Un écologiste sincère est bien ennuyé par le traité dont LE MONDE dit qu’il faut le signer dans son éditorial* alors qu’un de ces journalistes** affirme le contraire. Qui croire ? Dans le pacte budgétaire européen, officiellement appelé Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance (TSCG), la réduction du déficit public est une priorité : « Une règle d’équilibre budgétaire au sommet de la hiérarchie des normes des États signataires ». Mais comment croire au moyen complémentaire d’y arriver : « …. la possibilité de politiques économiques contra-cycliques de relance … ». Car rigueur et croissance*** sont incompatibles ; nous partageons avec les non-humains une planète dont les ressources se raréfient ; il est urgent de voter pour la rigueur budgétaire et contre la croissance de l’activisme humain.
Il faut d’urgence cesser de faire des déficits, cela contribue mécaniquement à aggraver l’autre dette, beaucoup plus dangereuse, la dette écologique. Ajouter des activités écolos à l’existant ne peut qu’aggraver notre empreinte sur la planète. Constatons aussi que le déficit systématique est normalement le fait d’un pays pauvre (ou d’un ménage sur-endetté), pas d’un pays riche. Les riches, selon la raison économique, ont normalement satisfait leurs besoins de base et peuvent donc épargner leur surplus de revenu, et même prêter aux autres. Ce détournement de la rationalité montre que les besoins dans les pays riches sont exacerbés, au-delà des possibilités de la biosphère. La seule reconversion écologique qui importe, c’est le simple transfert des activités non écologiques vers les activités écologiques. Certainement pas la « création » de monnaie supplémentaire par l’emprunt. C’est sur ce point qu’EELV aurait du insister mais leur conseil fédéral, en votant contre le TSCG, semble plus proche aujourd’hui du Front de gauche que de l’analyse écologique.
En effet il y a tout un front disparate de refus de la rigueur qu’on appelle de façon démagogique « austérité », pour faire peur. Pour une partie des « écolos », pour le Front de gauche et pour les syndicalistes, l’espoir du retour de la croissance est encore, hélas, synonyme de lendemains qui chantent. A l’inverse, un écologiste sincère est contre un plan de relance, contre la croissance. Nous dépendons d’un système bio-géo-chimio-physique (la biosphère) dont l’économie et la finance ne sont qu’une composante. Notre planète a des limites que nous avons déjà outrepassées (cf. l’empreinte écologique). Il faut cesser de prôner le quantitatif contre le qualitatif et arbitrer collectivement les priorités d’affectations des ressources. Il faut aussi reconnaître que la possibilité d’une relance de la croissance n’est qu’une annexe, secondaire, dans un traité sur la stabilité économique. Les desiderata sur la croissance sont un mal, certes, mais la politique de déficit systématique (en France depuis 1974), est un mal bien plus grand encore. Entre deux maux, il faut savoir choisir le moindre. La perspective de réduction des déficits est une rupture avec la logique du toujours plus, et donc en phase avec l’écologie et son sens des limites. Nous penchons en conclusion pour signer le TSCG.
Nous devons signer le TSCG, une simple formalité dont nous savons de toute façon que les Etats feront ce qu’ils en voudront. Et nous devrions, plutôt que manifester dans les rues, exiger la mise en place des instruments de contrôle du pouvoir financier et instaurer une fiscalité environnementale dont la taxe carbone ne serait qu’un élément. Tout cela ne peut se faire qu’avec une répartition des efforts aussi juste que possible.
* LE MONDE du 2 octobre 2012, Traité budgétaire européen, trop tard pour dire « non »
** LE MONDE du 1er octobre 2012, Le traité ? Non (chronique écolo d’Hervé Kempf)
*** http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/09/14/non-au-tscg-pour-des-raisons-ecologistes/
Bonjour, la description « Pour une partie des « écolos », pour le Front de gauche et pour les syndicalistes, l’espoir du retour de la croissance est encore, hélas, synonyme de lendemains qui chantent. » est quelque peu inexacte – la contestation du TSCG comprend plusieurs aspects : déni de démocratie par absence de consultation des citoyens par referendum, limitation des déficits structurels à 0,5% => impossible de financer des grands travaux d’infrastructure nécessaires pour aborder sérieusement la transition énergétique, imposition de sanctions financières par le Conseil Euroopéen (non élu) selon des critères « automatiques », etc… et quand on sait que les responsables actuels ne souhaitent le vote du TSCG uniquement pour rassurer les marchés financiers mais espèrent fortement que le TSCG ne sera jamais appliqué => ne le votons pas, et nous en serons certains!
Les écolos pro-traité ne parlent que de la taille du gâteau qu’il est certes nécessaire de stabiliser voire de réduire mais savent-ils que dans le gâteau il existe plusieurs façon de répartir les parts et que dans le cas présent, il n’ y a pas de déficit mais un simple transfert de fonds.
