Les élections européennes en France auront lieu le 9 juin 2024 afin d’élire les 81 eurodéputés représentant la France au Parlement européen. Willy Schraen lance sa campagne au nom de la « ruralité heureuse » contre les « ayatollahs de l’écologie ». Marie Toussaint sera la tête de liste EELV aux européennes.
À propos de Willy Schraen : Il tente de rééditer le coup de la liste Chasse, pêche, nature et traditions de Jean Saint-Josse (qui avait obtenu 6,77 % des suffrages en 1999 ). Les instigateurs de l’opération veulent représenter « toutes les facettes de la ruralité » en dépit de l’identité de la tête de liste Willy Schraen, Président de la Fédération nationale des chasseurs depuis 2016. « Notre combat n’est pas celui d’irréductibles Gaulois réfractaires », assure M. Schraen, qui vante « la pétanque et le barbecue, l’apéro et les cochonnailles ». Celui qui assume « un côté conservateur » mais refuse « l’extrémisme », défend une « ruralité heureuse ». Unis dans le rejet des « ayatollahs de l’écologie », selon la formule qu’ils emploient pour désigner les activistes écolos, le chasseur et ses colistiers disent qu’ils ont « tous un peu de boue sur les pieds », qu’ils sont « amoureux de la nature » et bien sûr « écologistes » !
M. Schraen, qui a apporté son soutien à Emmanuel Macron en 2017 comme en 2022, assure conduire une liste « apolitique ». Mais le Rassemblement national (RN) voit dans cette concurrence une initiative « poussée en sous-main » par le chef de l’État. Macron s’est toujours voulu proche des chasseurs…
À propos de Marie Toussaint : Les « insoumis » poussaient à la constitution d’une liste unique de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). Les militants écolos ont confirmé à 86 %, en juillet 2023, leur stratégie d’une liste autonome. Marie Toussaint, 36 ans, est donc la future tête de liste d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV) aux élections européennes de 2024. Elle ne veut pas dévier de ses « combats » de toujours : « la protection du vivant et celle de la justice sociale ». En 2019, avec Notre affaire à tous, son ONG de défense des droits environnementaux, et trois autres associations (Greenpeace, FNH et Oxfam), elle assigne l’État en justice lui enjoignant de respecter ses engagements en faveur du climat. Plus de 2 millions de citoyens signent la pétition lancée en parallèle. En 2021, la France est condamnée par le Conseil d’état pour inaction climatique. L’arme principale de Marie, diplômée en droit international environnemental, c’est le droit. Mais le concept d’« écocide » qu’elle essaie de porter depuis la fin de ses études fait peur jusque chez les Verts. « Mettre au même niveau la destruction de l’environnement et celle des droits humains, c’était mal perçu » dit-elle.
Sur sa table de chevet, le dernier ouvrage de la juriste Katharina Pistor, « Le Code du capital », qui analyse comment « le droit conçu par et dans l’intérêt de riches acteurs privés » produit « inégalités et crises à répétition ».
Une comparaison des deux mentalités
Il suffit de savoir ce qu’a déjà dit ou fait l’une et l’autre pour savoir normalement pour qui voter entre la chasse et l’écologie.
Willy Schraen : « En cas d’instauration d’un jour sans chasse par semaine, la ruralité serait à feu et à sang ».
