« Nous exploitons un stock géologique de ressources minérales limité qu’il ne sera possible d’augmenter à l’avenir qu’au prix d’une dépense énergétique exponentielle. Pour sortir de l’anthropocène, démanteler les centrales nucléaires ne suffira pas.
En effet, quelle différence, en termes de contenu technologique et de complexité technique, entre une centrale nucléaire et une éolienne industrielle de 5 ou 7 MW ? Ou plutôt un macrosystème de milliers d’éoliennes et de fermes photovoltaïques, reliées par des smart grids permettant à tout instant d’équilibrer offre intermittente et demande variable. Aucune ! On y trouve également des métaux farfelus, une production mondialisée exigeant des moyens industriels à la seule portée d’une poignée d’entreprises transnationales, une installation et une maintenance requérant des moyens exceptionnels (barges, grues, remorques spéciales…), ne pouvant s’appuyer que sur une expertise fortement centralisée, de l’électronique à tous les étages, etc. A mille lieues d’une production autonomie, résiliente, ancrée dans les territoires et maîtrisable par des populations locales.
Peut-on imaginer de maintenir un tel système de production pendant des siècles ? Naturellement non, pour la même raison que les centrales nucléaires : il faudra bien changer ces grandes éoliennes tous les trente ou quarante ans, avec le manque à venir de ressources spécifiques, avec l’impossibilité de recycler correctement (c’est-à-dire sans dégradation de l’usage ) tous les matériaux, avec la dépendance cachée aux énergies fossiles et à l’ensemble de la mégamachine technique.
Organiser la transition écologique tout de suite, c’est admettre que les formes d’énergie vraiment durables sont basées sur des système très locaux, adaptés à leur environnement et de « basse technologie ». Tout doit être réalisable, réparable et remplaçable localement, quitte à obtenir moins de performance : micro-hydraulique, solaire thermique, biomasse… Las, la quantité d’énergie récupérable par de telles technologies sera bien faible pour satisfaire nos standards occidentaux. Inutile d’espérer faire fonctionner escalators, TGV ou gros sites industriels. Il sera nécessaire de nous désurbaniser pour retrouver l’échelle du village. Car si une petite éolienne peut faire fonctionner une machine à laver, elle ne pourra pas fournir le courant à tout un immeuble. Il faudra aussi faire autre chose par jours de calme plat ! »
Philippe Bihouix, quelques extraits de son article Comment démanteler la mégamachine ?
in Entropia n° 12, printemps 2012, Fukushima, fin de l’Anthropocène
Le solaire à concentration thermique est la solution largement ignorée.
Et pourtant elle est 10 fois moins cher que l’éolien et le photovoltaïque.
L’énergie thermique peut être stockée sur de longues périodes à faible coût, permettant de délivrer de l’énergie de base comparable au nucléaire, au charbon ou au gaz.
Le rendement énergétique peut atteindre 60% de l’énergie reçue du soleil, contre 22% au mieux pour le photovoltaïque.
Cette technologie ne nécessite pas de très haute technologies, pas de métaux précieux, uniquement du verre et quelques métaux courants ou de la fibre de carbone.
Cette technologie représente donc l’avenir mais est pour le moment inconnue des hommes politiques.