Congressistes, restez chez vous ! Vous ne servez à rien. L’accord 2013 sur le climat est adopté à Varsovie… pour rien. On se reverra l’an prochain pour une autre « conférence d’étape, on prendra l’avion et on étudiera les modalités de la prochaine conférence. Celle de 2015 à Paris fera un accord engageant pour la première fois tous les pays qui n’entrera en vigueur qu’en 2020…ou plus tard. Tout sommet international se termine par un texte, mais ce n’est que du vent : tout le monde repart frustré mais de façon équitable ! L’objectif toujours repoussé de limiter le réchauffement à 2° C devient inaccessible. Alors soyons concret.
Le chef de la délégation sriklankaise à Varsovie met le doigt où ça fait mal : « Nous continuerons à essayer de nous mettre d’accord chaque année en contribuant toujours plus aux émissions de CO2 par nos voyages en avion. » Les ONG (Organisation non gouvernementale) comme Greenpeace, Oxfam ou WWF, avaient envoyé 800 observateurs à Varsovie, sachant par avance que cette conférence dans un pays pro-charbon et gaz de schiste n’allait servir à rien. Elles ont claqué la porte de la conférence avant son terme, ses militants auraient mieux fait de ne pas prendre l’avion et sensibiliser chez eux la population pour qu’elle roule en vélo plutôt qu’en voiture.
Le mensuel « Silence » de novembre 2013 pense aussi que prendre l’avion ne défend pas le climat : « En juin 2013, le RAC (Réseau action climat, regroupement de 850 ONG) a lancé une campagne – l’avion c’est du vol – demandant que l’avion soit taxé pour la pollution qu’il émet. Toutefois certains d’entre nous ont reçu un courriel du RAC les invitant à participer au sommet climatique de juin 2013 à Istanbul. Au nom de l’efficacité, évidemment les salariés des associations prennent l’avion. Or l’avion est le plus sûr moyen de détruire la planète (le plus fort taux d’émission de gaz à effet de serre par passager transporté). Qu’en est-il de notre cohérence ? « La fin est dans les moyens comme l’arbre dans la graine » nous disait Gandhi. Il serait peut-être temps d’apprendre à modérer nos déplacement militants, à apprendre à déléguer à des personnes vivant sur place. Lors du premier forum social mondial de Porto Alegre en 2001, notre revue Silence avait cofinancé l’envoi d’un journaliste sur place. Celui-ci avait pris l’avion comme plusieurs centaines d’autres Français ! Nous n’avons pas renouvelé l’opération : nous avons fait le constat que nous pouvions interroger les personnes rencontrées sans nous déplacer : en leur écrivant, en leur téléphonant et maintenant en échangeant par Internet. Il serait intéressant que les animateurs du RAC mettent en place un outil de contrôle de leurs propres émissions de gaz à effet de serre et montrent l’exemple en les diminuant. » Rien n’empêche les autres participants d’une conférence mondiale de se coordonner sans se déplacer. Nous y gagnerions même en efficacité, ce qui n’est pas difficile, surtout pour une négociation sur le climat !