Les accidents dans les mines provoquent chaque année dans le monde la mort de 10 000 à 20 000 mineurs. Cependant, contrairement à une idée fort répandue, la mortalité la plus importante dans les mines n’est pas celle due à ces accidents, mais celle due aux maladies professionnelles : A l’échelle mondiale, elle est de l’ordre de 500 000 morts chaque année, principalement à cause de la prévalence d’une très grave maladie pulmonaire, la silicose, due aux très fines poussières de silice en suspension dans l’atmosphère des mines.
Une deuxième très grande source de mortalité est due à l’utilisation domestique du charbon en espace confiné pour le chauffage et la cuisine, surtout dans les pays en voie de développement et émergents. Elle touche surtout les femmes et les enfants et est à peu près aussi importante que celle due aux maladies professionnelles. Elle est due principalement aux particules très fines contenues dans les fumées et à l’oxyde de carbone produit par des combustions en déficit d’oxygène, mais aussi à des composés organiques dangereux présents dans les fumées, tels que les hydrocarbures polycycliques aromatiques (HAP), et dans certains cas à des contaminations de l’alimentation par des polluants minéraux contenus dans le charbon, tels l’arsenic, le fluor, le sélénium ou le thallium.
La troisième et la plus grande source de mortalité est la pollution atmosphérique émise par les industries utilisatrices de charbon, au premier rang desquelles la production d’électricité. Elle provoquerait, selon les modélisations actuelles, de l’ordre du million de morts chaque année dans le monde. Les coupables sont surtout les particules extrêmement fines, de taille inférieures à 10 μ (PM10), contenues dans les cendres volantes (fly ash), qui peuvent pénétrer au plus profond des poumons et peut-être même dans la circulation sanguine.
Avec un ordre de grandeur de 1 à 2 millions de morts chaque année dans le monde, peut-être plus, et un nombre bien plus considérable encore de malades gravement atteints, le charbon est donc la plus dangereuse de toutes les énergies utilisées par l’homme, et cela de très loin. C’est en fait, avec une prévalence de l’ordre de grandeur de celle du paludisme, une des principales causes de mortalité dans le monde. C’est aussi l’énergie dont on sait qu’elle contribue le plus à l’augmentation de l’effet de serre additionnel, par les émissions de CO2, mais aussi de méthane, qu’entraîne son utilisation. C’est pourtant l’énergie dont la croissance est la plus importante actuellement, parce qu’elle est de plus en plus utilisée par les pays émergents très peuplés à développement rapide, en premier lieu la Chine et l’Inde, mais aussi par de grands pays industriels. (à suivre)
Bernard DURAND (connu pour son livre La crise pétrolière)
Dossier complet sur les dangers du charbon, hors effet de serre : http://www.sauvonsleclimat.org,
Beaucoup des références citées sont accessibles par Internet, ce qui permet de les consulter facilement.
Bernard DURAND