« Gaz de houille, des ressources gigantesques sans fracturation hydraulique », « Hydrates de méthane, prochaine révolution énergétique ». Lu ainsi, les deux articles du MONDE du 29 janvier nous présagent des lendemains qui chantent. Mais le grand titre du premier est sous forme interrogative, « Le gaz de houille, nouvel eldorado fossile ? » et le sous-titre du second dubitatif : « Hydrates de méthane, ressource instable enfouie dans les profondeurs de l’océan. »
Le problème, c’est que la population, addict aux ressources fossiles, croit à la pérennité de notre modèle thermo-industriel parce qu’on « trouvera toujours quelque chose ». Pour l’instant les ressources non conventionnelles, sables bitumineux, gaz de schiste, pétrole de schiste, gaz de houille, hydrates de méthane… donnent encore quelques béquilles à cette croyance. Eclairons nos concitoyens. D’abord ils doivent prendre conscience que le fait de brûler des ressources fossiles, quelles qu’elles soient, accroissent le réchauffement climatique et les risques pour les pays pauvres ainsi que pour les générations futures. Ensuite ils doivent prendre connaissance plus précisément des informations données par LE MONDE.
Le gaz de houille, c’est le coup de grisou qui a tué bien des mineurs, c’est du gaz naturel piégé à la surface du charbon. On évalue (à la louche) le potentiel en Lorraine à sept ou huit années de consommation de gaz en France. Et après avoir brûlé ce gaz, quelles seront les alternatives ? Ensuite la faisabilité d’une production industrielle est loin d’être démontré et les risques environnementaux ne sont pas évalués. Les hydrates de méthane, ce sont des poches de gaz encapsulées dans des cristaux de glace très instables comportant un risque élevé d’accident, utilisant des techniques off shore périlleuses pour des gisements diffus, et pouvant libérer des poches de méthane alors que ce gaz à un effet de serre 25 fois plus puissant que le CO2.
Les gens comme Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif, ne rentrent pas dans ces détails trop gênants : « L’exploitation du gaz de houille va permettre de réduire la facture énergétique française. » Le ministère de l’écologie reste circonspect : « Dans le domaine de l’énergie, tout emballement sur de potentiels eldorados est souvent risqué et prématuré »*. Jusqu’à présent, la sagesse écologique est perdante face aux intérêts économiques à court terme. Nos concitoyens devraient être mieux informés des enjeux du long terme…
* LE MONDE du 29 janvier 2013, le grisou, nouveau sujet de tension entre M. Montebourg et Mme Batho
Cette fuite en avant dans la combustion des ressources me fait penser à ces films où, pour rattraper le train précédent, nos héros font brûler dans leur loco jusqu’aux banquettes du wagon. Mais le parallèle s’arrête là: dans le film, la scène finale est une apothéose sans besoin d’imaginer des lendemains; dans la réalité, c’est la gueule de bois qui nous guette au tardif réveil.
LORSQUE L’INTELLIGENCE HUMAINE EST UTILISÉE POUR NE PAS COMPRENDRE
Le cerveau humain possède une capacité a priori unique dans le monde animal : se projeter dans un avenir lointain, et imaginer ce qui se passera, par exemple, dans 15 ans. En 2013, toute personne rationnelle qui s’informe sur la question du climat arrive à une conclusion somme toute logique : un champ transformé en béton par la sécheresse ne produit pas de nourriture. Pour cette raison, et beaucoup d’autres, la destruction du climat signifie que des dizaines de millions de personnes vont mourir.
Le Parti de la Résistance (PR) a été fondé pour dire l’évidence, à savoir que ce charnier ne sera pas la faute à « pas de chance », mais le résultat de la volonté délibérée des pays riches de continuer à consommer l’énergie fossile comme des porcs.
Les négociations internationales sur le climat se déroulent dans des enceintes très policées, très « propre sur soi », où des gros mots comme « pollution » sont, bien heureusement, remplacés par des bluettes du style « émissions ». Il arrive cependant qu’une pensée claire émerge de ce gargouillis diplomatique. Fin 2011, en Afrique du Sud, la 17e conférence sur le climat des Nations Unies a invité une jeune femme pour représenter la « société civile » et parler. Anjali Appadurai s’exprime devant la séance plénière : « Le fait de penser sur le long-terme n’est pas « radical ». Ce qui est « radical », c’est de (…) condamner à mort des millions par le changement climatique ». Certes, elle n’a pas utilisé le mot « génocide »… Elle en a juste donné une définition d’autant plus claire qu’elle est concise.
Or les gens utilisent leur intelligence pour réussir le tour de force qui consiste à ne pas voir l’évidence.
Pierre-Emmanuel Neurohr
Nota bene : pensez à faire suivre ces informations à vos contacts, et à leur dire qu’ils peuvent s’abonner à La Lettre de la Résistance via le site : http://www.parti-de-la-resistance.fr
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