L’histoire des religions est bien plus complexe que celle des monothéismes. Le bouddhisme repose sur le principe d’interdépendance universelle, le taoïsme fonde l’harmonie sur un respect des équilibres spontanés dans le cosmos, le zen estime que le véritable corps humain est l’univers tout entier. Dans l’hindouisme, il n’y a pas l’idée que l’animal et la nature soient inférieurs ; la condition humaine n’est qu’une représentation temporaire qui peut transmigrer après la mort même dans des mollusques. Les adeptes du jaïnisme se déplacent avec un masque sur la bouche de crainte d’avaler un moucheron et balayent devant eux pour éviter d’écraser le moindre vermisseau. Toutes les tribus indiennes ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre, leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes ; Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Les Indiens n’étaient pas végétariens car cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.
L’écologiste Lynn White Jr. en tire cette conclusion en 1967 : « Plus de science et de techniques ne nous feront pas sortir de la crise écologique tant que nous n’aurons pas, soit trouvé une nouvelle religion, soit repensé l’ancienne. »
Après avoir été vénérée comme une mère ou une marâtre, puis oubliée, la Nature devrait donc (re)devenir un partenaire pour les humains. C’est plus facile pour les traditions chamanistes et orientales comme le bouddhisme et l’hindouisme car elles ne connaissent pas l’idée d’un dieu créateur. C’est très difficile pour les juifs, les chrétiens et les musulmans qui doivent abandonner leur dogme de la prétendue toute puissance de Dieu ainsi que leur culte de l’anthropocentrisme (l’homme à l’image de Dieu).
Mais chez eux comme dans toute religion il y a cet aspect qui parle de frugalité et de renoncement ; ce sont là les prémices d’une conversion possible à l’idée de décroissance humaine (productive et démographique), d’une recherche de l’humilité face à la Biosphère, d’un œcuménisme à construire ensemble.
NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,
http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=15&Itemid=94
Et puis aussi du même auteur, « vers une écologie de l’esprit » en 2 tomes, un peu plus ardu à lire.
Gregory Bateson,biologiste, occidental chrétien, tente cette approche de l’unité de la biosphère dans son livre « La nature et la pensée » sous titré « Esprit et nature: une unité nécessaire » dans lequel il essai de répondre à la question: Quelle est la structure qui relie toutes les créatures vivantes ?
collection La couleur des idées au Seuil
PS: Il semble que cet homme soit issu de l’école de Palo Alto.