à la nature : c’est un fait, pas une opinion. On a le droit de détester la gravité et les effets qu’elle nous impose, c’est beaucoup plus compliqué de s’y soustraire même si cela ne nous plaît pas…
Alain Hervé : A quoi sert l’homme ?
A quoi sert l’homme ? La biologiste Lynn Margulis propose une hypothèse : l’homme est un animal domestique élevé par les bactéries pour leur permettre de voyager et éventuellement de migrer vers d’autres planètes. Se souvenir que les bactéries occupent quarante pour cent de notre masse corporelle.
A quoi sert l’homme ? Les économistes répondent : à produire et à consommer, et que ça saute. L’homme se reposera en regardant la publicité pendant trois heures et demie par jour sur les écrans de télévision.
A quoi sert l’homme ? Après recherche, consultation et réflexion, nous proposons une réponse provisoire : à rien. Oui, je sais, il a inventé le téléphone portable, mais les pingouins et les pissenlits n’en ont rien à faire. Entre le petit trou dont il sort et le grand trou dans lequel il va tomber, il ne fait que consommer gaspiller, détruire, prêcher l’accélération, la prédation… Il se sert. Il s’est servi et il n’a rien rendu. Pourrait-il encore enchanter le monde, le servir, ne plus seulement se servir ?
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- Inutilité des humains
De l’inutilité absolue de l’espèce humaine (2023)
extraits : La réponse classique apportée à la question : « A quoi sert l’homme ? » à savoir : à rien, ou plus exactement, à rien d’autre qu’à lui-même… est la réponse la plus réaliste qui soit. Chasser Dieu pour mettre l’homme à la place était un mauvais calcul. L’idéologie des Lumières était suicidaire. Kant, théoricien de la bourgeoisie montante, a conceptualisé l’inutilité sublime de l’homme qu’il érige de surcroît en impératif catégorique : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, soit dans ta personne, soit dans la personne d’autrui, toujours en même temps comme une fin, et que tu ne t’en serves jamais simplement comme un moyen. » L’homme devient donc lui-même sa propre fin, l’homme se referme sur lui-même.
A quoi sert donc l’humain, à rien, aucune utilité
extraits : L’humain sert dans un processus qui ne sert sans doute à rien ni à personne. Tout le bavardage humaniste contemporain sur le « propre de l’homme » découle d’une vision de l’homme comme un monument commémoratif à lui-même, en d’autres termes comme un sommet de l’art pompier. Aujourd’hui, il faut considérer l’humain comme une catastrophe écologique qui conduit à une mise à l’épreuve radicale du vivant par lui-même.
à quoi sert l’homme ? (2007)
extraits : L’écologie profonde nous apprend à ne plus considérer nos semblables comme un système de référence absolu, à ne plus se concevoir comme un être qui ne doit rien qu’à lui-même et à qui tout est permis. Par notre faute, près d’un million d’espèces végétales et animales risquent de disparaître d’ici à 2050. L’écologie profonde nous rappelle la nécessité de passer d’un anthropocentrisme forcené à un respect des liens durables entre notre propre espèce et la Biosphère. Il faut concevoir le vivant comme un tissu composé d’un grand nombre d’espèces qui ont une multitude d’interactions entre elles. Quand une maille saute, une deuxième lâche, et une troisième, et le tissu se désorganise.
- Valeur de la nature
La nature a une valeur… à vrai dire incommensurable ! (2013)
valeur de la nature (2009, Pavan Sukhdev)
– « Gérard Charollois opte pour le biocentrisme, il n’aimerait pas qu’on tronque son analyse au point de déformer son message. Voici le cœur de son texte qui est aussi une réponse à la question : à quoi sert l’homme ?, un texte à venir sur ce blog. [etc.] » (BIOSPHERE 15 AOÛT 2023 À 21:41)
Biosphère répondait là à mon commentaire À 18:33 dans lequel je présentais le texte de Gérard Charollois (Le biocentrisme, la misanthropie ou la bienveillance universelle – infodujour.fr ).
Nous éviterons donc de déformer ce message de Charollois, tout comme celui de Pierre Paul ou Jacques. Je suppose donc que ce texte (à venir sur ce blog) est celui-ci, cette énième diatribe contre «cette espèce inutile et nuisible, homo sapiens»… dans laquelle Biosphère nous explique que l’homme ne sert à rien et patati et patata. Est-ce ça que dit Gérard Charollois ?
( à suivre )
Chacun peut lire ce texte de Gérard Charollois (lien mis par Biosphère), et choisir (selon ses goûts, ses humeurs etc.) le passage le plus important, disons le «cœur de son texte».
Gérard Charollois est très clair, il n’ y a rien d’ambiguë dans son message, c’est d’ailleurs pour ça que j’y adhère à 100%. Gérard Charollois ne fait pas partie des aigris (“prisonniers de leur amertume“), et il ne voit rien de bon chez ces gens là. Moi non plus.
Cette aigreur, cette “misanthropie amère“, ce “repli hargneux “, ce “pessimisme irréversible“ (comme il dit) ne font qu’entretenir et renforcer la médiocrité humaine.
Essayons juste de grandir. Un tout petit peu ce serait déjà ça.