Marie Toussaint : « Je demande de ne plus injecter de fonds publics dans les projets liés aux énergies fossiles ni tolérer les avantages (niches fiscales, aides…) accordés à ce secteur et à ceux qui le financent, d’exclure des institutions européennes les lobbies de l’industrie fossile, comme nous l’avons fait avec l’industrie du tabac, de contraindre les banques à sortir des énergies fossiles. »
Willy Schraen : « Cette proposition de loi sur la condition animale nous donne des angoisses vous pouvez me croire. Loïc Dombreval est un extrémiste qui porte en étendard le drapeau de la dérive animaliste. Un jour, nos chiens et nos chats seront mieux traités que nos enfants, c’est de la folie. »
Marie Toussaint : « Dans l’histoire des idées, l’écologie politique est une idée neuve, qui dépasse les cartographies anciennes, sans pour autant les abolir. Le clivage droite-gauche reste pertinent, mais l’écologie pose des questions supplémentaires. En gros, l’écologie n’est pas soluble dans la gauche, mais elle doit en devenir le nouveau centre de gravité. Vu l’urgence des enjeux, j’espère que tout le monde va bientôt converger pour comprendre que la crise climatique comme celle de la biodiversité demandent une réforme globale des manières de penser et de gouverner issues du passé. »
Willy Schraen : « On a en face de nous des démagogues. On ne demandera jamais à un végan de manger de la viande, qu’on nous foute la paix ! Qu’on nous laisse vivre »
Marie Toussaint : « On peut espérer que l’écologie tomber un jour dans le domaine commun, comme c’est le cas avec l’idéologie républicaine qui fait désormais partie de l’identité politique de la France. Mais, pour l’instant, l’originalité du projet écologiste est telle qu’il est nécessaire qu’une force d’écologie politique la porte pour permettre de quitter les rivages du productivisme, matrice des pensées politiques de la droite et de la gauche classiques. A gauche, la tectonique des idées a fait son œuvre, et l’aggiornamento est en cours. La droite partidaire reste très majoritairement sourde aux enjeux écologiques. »
Willy Schraen : « Ce n’est pas la chasse, c’est la ruralité dans son ensemble qu’attaquent ces activistes minoritaires, comme les végans. Ils ne supportent pas que d’autres vivent différemment. Les chasses traditionnelles existaient avant l’arme à feu. La chasse à courre ? Il n’y a que les cons pour ne pas comprendre que l’animal a dix fois plus de chances de se sauver que d’être attrapé. Souvent le cerf est vieux ou malade, c’est la sélection naturelle. Pas le monde des Bisounours ! On est en haut de la chaîne alimentaire, les animaux sont en dessous, c’est l’ordre des choses. Qui travaille sur la biodiversité ? Ce ne sont pas ceux qui font des grands discours, à Paris, qui plantent des haies, des arbres, qui entretiennent les zones humides, qui nourrissent les animaux, et qui apportent ainsi 4 milliards d’euros à la nature tous les ans ! »
Marie Toussaint : « Reconnaître le clivage terriens-destructeurs est essentiel. Pour autant, il n’abolit pas les autres clivages ; notre monde est complexe et nous avons besoin de le lire avec des lunettes multiples. Nous habitons une seule et même planète, mais les mondes sociaux que nous habitons sont tellement fracturés. Le culte de la croissance a fait des ravages partout sur la planète. Une vision à courte vue, fondée sur la dictature du profit et le triomphe des actionnaires, a par ailleurs colonisé l’économie. C’est à cela qu’il faut mettre un terme, nous devons comprendre que les lois de l’économie ne sont pas au-dessus des lois de la nature. A l’échelle européenne, je plaide pour l’instauration d’un traité environnemental qui fasse de la préservation de la planète et de ses ressources une priorité supérieure en termes de hiérarchie des normes. La condamnation des écocides doit en être l’un des piliers. »
Très intéressant ces prises de positions.
En lisant, J’ai l’impression qu’ils ne parlent pas de la même société rurale et des mêmes réalités.
Pourtant il me semble que les deux visions veulent améliorer l’ environnement et sont sincères.
Je ne jetterais pas la pierre ni à l’un ni à l’autre pourtant leurs positionnements me paraissent plus idéologiques que réalistes.
C’est peut-être à cause de ma vision apolitique.
C’est avant tout une course à l’échalote pour convaincre les électeurs.
Oui, comme toujours ON peut trouver du bon et du vrai de tous les côtés. Par exemple moi aussi je tiens à défendre «la pétanque et le barbecue, l’apéro et les cochonnailles». Tout autant que «mettre au même niveau la destruction de l’environnement et celle des droits humains». Me voilà donc bien embarrassé, pour choisir mon camp, camarade.
Mais non je rigole, je ne le suis pas du tout, emmerdé. Pour moi ce sera comme d’hab.
Ce sera ni l’un ni l’autre ! Ni-ni quoi, pour faire plaisir à l’Autre.
Apolitique dites-vous !!?? Mais TOUT est politique ! Refuser de participer à la Farce Electorale, refuser de choisir entre la Peste et le Choléra, refuser le Vaccin Kivabien, refuser l’Hypocrisie, etc. etc. tout ça aussi c’est FAIRE de la politique.
Cette prochaine farce électorale s’annonce être fidèle à son principe, sa règle, le Comique !
Je me souviens avoir été, à une époque, tenté par Chasse, pêche, nature et champignons.
Je crois d’ailleurs que c’est depuis que, par principe, ces jours là je vais toujours à la pêche, ou aux champignons.
En attendant, ON peut toujours flinguer le gros Willy. Comme ON peut aussi, et en même temps, entarter la petite Marie. Encore une fois, avec ça nous voilà donc bien avancés.