Pic de l’uranium, la fin du nucléaire

Les réserves prouvées d’uranium sont de 2,5 millions de tonnes, la production annuelle de 54 000 tonnes, nous aurions donc pour 46 ans seulement de réserves. Comme certains prévoient un doublement des capacités électronucléaires, le délai de pénurie se raccourcit d’autant ; les ressources seront entièrement consommées d’ici à 2035. Aucune découverte récente n’a été réalisée en dehors de l’extension de gisements déjà connus ; comme les teneurs en uranium sont de plus en plus faible, il faut de l’énergie, beaucoup d’énergie pour en produire. Or le pic pétrolier est dépassé, l’énergie sera un autre facteur limitant.

Alors Robert Vance, analyste à l’Agence pour l’énergie nucléaire, se met à rêver : « Si le prix de l’uranium montait très haut, il pourrait devenir rentable d’exploiter des sources d’uranium alternatives, comme les phosphates ou l’eau de mer. »* La concentration d’uranium dans les roches de l’écorce terrestre est de l’ordre de 3 g/tonne, et de 3 mg/d’uranium par mètre cube d’eau de mer, soit mille fois moins que dans les roches. Or les techniques d’extraction de l’uranium par matrice à échange d’ions est très gourmande en énergie et les coûts liés à son extraction sont exorbitants. Le minerai considéré comme exploitable a une teneur de l’ordre de 1 à 2 kg d’uranium par tonne de minerai, soit plusieurs centaines de fois la concentration naturelle moyenne du sol. D’autres rêvent à la génération IV du  nucléaire, à l’avenir toujours aussi flou. En France on mise encore sur l’ASTRID, Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration. Ce n’est qu’un pari, indigne substitut improbable aux économies d’énergie. De toute façon ces improbables réacteurs ont quand même besoin pour leur démarrage de plutonium, donc d’uranium !

Y’a pas de doute, il faut sortir du nucléaire. Il est nécessaire de s’organiser de toute urgence pour que nos besoins en énergie soient juste équivalents à l’énergie réellement renouvelable. C’est pas gagné, d’autant plus que presque personne n’a conscience de cette inéluctable perspective

* * Science & Vie n° 1136, mai 2012, Cuivre, or, uranium, phosphore… Alerte à la pénurie

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