« Le mot « économie » et le mot « écologie » sont connectés. Ils viennent de la même origine, ont la même racine : oikos, qui en grec signifie « maison ». Mais ici la maison doit être prise au sens large, la planète entière est notre maison. En grec, le mot logos signifie la connaissance et nomos signifie la gestion. Il y a une extraordinaire solidarité dans la nature : tout le monde permet à tout le monde d’exister. La connaissance de cette interrelation, c’est logos ; l’écologie est une science qui permet d’étudier toutes les espèces et leurs relations entre elles. N’étudier qu’une seule espèce n’est pas de l’écologie. L’économie est la gestion de la planète terre. on doit donc gérer la forêt, l’eau, les sols, les animaux, les humains, etc. Mais de nos jours l’économie se réduit à la seule étude de l’économie humaine à travers l’argent et la finance.
De nos jours on enseigne l’économie dans nos universités (la gestion de notre maison), mais on n’enseigne pas l’écologie (la connaissance de notre maison). Comment gérer quelque chose qu’on ne connaît pas ? Nos économistes n’ont absolument aucune connaissance de l’écologie. Or on ne peut pas être un bon économiste si l’on n’est pas un bon écologiste. Pour gérer quelque chose, on doit le connaître. C’est pourquoi les deux matières, l’économie et l’écologie, doivent être enseignées ensemble. Enseigner l’économie sans enseigner l’écologie, c’est comme marcher sur une seule jambe : on boite, on se fatigue, et on finit tôt ou tard par s’écrouler.
L’économie de la nature doit être un mentor, un professeur, doit être pris comme exemple. L’économie de la nature est cyclique : on plante une graine qui devient un arbre en se nourrissant du sol et du soleil ; puis l’arbre donne des fleurs et des feuilles qui tombent et retournent à la terre pour nourrir de nouveau le sol et le cycle recommence. Notre économie humaine doit aussi être cyclique. Il n’y a aucune raison que nous ayons des déchets, des plastiques, des décharges… Et il ne peut pas y avoir de croissance infinie dans un monde fini. Notre planète est limitée, la croissance économique n’est pas bonne. Nous devrions savoir nous arrêter, et arrêter de produire, produire, produire juste pour sauvegarder des emplois et pour faire de l’argent. »
analyse de Satish Kumar in L’Ecologiste n° 40, été 2013
Pour en savoir plus sur Satish Kumar,
son autobiographie qui mérite le détour :
La négligence des facteurs naturels est un vrai problème dans les sciences économiques et dans leur enseignement. S’il était intellectuellement intéressant de définir la valeur des objets et des services comme la somme du travail humain (directe ou indirects accumulé pour les produire (ou comme leur prix fonction de la confrontation offre-demande dans une vision plus « néo-classique) cette approche devient inopérante pour comprendre les problèmes d’un monde de surface finie. Dès que nous touchons les limites du monde, une économie politique qui se résumerait à cette vision des choses devient infirme, impuissante et presque « inintelligente ». La nature est en amont de l’activité des hommes.