La meilleure manière de ne pas perdre d’argent et d’en moins dépenser. En 2012, la facture énergétique française a établi un nouveau record pour un total de 68,5 milliards, soit près de 7 milliards de plus que le précédent record de 2011.* Le journaliste Hervé Kempf en tire la conclusion qu’il faudrait introduire dans la réflexion des mots aussi inconvenants qu’économies d’énergie, proposer de se passer d’écrans publicitaires dans le métro ou de télévisions dans les lieux publics et penser besoins réels et réduction de la demande plutôt qu’augmentation de la production d’énergie. Et quand il s’agit d’énergie, on se retrouve au cœur du fonctionnement de la civilisation thermo-industrielle.
Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici, « Bien gérer la sortie de scène du Père fossile ne va pas être une mince affaire »**. Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. Sans énergie, impossible de déplacer un objet (ou notre propre corps), illuminer ou chauffer une pièce, transformer un poisson dans l’océan en poisson dans notre assiette. Cette énergie fossile à profusion, c’est la véritable cause de la hausse de notre pouvoir d’achat. Réduire nos importation de pétrole et de gaz, c’est accepter obligatoirement une baisse de notre pouvoir d’achat.
A défaut de vouloir une décarbonisation massive, ce qui nous attend est une réédition de craquements comme nous en avons connu avec une intensité croissante depuis 1974, chaque choc étant plus terrible que le précédent, jusqu’au moment où la pénurie de ressources fera voler en éclats la civilisation actuelle. N’oublions pas qu’une facture énergétique de 68 milliards pour le commerce extérieur correspond aussi à une entrée de 20 à 25 milliards dans le budget de l’Etat… Sans pétrole, l’Etat serait déjà en faillite. Que faire ? Le marché carbone était une imposture, Sarkozy (et Hollande) refusent la taxe carbone, il nous arrivera bientôt la carte carbone. Faute d’avoir économiser l’énergie, elle nous sera rationnée… et c’est un moindre mal. Le totalitarisme suit trop souvent les soubresauts de l’histoire humaine.
* LE MONDE du 24-25 mars 2013, 68 milliards d’euros (chronique écologie d’Hervé Kempf)
** Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (Calmann-lévy, 2011)