A la fin du XIXe siècle, le chimiste et ministre français Marcelin Berthelot expliquait qu’en l’an 2000 l’électricité et les énergies renouvelables auraient débarrassé le monde des « mines de charbon et par conséquent des grèves de mineurs » Dans l’entre-deux-guerres, l’historien américain Lewis Mumford (1895-1990) annonçaient le basculement imminent dans un âge « néotechnique », fondé sur l’hydroélectricité. Un « âge électrique » ? Foutaise.
Jean-Baptiste Fressoz : Le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), Fatih Birol, s’est lancé dans un étrange exorde : « Dans l’histoire de l’énergie, nous avons connu l’âge du charbon et l’âge du pétrole, et nous entrons maintenant à grande vitesse dans l’âge de l’électricité, qui définira le système énergétique mondial à l’avenir. » Il y a décalage entre le rapport de l’AIE et les déclarations de son directeur. Le « World Energy Outlook » de 2024 montre que, malgré la croissance des renouvelables, la production électrique à partir de fossiles a encore crû en 2023. le rapport révise à la hausse ses prévisions pour le charbon en raison de la forte demande d’électricité. Les investissements récents dans les terminaux gaziers laissent entrevoir une hausse de 50 % du gaz naturel liquéfié – une énergie particulièrement polluante – avant 2030. La persistance d’une vision « phasiste » des dynamiques matérielles peut être dangereuse. Elles entretiennent l’illusion.
Le point de vue des écologistes débranchés
Her dudul : Le problème est que le problème (!) est plus compliqué que ce que certains croient ou font croire. On nous dit passons à l’électricité et il n’y aura plus de problème. Mais le problème est qu’il faut la produire cette électricité ce que certains ne savent pas. Pour cela il faut du nucléaire dont beaucoup ne veulent pas, de l’éolien dont beaucoup ne veulent pas, des barrages dont beaucoup ne veulent pas, du solaire dont beaucoup ne veulent pas alors on continue à le produire avec du charbon, du gaz ou du pétrole.
FRW974 : La transition énergétique, ça n’existe pas. Par contre, la population croissant, les besoins croissent mécaniquement. Deux solutions : abaisser la population mondiale et abaisser la consommation mondiale. Personne n’en veut. Donc, on va dans le mur. Et à grande vitesse.
Chriss : Nos besoins en énergie sont tellement énormes et vont continuer à augmenter toujours plus, alors bien souvent une nouvelle source d’énergie ne vient pas en remplacer une précédente, mais s’y ajoute. Croire que l’humanité s’engage petit à petit dans une sortie des énergies fossiles parce que ici ou là on redéveloppe le nucléaire ou on construit des parcs solaires immenses, est un leurre. Cela ne fonctionnera jamais, à moins de coupler cet effort à une décroissance coordonnée organisée à l’échelle mondiale : décroissance démographique, énergétique, économique. Évidemment ça n’arrivera pas, impossible… pour l’instant !
A. Monod-Broca : L’évolution de nos besoins énergétiques dépend beaucoup de l’évolution de la population mondiale. Si nous étions 3 milliards, comme dans mon enfance, et seulement 50 millions en France nos besoins seraient moindres.
Frog : C’est pourtant si satisfaisant de consommer moins, moins prendre sa voiture, arrêter l’avion, arrêter les plats à emporter bourrés de plastiques, etc… Quand on s’y met, on s’aperçoit que c’est finalement ludique, économique, et que ça engage même une réflexion sur ce qui est vraiment bon et utile dans la vie – parce qu’on fait quand même beaucoup de stupidités « parce que ça se fait », parce qu’on nous l’a suggéré fortement, et non parce qu’on l’a réellement choisi.
Raphou : Résumé rapide : seule la sobriété peut nous éviter la catastrophe.
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Taxons l’électricité comme dépense de luxe !?
extraits : Sans électricité la vie économique d’une nation « moderne » s’arrêterait immédiatement. Or l’électricité n’est pas un besoin fondamental, l’électricité ne sera pas toujours facile à produire, nous avons donc besoin d’autres modèles de comportement. L’électricité amène certes le confort du quotidien et la multiplicité des objets de loisirs (télévision, téléphone, portable…). Mais il y a destruction des valeurs traditionnelles, rejet de la notion de labeur physique, dégradation des rapports communautaires. Une société sans électricité existe déjà dans beaucoup de pays qui connaissent les coupures de courant… quand ils sont reliés au réseau !