Moi, président de la République, européen et écologiste, déclare :
Quand une partie de la population est durement frappée, le repli sur l’entre-soi rassure, l’ouverture fait peur. Alors l’Europe s’éloigne. Les populismes de droite et de gauche s’engouffrent dans la brèche et trouvent en l’Europe un bouc émissaire facile.
Moi, président, je vous dois la vérité. L’Europe est la bonne échelle pour apporter des réponses efficaces à la spéculation financière, à la concurrence et à l’évasion fiscale, à la désindustrialisation et à la régression sociale, comme au dérèglement climatique, à la raréfaction des ressources ou à la dégradation de la biodiversité. Elle peut nous donner la capacité d’agir collectivement sur le réel.
Moi, président, je proposerai de remplacer le pacte de stabilité par un pacte de soutenabilité hissant la convergence environnementale et sociale au même rang que la convergence économique, budgétaire et fiscale.
Moi, président, je défendrai une augmentation très substantielle des ressources propres de l’Union : une taxe sur les transactions financières et une taxe carbone aux frontières devront être instaurées.
Moi, président, la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation des ressources naturelles et la réduction des pollutions deviendront des priorités européennes. Ce sont de puissants leviers pour la compétitivité de l’économie.
Moi, président, je proposerai la création d’une Communauté européenne de l’énergie. Dans l’immédiat, je ferai de la lutte contre la précarité énergétique dans les logements et les transports la priorité de la relance économique européenne.
Moi, président, je soutiendrai une réforme de la politique agricole commune et de la politique commune de la pêche favorisant les pratiques durables, l’emploi, la préservation des ressources, la solidarité et la qualité des aliments. Dans l’immédiat, je mettrai la France en conformité avec les directives européennes, dont celle sur l’eau, et je favoriserai l’adoption d’une directive cadre sur les sols.
Moi, président, je défendrai la mise en place rapide d’une politique industrielle commune privilégiant les biens, les services et les processus de production durables. Dans l’immédiat, je proposerai de qualifier l’accès au marché européen selon des critères sociaux et environnementaux et d’introduire la préférence géographique dans les marchés publics afin de favoriser l’émergence des PME sur les territoires.
L’Europe, c’est maintenant !
Tribune cosignée par José Bové, Daniel Cohn-Bendit, Leila Aïchi, Sandrine Bélier, Jean-Paul Besset, Christophe Cavard, Hélène Flautre, André Gattolin, Yannick Jadot que nous avons résumée sur ce blog.
Moi, président de la République, européen et écologiste, déclare :
Quand une partie de la population est durement frappée, le repli sur l’entre-soi rassure, l’ouverture fait peur. Alors l’Europe s’éloigne. Les populismes de droite et de gauche s’engouffrent dans la brèche et trouvent en l’Europe un bouc émissaire facile.
Moi, président, je vous dois la vérité. L’Europe est la bonne échelle pour apporter des réponses efficaces à la spéculation financière, à la concurrence et à l’évasion fiscale, à la désindustrialisation et à la régression sociale, comme au dérèglement climatique, à la raréfaction des ressources ou à la dégradation de la biodiversité. Elle peut nous donner la capacité d’agir collectivement sur le réel.
Moi, président, je proposerai de remplacer le pacte de stabilité par un pacte de soutenabilité hissant la convergence environnementale et sociale au même rang que la convergence économique, budgétaire et fiscale.
Moi, président, je défendrai une augmentation très substantielle des ressources propres de l’Union : une taxe sur les transactions financières et une taxe carbone aux frontières devront être instaurées.
Moi, président, la lutte contre le dérèglement climatique, la préservation des ressources naturelles et la réduction des pollutions deviendront des priorités européennes. Ce sont de puissants leviers pour la compétitivité de l’économie.
Moi, président, je proposerai la création d’une Communauté européenne de l’énergie. Dans l’immédiat, je ferai de la lutte contre la précarité énergétique dans les logements et les transports la priorité de la relance économique européenne.
Moi, président, je soutiendrai une réforme de la politique agricole commune et de la politique commune de la pêche favorisant les pratiques durables, l’emploi, la préservation des ressources, la solidarité et la qualité des aliments. Dans l’immédiat, je mettrai la France en conformité avec les directives européennes, dont celle sur l’eau, et je favoriserai l’adoption d’une directive cadre sur les sols.
Moi, président, je défendrai la mise en place rapide d’une politique industrielle commune privilégiant les biens, les services et les processus de production durables. Dans l’immédiat, je proposerai de qualifier l’accès au marché européen selon des critères sociaux et environnementaux et d’introduire la préférence géographique dans les marchés publics afin de favoriser l’émergence des PME sur les territoires.
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