Contre le rapport de 1972, Limits to Growth, Christian Gerondeau s’esclaffe : « Les auteurs ont commis une erreur classique : ils ont simplement prolongé les tendances du passé. Ils n’avaient pas tenu compte de la capacité d’adaptation des hommes et des potentialités du progrès. De nouvelles ressources énergétiques furent découvertes, la démographie mondiale s’effondra, les rendements agricoles firent des progrès insoupçonnés et le développement technique atteignit une ampleur que personne n’avait imaginée. »*
Un des auteurs du rapport de 1972, Dennis Meadows, lui répond indirectement lors d’un entretien récent avec le quotidien LE MONDE : « Tout scientifique comprend qu’il y a des limites physiques à la croissance de la population, de la consommation énergétique, du PIB, etc. Pourtant, l’idée commune est, aujourd’hui encore, qu’il n’y a pas de limites. Pour les économistes, le seul outil est la croissance, tout ressemble donc à un besoin de croissance. Or la croissance va s’arrêter en partie en raison de la dynamique interne du système et en partie en raison de facteurs externes, comme l’énergie. L’énergie a une très grande influence. La production pétrolière a passé son pic et va commencer à décroître. Or il n’y a pas de substitut rapide au pétrole pour les transports, pour l’aviation… La Chine a considérablement détérioré son environnement, en particulier ses ressources en eau, et les impacts négatifs du changement climatique sur ce pays seront énormes. Certains modèles climatiques suggèrent ainsi qu’à l’horizon 2030 il pourrait être à peu près impossible de cultiver quoi que ce soit dans les régions qui fournissent actuellement 65 % des récoltes chinoises…
Les politiciens sont élus pour peu de temps. Leur but est de paraître bons et efficaces pendant leur mandat; ils ne se préoccupent pas de ce qui arrivera ensuite. Supposons que je sois un magicien : la première chose que je ferais serait d’allonger l’horizon de temps des hommes politiques. Pour qu’ils ne se demandent pas quoi faire d’ici à la prochaine élection, mais qu’ils se demandent : « Si je fais cela, quelle en sera la conséquence dans trente ou quarante ans ? » Si vous allongez l’horizon temporel, il est plus probable que les gens commencent à se comporter de la bonne manière. »**
* Christian Gerondeau, Ecologie, la fin (édition du toucan, 2012)
** interview par LE MONDE du 26 mai 2012, La croissance mondiale va s’arrêter
C’est tout à fait ça… Comme tout le monde est supposé connaître « la formule des intérêts composés », tout le monde devrait pouvoir comprendre que nous allons droit dans le mur et que la collision est pour bientôt !
Rêvons d’un taux de croissance constant de 2% l’an pour les 100 prochaines années, qui permettrait (je n’en sais rien, mais c’est, disons, la vision du dogme économique actuel), d’assurer la résorption du chômage et le maintien de nos systèmes de retraite. La production, ou le PIB, aura été multiplié par (1,02)^100 = 7,2 ! (le signe ^ signifie « élévation à la puissance »).
Il faudra multiplier par 7 la production actuelle pour que les petits-enfants de nos enfant chéris bénéficient du même mode de vie que nous.
Je pense qu’il va nous falloir trouver une alternative …
« Tout scientifique comprend qu’il y a des limites physiques à la croissance de la population, de la consommation énergétique, du PIB, etc… »
Tout scientifique ? N’importe quel élève de primaire le comprendrait sans effort !
« N’importe quel élève de primaire le comprendrait sans effort ! »…
mais pas Christian Gerondeau !!