électrification à marche forcée des usages
extraits : Pour transporter l’électricité des lieux de production éloignés de ceux de consommation, les réseaux constituent l’infrastructure la plus complexe jamais construite par l’homme. A chaque fois que l’on appuie sur un interrupteur, c’est un peu de l’ordre d’un miracle qui se produit car la production doit toujours égaler la consommation. En 1998, par exemple, lors de la finale de la Coupe du monde de football, pendant que les supporteurs exultaient, les gestionnaires du réseau, eux, ont dû faire leur possible pour compenser, à la mi-temps, un écart préoccupant entre la production et la consommation d’environ 1 500 mégawatt (MW) en moins, presque l’équivalent de la production d’un réacteur EPR. Très centralisé, en forme d’étoile, ce réseau, structuré par l’énergie nucléaire, n’est pas conçu pour accueillir de l’électricité venant d’une foule de sites différents. La solidité de ces infrastructures sera à l’épreuve d’événements climatiques plus fréquents. Des conflits armés s’attaquant à ces infrastructures seront encore plus violents.
électricité coupée, plus rien ne fonctionne
extraits : Je travaille régulièrement en Afrique depuis 30 ans et, là-bas, tout le monde est habitué aux coupures, même dans les capitales. Personne n’est jamais prévenu et les coupures peuvent durer de 2 heures à .. 15 heures d’affilée. Beaucoup plus embêtant, les coupures d’eau : raison pour laquelle dans toutes les salles de bain vous trouvez une bassine ou un seau d’eau, régulièrement approvisionnés. Et on apprend très vite à se laver avec un godet dans une main, le savon dans l’autre ! ….
Électricité, avantage et inconvénients
extraits : Dans mon petit carnet de notules le 16 septembre 1972 j’imaginais ainsi le monde à venir : « Les vapeurs toxiques commencent à diminuer d’intensité. Les foyers peuvent dès à présent ouvrir l’électricité, mais pas plus de 3mn et 45 secondes… » L’électricité à volonté n’aura eu qu’un temps. En 1879, Thomas Edison inventa l’ampoule à incandescence. Depuis notre univers n’est plus le même. Aujourd’hui sept millions d’éclairages urbains, lampadaires, candélabres et autres boules lumineuses entretiennent un obscur presque clair jusque dans les villages les plus reculés de France. Cette consommation d’énergie atteint six milliards de kilowatts heures, soit 2,5 réacteurs nucléaires qui ne servent en définitive qu’à éclairer le ciel….
Électricité, les scénarios de RTE pour 2050
extraits : Sobriété énergétique, je crie ton nom. Aux États-Unis au début du XXe siècle, il a fallu 46 ans pour qu’un quart de la population adopte l’électricité. Lénine suivait alors le courant : « Le communisme, c’est l’électricité plus les soviets. » Aujourd’hui il faudrait s’attaquer à la « pauvreté énergétique », le monde entier se devrait d’adopter le modèle de la civilisation thermo-industrielle. Demain, les coupures généralisées de courant seront sans doute le premier signe de l’effondrement de cette civilisation…..
électricité, les inconvénients d’un avantage
extraits : Du côté production, le parc nucléaire français compte aujourd’hui trente-deux réacteurs de 900 mégawatts (MW ) en activité, vingt réacteurs de 1 300 MW – dont deux à la centrale de Flamanville, depuis les années 1980 – et quatre de 1 450 MW. On va ajouter l’EPR (European Pressurized Reactor) de Flamanville. Avec près de douze ans de retard, EDF a commencé à charger le combustible dans le cœur du réacteur nucléaire à eau pressurisée européen et disposera de son réacteur le plus puissant, soit 1 600 (MW). Du côté consommation, le réseau électrique français de distribution fait 35 fois le tour de la Terre, soit 1,4 million de kilomètres de lignes….
panne gigantesque d’électricité, un bienfait
extraits : L’Inde consommait à peu près 35 000 gigawatts/heure en 1970, 700 000 en 2010. Peut-on dire que les Indiens sont vingt fois plus heureux qu’il y a quarante ans ? Une panne gigantesque d’électricité vient de frapper la moitié du pays pendant deux jours fin juillet : plus de métro et moins de trains, embouteillages, mineurs qui restent dans le fond de la mine, usines en arrêt… les conséquences sont en cascade. Dans un pays comme la France où tout passe par l’électricité, une panne électricité géante serait un cataclysme. Mais un jour il faudra bien se passer du nucléaire et des combustibles fossiles.Qu’on le veuille ou non, l’avenir sera dans la frugalité, certainement pas dans le toujours plus. L’accès à l’électricité n’est pas un droit, que ce soit en Inde ou ailleurs. Nous sommes dépendants des ressources naturelles, il faudrait en prendre conscience lors de chaque black-out !
