mensuel « La Décroissance » numéro 101, le bilan général

Ce numéro double juillet-août 2013 nous fait l’historique de la revue. Il contient aussi comme d’habitude des informations intéressantes. Nous avons relevé deux choses. D’abord, la messe est dite, ensuite il faudra penser et agir autrement :

François Roddier, auteur de Thermodynamique de l’évolution : « Aujourd’hui, il est trop tard pour éviter un effondrement des sociétés et les concepts de la thermodynamique feront partie de nos sociétés futures. De sauvage comme aujourd’hui, notre dissipation de l’énergie deviendra régulée. »

Dominique Bourg, philosophe : « Je partage la conclusion générale de François Roddier. Je suis persuadé comme lui que nous n’éviterons pas un effondrement des sociétés. On a mis en branle des processus qu’on n’arrive plus à contrôler. La compétitivité, le rêve du retour à la croissance sont toujours des priorités et prennent le pas sur le dérèglement climatique et l’érosion des espèces. L’humanité va faire l’expérience de l’absurdité de la quête de la puissance, qui aujourd’hui est universalisée. Le scénario probable, c’est que ce processus ira à son terme. Il me paraît improbable que les Etats fassent volte-face et choisissent l’autolimitation. »

Lewis Mumford : « La civilisation moderne n’est plus qu’un véhicule gigantesque, lancé sur une voie à sens unique, à une vitesse sans cesse accélérée. Ce véhicule ne possède malheureusement ni volant, ni frein, et le conducteur n’a d’autres ressources que d’appuyer sans cesse sur la pédale d’accélération, tandis que, grisé par la vitesse et fasciné par la machine, il a totalement oublié quel peut être le but du voyage. Assez curieusement on appelle progrès, liberté, victoire de l’homme sur la nature, cette soumission totale et sans espoir de l’humanité aux rouages économiques et techniques dont elle s’est dotée. L’homme, qui s’est assuré une domination incontestable sur toutes les espèces animales d’une taille supérieure à celle des virus et des bactéries, s’est avéré incapable de se dominer lui-même. » (La cité à travers l’histoire, 1964)

Nicholas Georgescu-Roegen : « Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d’une baisse du nombre de vies à venir. » (La décroissance : entropie-écologie-économie, 1979)

Cornelius Castoriadis : «  On est rentré dans une époque d’illimitation dans tous les domaines. La société capitaliste est une société qui court à l’abîme, parce que c’est une société qui ne sait pas s’autolimiter. Une société vraiment libre, une société autonome, doit savoir d’autolimiter. » (France-inter, émission Là-bas si j’y suis, 25 novembre 1996)