Comme l’anticipait le panneau surplombant les portes de l’Exposition universelle de Chicago en 1933, « La science explore, la technologie exécute, l’Homme se conforme ». En 2005, l’Expo universelle Aichi au Japon était la confirmation de cette prévision : l’homme se conforme ! Cela se voulait un grand spectacle consacré aux rapports entre les humains et leur milieu ; l’Expo avait pour thème « Sagesse de la nature ». En réalité, on voyait des robots dinosaures ou humanoïdes qui vous guidaient dans un parc à thème sans jamais aborder le problème de fond, la relation entre technologie et destruction de l’environnement. La logique de ces spectacles « universels » reste donc inscrite dans la foi inébranlable en un scientisme né avec l’industrialisation. Aujourd’hui en 2013, la technologie a envahi tous les esprits. Ainsi de Kate Darling* qui veut même donner des droits aux robots !
Elle voudrait traiter les robots comme s’ils étaient vivants alors qu’ils ne sont que des objets : « En décourageant la maltraitance des robots sociaux, on promeut des valeurs que l’on juge bonnes pour notre société, comme bien traiter toutes les choses et tous les êtres. Si un enfant donne des coups de pied dans son jouet robotique, il le fera peut-être aussi à un chat ou à un autre enfant… Et puis nous aimons nous attacher à ces robots, penser que leurs émotions sont réelles, que ce sont nos amis.» Elle veut donc faire ami ami avec son robot pour le plus grand bonheur de l’industrie du jouet. Or l’expérience historique montre que nous n’avons pas assez donné de coups de pied aux machines. Kate Darling n’a aucune conscience de l’autonomie acquise par la technologie qui fait maintenant des humains les esclaves de ses machines. Rappelons qu’au début du XIXe siècle une loi fut voté punissant de mort les luddites* qui détruisaient les machines textiles qui leur enlevaient leur travail. Depuis lors, soyons clair, les machines ont acquis plus d’importance que les humains. Il y a certes des robots de compagnie… qui empêchent d’avoir de véritables relations avec les autres ou la nature. Il y a surtout des robots qui remplacent les mamans, des robots tueurs au service de l’armée, des robots qui mettent au chômage les ouvriers, etc. Qu’il est doux de démembrer un robot quand on a tout cela à l’esprit…
Partout où ils se trouvent, les néo-luddites tentent de faire entendre ce constat : quels qu’en soient les avantages présumés en termes de rapidité, de commodité, de gain de richesse ou de puissance, la technologie industrielle a un prix ; dans le monde contemporain, ce prix ne cesse de s’élever et de se faire plus menaçant. Non à un monde robotisé… Détruisons les robots, et n’achetons pas de jouets à pile.
* LE MONDE Science&techno du 16 février 2013, « Donnons des droits aux robots »
** quelques précisions sur les luddites :
1995 La révolte luddite, briseurs de machine à l’ère de l’industrialisation de Sale Kirkpatrick
2006 Les luddites (bris de machines et économie politique) de Bourdeau et Jarrigue
2009 Face au monstre mécanique (une histoire des résistances à la technique) de François Jarrige
2010 Les luddites en France (résistance à l’industrialisation et à l’informatisation) par collectif coordonné par Cédric Biagini et Guillaume Canino
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« Elle voudrait traiter les robots comme s’ils étaient vivants alors qu’ils ne sont que des objets »
Pascal Durand veut etendre « la fraternite » aux mineraux (Liberation, 12 aout 2012,«Si Jaures était vivant, il serait ecologiste» »).
Dans le genre fou a lier, EELV n’a donc pas de lecons a donner. « Qu’il est doux de fracturer du schiste quand on a cela a l’esprit