Comme dit l’un de nos commentateurs, « ce n’est pas le CO2 qui doit devenir la mesure essentielle de l’écologie», mais l’Énergie.
Homo dit sapiens est la seule espèce devenue capable d’extraire de l’énergie de son environnement de façon presque illimitée. Il est vrai que c’est d’abord pour satisfaire les besoins énergétiques de son cerveau. Il ne représente que 2 % de la masse d’un adulte, mais accapare 20 % de l’énergie ingérée. L’encéphale d’un nouveau-né consomme même 40 à 50 % de l’énergie fournie et près de 70 % chez un enfant de 5 ans.
On se fait carnivore insatiable pour trouver une meilleure source d’énergie que par les plantes, les végétariens oublient ce détail constitutif de nos besoins. La cuisson permet d’économiser sur les appareils masticatoires et digestifs pour le plus grand profit du cerveau. (à suivre)
(suite et fin) La multiplication des humains nécessite de trouver toujours davantage de bouffe, d’où l’invention de l’agriculture au néolithique. Et maintenant la révolution industrielle grâce à l’énergie fournie par la combustion nous fait croire que l’énergie exosomatique est un besoin impérieux, il faut bien que nos bagnoles démarrent et que nos avions aillent le plus loin possible. Alors en fin de course, une fois épuisée presque toutes les sources d’énergies fournies bénévolement par notre environnement naturel, nous allons mourir en masse par ce que nous avons tant désiré, devenus incapable de nourrir un cerveau boulimique.
– « Le problème est que le problème (!) est plus compliqué que ce que certains croient ou font croire. On nous dit [et patati et patata] » (Her dudul)
Oh que oui c’est compliqué ! L’occasion d’en rajouter à la con fusion. Justement j’adooore.
Her dudul ne ferait-il pas partie lui aussi et par hasard de ces Certains qui croient et racontent n’importe quoi ? Comme ce ON qui nous dit passons à l’électricité et patati et patata.
Autrement dit Her dudul n’essaierait-il pas de nous enfumer ?
Que certains et même beaucoup ne veuillent pas du nucléaire c’est certain. Que beaucoup ne veuillent pas des éoliennes des barrages ou du solaire c’est pareil. Mais ce n’est pas pour ça qu’ON doit en con clure que c’est à cause de tout ça qu’ON con tinue à LA produire avec du charbon du gaz ou du pétrole.
Quoi donc ? Ben toute cette électricité pardi et en plus toujours plus !
C’est bon vous suivez c’est pas trop compliqué ?
Si Marcelin Berthelot croyait qu’en débarrassant le monde des mines de charbon ON se débarrasserait automatiquement des grèves de mineurs… il aurait dû préciser de quels mineurs. Des mineurs de charbon, admettons. Mais des mineurs de lithium, de tantale et j’en passe, là permettez-moi encore d’en douter.
Quoique… Comme d’autres, Berthelot croyait peut-être aux prophéties de Jules Vernes :
– « Tout ce qu’un homme peut imaginer, un jour d’autres hommes le réaliseront. »
Comme quoi Jules aurait bien fait, lui aussi, de lire Serge Latouche, «Décoloniser l’imaginaire». Seulement comme Serge n’était pas encore là, ce pauvre Jules croyait dur comme fer au Progrès qui progresse et aux innovations qui innovent pour des siècles et des siècles amen. Ce qui fait que nous lui pardonnerons, à Jules.
Et puis c’était son époque qui voulait ça. Comme aujourd’hui quoi. (à suivre)
(suite) Pour en revenir et en finir… des grèves de mineurs, de lithium, de tantale et j’en passe, ON peut toujours imaginer… Tout plein tout plein de nouvelles machines ! Électriques bien sûr, mais aussi atomiques, bioniques, supersoniques, autonomes, intelligentes et toutes les conneries qu’ON peut imaginer.
