La nouvelle interface « LIVE » du monde.fr est à l’image du gouffre dans lequel est tombé ce média « de référence ». LIVE a basculé dans la Twitter attitude… On croit qu’on participe à l’événement, nous sommes réduits à l’extrême de la passivité, simples voyeurs du faits divers qui passe. On babille, on gazouille, c’est la traduction de twitter, on passe bientôt, très vite, à l’évènement suivant. Nous sommes aujourd’hui dans une société qui ne prend plus le temps de réfléchir, qui accélère pour aller dans le mur, et plus personne ne peut (s’)en rendre compte.
LE MONDE papier* donne ¾ de page au phénomène Twitter, instrument parfait de l’immédiateté, du raccourci et de l’inutilité. Les microblogs ont décollé avec l’affaire DSK, événement marginal dont il n’y avait rien à dire médiatiquement. A quoi ça sert de pouvoir communiquer avec le monde entier en quelques minutes ? A conforter le pouvoir des élites médiatiquement autoproclamées. Le compte Twitter qui a le plus grand nombre de followers (abonnés) est comme par hasard celui de Lady Gaga qui, comme son nom l’indique, n’a rien à dire de sensé. Ce sont les people que se sont accaparés de ce mini-réseau social. Mini parce qu’en 140 signes maximum, on ne peut vraiment rien expliquer. Et comme d’habitude les marques sont à l’affût du nouveau client à appâter grâce aux autres clients. L’effet boule de neige aurait acquis ses lettres de noblesse lors du printemps arabe. En fait les mouvements de masse tweetés ont débouché sur une arrivée de l’islamisme au pouvoir. Preuve de plus s’il en est que tweeter n’est pas gage de réflexion. Un commentaire de lecteur du MONDE est limité à 500 caractères, mais une chronique d’abonnées peut aller jusqu’à 5000 caractères : l’optimum pour faire un discours bien construit. Ce billet se contente de 1801 caractères !
* LE MONDE du 22 mars 2012, Twitter fête ses 6 ans + Les microblogs ont décollé avec l’affaire DSK
notre billet précédent à propos de Twitter, connecté… à quoi ?
Comme le souligne Paul Virilio, philosophe de la vitesse et de l’instant, « Si tout progrès a son revers, alors, la mise en réseau planétaire prépare la scène de l’accident intégral ». Inventer le train, c’est inventer son déraillement; inventer le bateau, c’est inventer son naufrage; inventer la centrale nucléaire, c’est inventer son explosion.
Inventer Twitter, c’est inventer l’immédiateté des émotions à l’échelle planétaire et donc, par exemple, la possibilité d’une perte générale, instantanée, de la confiance dans une monnaie.
Le mouvement des villes en transition souligne la nécessité de se prémunir contre ce type de risque en créant des monnaies alternatives et résilientes à l’échelle locale.