Démographie, apocalypse ou régulation ?

dans les archives du MONDE, 21 février 1977 (extraits)

La population mondiale

Apocalypse ou régulation ?

Dr ESCOFFIER-LAMBIOTTE : En matière démographique, et pour M. Albert Jacquard, professeur à l’Université de Genève et directeur de recherches à l’Institut national d’études démographiques (INED), la mutation à laquelle assiste notre génération pourrait conduire à l’apocalypse.

Les premiers hommes n’étaient que quelques millions. L’invention de l’agriculture, il y a dix mille ans, par la manne alimentaire qu’elle procure, déclenche la première révolution démographique. L’effectif humain passe rapidement à 300 millions d’hommes à l’époque de Jésus-Christ. Survient alors la seconde mutation : la victoire sur la mortalité infantile conduit à une augmentation exponentielle des populations qui passent de 1 milliard 200 millions d’hommes en 1850 à 2 milliards 500 millions un siècle plus tard. Au rythme actuel, il y aura 50 milliards d’hommes à la fin du siècle prochain, ce qui signifie que toutes les terres émergées auront la densité humaine du Japon. La démonstration de M. Jacquard, qui s’appuie sur l’espace vital et le nombre des mètres carrés, montre la gravité d’une situation que ne changeraient en rien l’exploitation d’énergies nouvelles ou les comprimés de protéines…

 » Un système qui n’est pas autorégulé ne peut aboutir qu’à une explosion… Si les rapports de force ne sont pas proportionnels aux effectifs humains, ils seront alors et nécessairement d’ordre totalitaire « , conclut M. Jacquard.

La vision d’apocalypse qui est la sienne est tempérée par la foi que place M. Girard, professeur de démographie, dans les facultés d’adaptation des hommes ; cette adaptation, qui peut être très rapide, se traduit en l’occurrence par les restrictions de natalité qui suivent comme en Occident) la baisse de la mortalité. Pourquoi penser que le tiers-monde ne suivra pas cette même évolution. Mais ce qui préoccupe M. Girard est cet autre phénomène, totalement inédit dans l’histoire de l’humanité, qu’est la maîtrise totale de la reproduction, laquelle était soumise depuis des millénaires aux règles du hasard. La démographie n’obéira plus qu’aux lois de l’opinion publique ou personnelle… à moins que des pressions politiques ne viennent écraser les revendications de cette liberté nouvelle.

Pour M. Keifitz, professeur de sociologie et de démographie, le taux numérique de la population n’est plus en tant que tel un élément majeur du rapport des forces à l’ère de la technologie. Les puissances industrielles ou militaires s’appuient beaucoup plus sur le niveau d’équipement que sur le nombre d’hommes…

En somme, conclut le professeur Ruffié, les hommes ont toujours été hantés par deux peurs : être trop nombreux ou ne pas l’être assez. Sur ce point, rien n’a changé depuis la nuit des temps.

En savoir plus sur la surpopulation

Alerte surpopulation, le combat de Démographie Responsable (2022)

Surpopulation… Mythe ou réalité ? (2023)

Un panorama des pays surpeuplés,

Surpopulation généralisée dans tous les pays

Pour lutter contre la surpopulation,

https://www.demographie-responsable.fr/

6 réflexions sur “Démographie, apocalypse ou régulation ?”

  1. Tsp 1
    Apocalypse ou régulation ?
    Ce sujet a éte démontré comme impossible à trancher.
    L’apocalypse ne sera pas car l’agonie sera lente et les conséquences dramatiques multiples.
    Dans la nature, les pullulations se terminent par un épuisement des ressources et un dérèglement des équilibres plus ou moins précaires s’étant établis après de longues périodes de stabilité et transitions transitoires.
    Et les pullulations sont des phénomènes parfois récurrents faisant finalement parti de la régulation .

    1. Tsp2
      La régulation serait celle produite par la capacité de l’humain à raisonner. C’est vrai à l’échelle individuelle mais les groupes en sont incapables sauf quand le groupe s’en remet à un individu. C’est le recours au tyran ou dictateur. En Grèce, cela a fonctionné avec des tyrans éclairés mais c’est un recours ultime très risqué que les démocraties ne choisissent qu’en extrême limite. Le dernier exemple est la 4 ème république qui a donné les pleins pouvoirs à DeGaulle. Nous avons eu la chance que ce tyran moderne choisisse une nouvelle démocratie pour gouverner. Espérons donc en un gentil géant vert pour nous sortir de notre société malade et surpeuplée .
      Pour le monde, ce sera le chaos et l’anarchie. Il faudra sortir les barbelés. 😇

      1. Esprit critique

        De Gaulle n’est certainement pas le meilleur exemple de ce que la démocrassie peut donner de pire. Parmi les plus récents, Trump, Bolsonaro, Poutine et Jean Passe. Voir de Gaulle comme un tyran c’est comme con fondre un cercle et un carré, ça en dit long sur la Grande Confusion (mère du Grand N’importe Quoi) qui caractérise notre époque. Un tyran qui met son trône en jeu avec un référendum (27 avril 1969) peut être alors qualifié de moderne.
        D’autre part, vive l’anarchie !

  2. La démographie c’est d‘abord la spécialité des démographes. Lesquels, selon certains, ne servent à rien. En effet, comme des tas d’autres, ces gens là passent leur temps à étudier et à redécouvrir la lune, à pondre des rapports, des théories et des prédictions qui ne servent qu’à occuper leurs homologues. Bref, à brasser du vent.
    La démographie c’est aussi un dada. Un cheval de bataille, une passion, une manie, un sujet favori, bref une idée ou une occupation à laquelle on revient sans cesse. Autrement dit alors, une obsession. Et pas nécessairement chez les démographes, qui eux ne rêvent pas forcément de leur boulot la nuit, en tous cas c’est tout le mal que je leur souhaite.
    ( à suivre )

    1. En fait c’est comme pour tout, et n’importe quoi, la démographie est une question de juste mesure, de juste milieu.
      – « Un homme qui n’a pas de dada ignore tout le parti que l’on peut tirer de la vie. Un dada est le milieu précis entre la passion et la monomanie. » (Balzac)

      Tout ça pour dire que quand une passion vire à la monomanie, à l’obsession, il est grand temps de la réguler. Sinon elle vire au cauchemar.
      – « Les malades ont la manie de parler de la maladie des autres… Les malades de l’esprit n’agissent pas autrement. » (Pierre Aguétant)

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