Il s’agit d’un simple tweet* du président américain Barack Obama ; « Dites aux négateurs du changement climatique qui siègent au Congrès d’arrêter d’ignorer les preuves écrasantes de la science ». En 140 signes maximum, la condamnation n’est-elle pas puérile ? Mais le message est accompagné d’une vidéo. Le montage rappelle que, en 2011, 240 parlementaires américains ont estimé que le changement climatique était un canular. Depuis, 24 auditions parlementaires sur le climat ont toutes été rejetées par les républicains. Elle moque ensuite ces derniers, tournant en dérision leurs déclarations publiques sur la science climatique.
John Boehner (président de la Chambre des représentants) : « C’est presque comique. Chaque fois que nous expirons, nous expirons du dioxyde de carbone. Toutes les vaches du monde, lorsqu’elles font… eh bien… ce qu’elles font, cela ajoute du dioxyde de carbone. »
Ted Poe (Texas) : « Nous respirons tous du CO2, il n’y a aucune preuve que le CO2 humain change le climat. »
Bill Cassidy (Louisiane) : « Cela peut être séculaire, ou juste un changement de l’axe » de rotation de la Terre…
Dana Rohrabacher (Californie) : « Les calottes polaires fondent, mais elles l’ont toujours fait. Et elles fondent sur Mars aussi ! »
Pour faire piètre contre-poids à ces « négateurs » (« deniers », en anglais), la vidéo reprend un bref extrait du discours sur l’état de l’Union, prononcé par Barack Obama à la mi-février. « Nous pouvons choisir de croire que la super-tempête Sandy, que la plus sévère sécheresse depuis des décennies et que les pires feux de forêt jamais vus dans certains Etats ne sont qu’une bizarre coïncidence. Ou nous pouvons choisir de croire le jugement de la science et agir avant qu’il ne soit trop tard. » Une telle réponse « ou, ou » n’est pas crédible. Les négationnistes du climat s’y retrouvent aussi !
Rappelons à Barack Obama quelques données sur le mode de vie américain si nuisible pour le climat : « Comparés aux habitants d’autres pays de même niveau de richesse, les Américains ont plus de voitures par personne, font plus de kilomètres, prennent plus souvent l’avion et vivent dans de plus grandes maisons. Le menu américain moyen à base de viande équivaut, pour les émissions de gaz à effet de serre, à 2900 kilomètres de conduite automobile. En 1980, la maison uni-familiale moyenne avait une surface de 162 m2, en 2000 elle couvre 234 m2. Il s’avère que 95 % de ces maisons possèdent au moins deux salles de bain, 90 % l’air conditionné et 19 % des garages pour trois voitures ou plus. L’Américain moyen émet 19,7 tonnes de CO2 par an tandis que les Allemands, les Japonais en émettaient 10 tonnes environ. Si les Américains voulaient vraiment modifier leur mode de vie, ils pourraient – sans sacrifice inutile – réduire leur empreinte bien au-delà de la moitié des chiffres actuels. »**
* LE MONDE du 28-29 avril 2013, l’offensive de M Obama contre les « négateurs » (un vrai faux titre !)
** in La véritable richesse de Juliet B.Schor (éditions Charles Léopold Mayer, 2013)