Pic du poisson, lié au pic du pétrole

Par analogie au peak oil, le peak fish ou pic de production des pêcheries, est dépassé. En 1995, la capture de poissons a atteint son tonnage maximum avec 95 millions de tonnes. Depuis, la pêche mondiale plafonne autour de 90 millions de tonnes*. Les ressources halieutiques sont  renouvelables, mais la surpêche a détérioré les chaînes trophiques grâce au pétrole à bas prix. Pour Reg Watson, l’humanité est au maximum de l’exploitation des ressources mondiales de pêche : « Nous pourrions avoir atteint un pic pour les poissons au même moment où nous pourrions connaître la même situation avec les réserves de pétrole … Il semble que nous consacrons de plus en plus d’énergie et de ressources pour saisir le même tonnage de poissons voire moins. »** Il est vrai que pétrole et pêche ont partie liée. On consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson. En 2006, il a fallu utiliser 1,7 milliard de watts d’énergie (environ 22,6 millions de chevaux) pour l’ensemble de l’industrie de la pêche mondiale.

Cette évolution néfaste est renforcée par la bêtise des Etats : les énormes aides publiques consenties dans l’Union européenne (4,3 milliards d’euros entre 2007 et 2013, notamment des exemptions de taxes sur le carburant) favorisent la surexploitation des ressources halieutiques : « Les subventions ont alimenté la surpêche en réduisant artificiellement les coûts d’exploitation, tout en augmentant la capacité des captures des flottes » ***. Les bateaux européens travaillent au large des côtes ouest-africaines, moyennant une redevance payée à 90 % par l’Union européenne ! Des opérateurs impliqués dans des activités de pêche illégale continuent de toucher des aides publiques malgré leurs condamnations !! On subventionne le désastre environnemental à la fois avec les aides à la pêche et les subventions aux énergies fossiles.

Le poisson compte aujourd’hui pour 12 % des calories consommées per capita dans le monde comparé à environ 20 % pour la viande. Le désastre alimentaire se profile avec la baisse des prises liées à l’inéluctable descente énergétique : le peak oil du pétrole conventionnel a eu lieu en 2006. La solution ? Des chalutiers plus petits, sortant moins souvent, laissant aux stocks de poissons le temps de se régénérer. Vivement le retour à la marine à voile… et au régime tendance végétarienne !

* Plus un poisson d’ici 30 ans ? (surpêche et désertification des océans) de Stephan Beaucher

** Source AFP : intervention de Reg Watson en février 2011 lors de la conférence annuelle l’Association américaine pour la promotion de la science (AAAS), chapitre « Des terres et des océans » (Land and Oceans)

*** LE MONDE, 13-14 mai 2012 Les aides publiques européennes encouragent la surpêche

7 réflexions sur “Pic du poisson, lié au pic du pétrole”

  1. Le pic du poisson en Europe
    Pour établir « le jour de dépendance à l’égard du poisson », c’est à dire le jour de l’année où il n’est plus auto-suffisant, la New economics foundation (Nef) et Ocean2012ont fait le lien entre la consommation du pays et le total des prises de ses pêcheurs dans les eaux nationales et européennes, y ajoutant les produits de l’aquaculture.
    La France n’est ainsi auto-suffisante en poisson qu’à 38,6%, soit un « jour de dépendance » qui tombe le 21 mai (ou le 8 avril sans l’aquaculture). En 1990, la France était auto-suffisante à 68% et son jour de dépendance tombait le 6 septembre. 12 pays européens ont atteint ce jour avant elle. Cette situation s’explique par une diminution des captures (25% de moins en Europe depuis 1993), du fait de la surpêche et donc de la diminution progressive des stocks, et par une consommation en hausse.
    En conséquence l’Europe dépend de plus en plus de pays tiers et fait de la pêche hauturière dommageable pour les stocks de poisson des autres régions du monde. Quant à l’aquaculture, elle consomme elle-même beaucoup de poisson pour alimenter les élevages.
    AFP – LE MONDE du 22 mai 2012

  2. Nous faisons exactement aux poissons ce que nous avons fait aux espèces terrestres. Notre nombre nous conduit à tous les exterminer (et cela va aller très vite maintenant). Comment ne pas comprendre que la chasse (la pêche est une chasse, bien sûr) n’est pas un mode d’alimentation concevable dans un monde de 7 et bientôt 9 milliards de personnes ?
    Comment ne pas comprendre qu’inéluctablements nos effectifs nous conduisent à tout détruire et donc comment ne pas mettre la question démographique en tête de toutes les réflexions écologiques ?

  3. Nous faisons exactement aux poissons ce que nous avons fait aux espèces terrestres. Notre nombre nous conduit à tous les exterminer (et cela va aller très vite maintenant). Comment ne pas comprendre que la chasse (la pêche est une chasse, bien sûr) n’est pas un mode d’alimentation concevable dans un monde de 7 et bientôt 9 milliards de personnes ?
    Comment ne pas comprendre qu’inéluctablements nos effectifs nous conduisent à tout détruire et donc comment ne pas mettre la question démographique en tête de toutes les réflexions écologiques ?

  4. On consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson. En 2006, il a fallu utiliser 1,7 milliard de watts d’énergie (environ 22,6 millions de chevaux) pour l’ensemble de l’industrie de la pêche mondiale.

    Cette dernière phase ne veut rien dire …
    Le watt (et le cheval) ne mesure pas l’énergie …

    Peut être des Wh, kWh, J, MJ, TEP ????

  5. On consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson. En 2006, il a fallu utiliser 1,7 milliard de watts d’énergie (environ 22,6 millions de chevaux) pour l’ensemble de l’industrie de la pêche mondiale.

    Cette dernière phase ne veut rien dire …
    Le watt (et le cheval) ne mesure pas l’énergie …

    Peut être des Wh, kWh, J, MJ, TEP ????

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