Contrairement aux religions du livre où un clergé demande aux fidèles de réaffirmer constamment leur foi, la croyance n’est pas un dogme dans l’animisme, c’est une expérience vécue. Pour les animistes, les entités naturelles non humaines (animaux, plantes ou objets) possèdent une âme et des intentions semblables à celles de l’homme. On ne se pose pas la question de savoir si l’on croit ou non dans les esprits de la nature, c’est une expérience que l’on fait et que l’on interprète chacun à sa manière. Chez les Achuars par exemple, les individus entretiennent des rapports très étroits, de personne à personne, avec des animaux ou des plantes avec lesquels ils conversent en rêve et auxquels ils adressent des incantations. Tout cela les touche au fond de leur propre esprit. L’animisme suppose la multiplicité des manières d’habiter le monde, mais attribue à tous les êtres le même genre d’intentionnalité, ce qui permet d’établir de véritables dialogues avec des êtres de la nature. Il n’y a plus de différence entre l’entité humaine et l’entité non humaine, il y a un rapport d’égalité.
Dans le monde actuel, il y a anthropisation forcenée, c’est-à-dire transformation exacerbée par l’action de l’homme des écosystèmes terrestres et aquatiques, et plus généralement des conditions environnementales. C’est une des facettes de l’anthropocentrisme, cette attitude folle qui consiste à faire des humains le centre de l’univers et, de ce fait, des propriétaires de la biosphère : la classe globale se comporte à sa guise sans se soucier de l’environnement (usus, fructus et abusus) alors qu’elle partage la planète avec toutes les autres espèces vivantes. Cette attitude n’est pas durable. L’anthropocentrisme doit être remplacé par un biocentrisme (ou écologie profonde), une attitude écologique qui limitera l’anthropisation. Un retour à l’animisme serait-il nécessaire ?