Prostitué, un travailleur comme un autre

Autre endroit, autres mœurs ! Un grand pas est fait par la Belgique vers la normalisation de la prostitution, au moment même où le gouvernement français réaffirme le choix d’une politique abolitionniste. En Belgique, les « travailleurs du sexe » pourront avoir un contrat de travail. C’est une première mondiale. En France, on reste répressifs. La prostitution y est autorisée, mais sans client, puisque c’est un délit d’être client d’un(e) prostitué(e). On devrait naturaliser Kafka à titre posthume.

Belgique

Depuis une loi votée au printemps 2022, il est déjà possible pour les milliers de prostitués du pays (des femmes à 95 %) d’exercer sous un statut d’indépendant. Le Parlement fédéral a adopté, dans la nuit du 2 au 3 mai 2024, une loi qui permet aux prostituées d’avoir accès aux mêmes droits du travail que les autres salariés. Le texte va plus loin en donnant à ceux qui s’y livrent la possibilité de signer un contrat de travail, censé garantir aussi bien une couverture sociale large que le respect des règles qui encadrent la durée du temps de travail, la rémunération et les règles de sécurité. Seuls les employeurs qui auront reçu un agrément pourront légalement salarier des prostitués, les autres continueront d’encourir le risque de poursuites pour proxénétisme. Le ministre de l’économie et du travail a défendu la philosophie de décriminalisation : « Les formules de prohibition ou, pire, l’hypocrisie avec laquelle on traite ces questions de société ne sont pas la solution. Je préfère regarder la réalité en face, même si cette réalité est violente, crue, même si elle questionne toute une série de fondements de notre société. » Cette loi est adoptée à une large majorité (93 voix pour, 33 abstentions, aucune voix contre) .

C’est très bien. Je reprends le bon mot de Charline Vanhoenacker qui disait à peu près : « n’avez-vous pas remarqué que lorsqu’on regarde la carte, la Belgique est comme le cerveau posé sur la France ? »

France

Présentée le 2 mai 2024, la nouvelle stratégie de l’exécutif tient pour l’essentiel à mieux faire appliquer la loi de 2016, qui avait notamment supprimé le délit de racolage, instauré la pénalisation des clients et créé un parcours de sortie de la prostitution. Depuis son vote il y a 8 ans, sa mise en œuvre était plus qu’hétérogène. Alors que 40 000 personnes (94 % de femmes) sont en situation de prostitution, seules 1 747 d’entre elles ont bénéficié, depuis 2017, d’un parcours de sortie de la prostitution. La nouvelle stratégie reste floue sur l’attribution de fonds supplémentaires alloués à cette mission. De nouvelles formes de prostitution sont apparues depuis la loi de 2016, comme l’essor de la prostitution en ligne.

Les partisans du modèle réglementariste estiment de leur côté que le commerce du sexe est une activité professionnelle qu’il convient au contraire d’encadrer. Plusieurs associations de « travailleurs du sexe » ont d’ailleurs déposé, en décembre 2019, un recours devant la Cour européenne des droits de l’homme pour demander l’abrogation de la loi de 2016.

Le point de vue des écologistes adeptes du péché de chair

L’exercice de la sexualité procure naturellement du plaisir quand on se laisse aller. Il n’y a prostitution que parce qu’il y a frustration. Si les humains passaient plus de temps à faire l’amour comme les Bonobos, sans esprit de conquête et chaque fois qu’il faut réduire les tensions sociales, sans doute n’y aurait-il plus de prostitution (ni même de guerres). Comme on disait en d’autres temps, « peace and love », l’amour et la paix. L’amour libre, le sexe libéré, implique aussi de lutter contre les rapports de domination. . Les rapports de domination ne s’exercent pas seulement dans la sexualité, mais dans tous les domaines de la société. Comme tout travail, la prostitution peut être libre ou subie ; le seul moyen efficace de mettre fin à la contrainte d’un supposé « système prostitutionnel » est de rendre les prostitués, hommes et femmes, libres de leur force de travail…

Réconcilier nature (plaisir sexuel) et culture (règles régissant le rapport entre les sexes), n’est-ce pas là l’objectif premier des écologistes ?

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Prostitution, un cas de discrimination

extraits : Selon le discours des Verts français, « La prostitution n’est pas un élément naturellement constitutif de la vie en société. » C’est vrai, la sexualité tarifée relève du culturel. Mais la sexualité ordinaire aussi. Il n’y a donc aucune règle définitive qui puisse nous permettre de privilégier a priori la répression totale de la prostitution ou la légalisation intégrale des travailleurs du sexe. Le 1er juin 2022, la Belgique est devenue le premier pays européen et le deuxième au monde, après la Nouvelle-Zélande en 2003, à décriminaliser la prostitution….

3 réflexions sur “Prostitué, un travailleur comme un autre”

  1. On est un peu beaucoup sexothérapeute quand on est pute. Je m’appelle Sacha, j’ai 48 ans et je me définis comme un mix entre la prostitution et la sexothérapie. Beaucoup de travailleuses et travailleurs du sexe ont le sentiment d’avoir une utilité sociale non reconnue : on se dit souvent qu’on devrait être remboursés par la « Sécu » ! Après tout, on gère une partie des problématiques sexuelles de la société. Mes clientes sont des femmes qui ont besoin de retrouver de la considération pour leur corps.

    Mais j’ai essayé d’ouvrir un compte en banque comme autoentrepreneur, on m’a dit non. Le travail du sexe, ce n’est pas encore entré dans les mœurs en France !

    1. Alors les animateurs de jeux pourront aussi se faire rembourser par la sécurité sociale parce qu’ils remontent le moral de leurs joueurs ? Eux aussi seraient des thérapeutes ?

      En suivant votre raisonnement, où va-t-on ?
      La baisse ou la hausse de moral, et la baisse ou la hausse des pulsions sont l’affaire de tous, tout le monde vit ça comme un ascenseur émotionnel. Mais on ne va tout de même pas médicaliser tous les aléas de la vie !

      1. Parti d'en rire

        En ce qui te con cerne, je t’ai toujours dit que tu ferais bien de te trouver une gentille nana. Ou un gentil mec si tu préfères. Déjà ça te changerait de la compagnie de tes chats, ou de tes chattes vu que tu ne nous l’as jamais précisé. En tous cas je te jure ça te ferait un bien fou. Et pas que sur le moment. Je parie même que t’en aurais fini de tes terribles migraines. Dans ce cas tu pourras même demander que cette thérapie te soit remboursée par la Sécu.

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