Le titre est explicite : « Le tout-pétrole (timidement) contesté en Norvège. » Mais l’article se cache en bas de page du supplément géopolitique*. Il faut vraiment lire attentivement le quotidien de référence pour percevoir l’avenir qui nous attend. Ramus Hansson est le premier et le seul élu des Verts dans le nouveau parlement norvégien. Pour lui, il ne fait pas de doute que le pétrole norvégien doit rester là où il est : « Il est évident que les nouveaux gisements en mer de Barents ne doivent pas être exploités. Le pétrole est une ressource fabuleuse qui peut être utilisée pour beaucoup de choses, comme la pétrochimie. Il serait donc primitif de simplement le brûler. » Ramus Hansson s’appuie aussi sur l’argument climatique : « Si nous voulons rester sous la barre des deux degrés en termes de réchauffement climatique, nous devons laisser les deux tiers des réserves de pétrole et de gaz connues dans le sol. Dans le cas norvégien, si tout ce qui est déjà trouvé est consommé, nous exploserons nos objectifs. La conclusion est que nous devons arrêter maintenant. » Pourtant la Norvège a réaffirmé sa volonté d’être un producteur d’hydrocarbures aussi longtemps que possible et le Parlement a voté en faveur de nouvelles activités pétrolières et gazières.
Nous apprécions l’expression de Ramus Hansson : c’est vraiment « primitif », c’est une totale absence de raisonnement à long terme que de brûler les richesses du sous-sol. Mais Ramus Hansson est le seul à exprimer ce qu’il faudrait. Le gouvernement socialiste comme les « écolos » français ne raisonnent pas mieux que le parlement norvégien : on ne prépare donc pas la civilisation de l’après-pétrole, on se contente de vouloir brûler ce qu’il reste des ressources fossiles… Nous sommes une société digne d’Attila. Les générations futures, du moins les personnes qui survivront aux déflagrations qui se préparent, penserons que nous avions une mentalité de barbares, sans foi ni loi, avec des élus indignes d’être élus.
* LE MONDE du 26 septembre 2013
« Au moment où il faudrait anticiper la sortie des énergies fossiles, pour que la transition soit socialement la plus douce possible, nous sommes dans une sorte de frénésie pour aller exploiter toutes les ressources fossiles possibles et imaginables avec les techniques les plus dévastatrices. Au lieu d’être raisonnables, c’est la fuite en avant, ce que les sociologues appellent la « tentation de la ruine ». »
(Nicolas Hulot dans son dernier livre, « Plus haut que mes rêves »)