La prévision en matière de pétrole est simple, le pic du pétrole conventionnel est dépassé depuis 2006, nous allons donc connaître la descente énergétique et la hausse structurelle du prix du baril qui accompagne la raréfaction de l’offre. Mais Fatih Birol est là pour ne pas le dire, il est l’économiste en chef de l’AIE (agence internationale de l’énergie), une émanation du club des pays riches (l’OCDE) chargé de garantir l’approvisionnement en combustibles du monde développé. Comme chaque année en novembre, LE MONDE brosse les chaussures de Fatih Birol à l’occasion de son rapport annuel, le World Energy Outlook, qui détaille les scénarios de production et de consommation d’énergie à moyen terme.
En novembre 2012, Fatih Birol déclarait : « La future autonomie énergétique américaine est due au développement des technologies de pointe qui lui permettent notamment d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste. » Fatih Birol croyait que la demande d’énergie allait croître de plus d’un tiers d’ici à 2035, nulle pensée pour le peu de possibilité pour le gaz de schiste d’éponger notre soif de carburant, nulle mention dans son discours de la nécessaire sobriété énergétique. Pour lui, la « demande » se résumait à la politique menée par Obama en faveur des biocarburants. Nulle remarque sur l’incompatibilité entre agrocarburants et nourriture, nul rappel du fait du pic pétrolier, « dormez braves gens ».
En novembre 2013*, Fatih Birol récidive en faveur des gaz de schiste : « Je crois que grâce à eux, le secrétaire d’Etat américain doit se sentir dans une situation plus confortable lorsqu’il est en tournée à l’étranger ». Ils ont certes réduit la dépendance des Etats-Unis aux hydrocarbures du Moyen-Orient, mais ce n’est que temporaire. Nulle mention dans l’article du MONDE* de l’opposition internationale aux gaz de schiste, nulle référence à une quelconque avancée technologique pour limiter les effets environnementaux désastreux de la fracturation de la roche mère. Si on vous dit que Fatih Birol est aussi en faveur du nucléaire, vous ne serez donc pas étonné. Un avenir sans pétrole ni nucléaire n’est pas abordé.
Fatih Birol pratique la désinformation de la population et les auteurs de l’article, les journalistes Jean-Michel Bezat et Gilles Paris, font de même. Pour ces gens-là, il n’est pas question de préparer la civilisation de l’après-pétrole, il faut rassurer les automobilistes… C’est pourquoi notre réveil sera brutal, quand il n’y aura plus de carburant à la pompe !
* LE MONDE éco&entreprise du 12 novembre 2013, Fatih Birol, le prévisionniste en chef du monde de l’énergie
Pour l’économiste Birol, la morale n’est pas « bankable » 🙁
La nature ne négociera pas, en effet, et bientôt notre « court termisme » dont les propos de Monsieur Birol constituent une excellente illustration, sera brutalement sanctionné. Toutefois, compte tenu, hélas, du nombre d’espèces qui en font et en feront encore les fais, on peut estimer que la morale n’y trouve pas son compte.
« Notre mode de vie n’est pas négociable ». La Nature non plus ne négociera pas, et c’est elle qui a les cartes en main.