Des robots qui roulent, qui volent, qui creusent, d’autres qui emballent, trimballent, usinent, vendent etc. Des robots qui font tout et n’importe quoi, les cons, la guerre, l’électricité etc. et bien sûr des robots qui fabriquent tout plein tout plein de robots. Toujours plus de robots qui creusent, emballent, trimballent etc. etc. et même qui réfléchissent et pensent à notre place. Un monde de robots au service de Big Robot qui gouverne le monde.
Nous sommes toujours dans l’économie du toujours plus, la croissance imposée aux gouvernements par la finance qui réclame ses dividendes pour les actionnaires, ses intérêts pour les dettes, et une capitalisation dont la masse d’argent est 13-14 fois plus grande que celle qui sert au PIB mondial, continue de vider la planète de ses ressources pour simplement nourrir ce capital. Il faut imposer une décroissance aux gens et pour cela se servir de la mesure du CO2, qui peut devenir la mesure essentielle de l’écologie, et obliger les gens à réduire leur sur-consommation qui font des tonnes de CO2 inutiles.
Peser le CO2 des produits fabriqués de l’extraction à leur recyclage, les flux que nous utilisons électriques ou réseaux, et cela pour plusieurs siècles peut-être, si on n’est pas pulvérisé avant par la connerie de certains.
D’accord avec vous sur l’analyse, par contre pas d’accord sur le Yaka (il faut). Ce n’est pas le CO2 qui doit devenir la «mesure essentielle de l’écologie», mais l’Énergie.
Les Joules ou les Watts, encore mieux le nombre d’«esclaves énergiques» (voir Jancovici).
Vous et moi en disposons d’environ 500… 24H/24 ! Ce qui vous, en conviendrez, aurait fait pâlir de jalousie n’importe quel roi Soleil et autre pharaon.
La fumeuse Empreinte CO2, c’est peut-être un bon indicateur… SAUF qu’et en même temps elle est en train de devenir un énorme trompe-couillons.
Vous avez peut-être entendu causer de ce Truc, fabuleux, qui, dit-ON… devrait nous permettre de CROÎTRE (produire, consommer…) toujours plus… tout en émettant (polluant) moins. Voire pas du tout. Là encore la bonne blague ! N’empêche qu’ON veut y croire, au Découplage.
Quant à obliger les gens… c’est comme obliger nos «élites» à décoloniser leur imaginaire.
@JP ROUGIER
Je l’ai déjà expliqué, à partir du moment où vous cautionnez la création monétaire par la voie de crédit, et que vous souscrivez à des crédits; alors vous cautionnez aussi la croissance ! Puis lorsque vous empruntez vous devez rendre plus d’argent que vous n’en avez emprunté, autrement dit il faut créer de la valeur pour rembourser vos crédits et vos intérêts. Tant que vous avez des crédits,, il vous faut absolument produire et vendre des biens et services pour pouvoir rembourser !
En outre, les produits financiers qui rapportent des rendements comme les comptes épargnes, et ben là aussi vous êtes croissantiste, car la Banque doit investir dans des systèmes productifs afin d’honorer votre taux de rendement !
C’est toujours le même principe (ou en tout cas, souvent) : une chose n’en remplace pas une autre, elle s’y ajoute et, en outre, en dépend.
Pas d’industrie s’il n’y avait en amont de l’agriculture, pas de secteur des services s’il n’y avait en amont de l’industrie et donc de l’agriculture, car les employés des services utilisent des objets et mangent eux aussi.
Quand j’entends dire que l’information va remplacer le pétrole comme denrée essentielle de nos sociétés, je rappelle que sans pétrole et sans énergie, nos échanges d’informations seraient réduits à presque rien.
La croissance s’appuie sur de nouveaux ensembles, mais elle ne saurait se passer des précédents.
C’est intéressant, cette idée que l’information va remplacer le pétrole…
Bien sûr, par «information» il ne faut pas seulement entendre LE MONDE, TF1, CNews, Biosphère et Jean Passe. Ni ne penser qu’au Smartphone.
Non, là encore il faut penser à l’Énergie.
– Selon une nouvelle théorie, l’information serait le cinquième état de la matière
( trustmyscience.com 5 juin 2021 )
– L’information est-elle le cinquième état de la matière ? Cette expérience pourrait le vérifier
( science-et-vie.com 2 avril 2023 )
Maintenant je ne suis pas Einstein. Et en plus je suis plus que limité en physique.
En physique entre autres, misère misère ! Alors vu que là encore mes petites connaissances se limitent à des ON dit… j’espère qu’ON ne fera pas mienne cette nouvelle théorie. 🙂