Cécile Duflot voulait éviter ce titre dans les journaux : « Duflot huée, Cosse mal élue ». C’est loupé, la phrase est publiée*. François Hollande ne va pas être content, Cécile ne tient pas son parti, il commence à bouger. Les 600 délégués au Congrès de Caen du 30 novembre on voté la liste. Duflot à 51 % seulement. Une opposition apparaît, menée par Yves Cochet et Alain Lipietz, deux vétérans de l’écologie politique. La grande synthèse unitaire et factice voulue par Cécile a vécu, deux conceptions différentes de l’écologie politique apparaissent au grand jour.
Le discours de Cécile Duflot avant le vote des motions d’orientation a été surréaliste : « Se diviser, c’est ne pas parler à la société, se rassembler, c’est ce qu’il nous faut. » Alors que l’écologie liée au gouvernement actuel est devenue inaudible aux yeux des citoyens, la formule est osée. Elle estime que « la tentation de confort de la minorité » est un renoncement à l’action. Assez gonflé quand on sait que son courant détient actuellement tous les mandats de pouvoir (ministres, députés, sénateurs, têtes de liste aux européennes, têtes du parti). C’est un déni de la démocratie, de la nécessité qu’il y ait un contre-pouvoir qui puisse limiter le pouvoir de la firme qui s’est constituée autour d’elle.
La désignation d’Emmanuelle Cosse au poste de secrétaire nationale avant même la tenue du congrès est caricaturale de cet état de fait. Après officialisation « démocratique » de sa nomination, que sait-on d’Emmanuelle ? On ne connaît rien de ses convictions écolos, un passage par Act Up n’est pas un très bonne formation en la matière. Mais pour arriver à la plus haute responsabilité alors qu’on est une adhérente récente, il suffit de devenir la gardienne du temple Duflot-Placé. Jean-Vincent Placé pavoise : « Emmanuelle est super, elle est sur ma ligne, je suis un vrai fan. » Mais à part noyauter ce parti et distribuer postes et prébendes, quelle est la ligne politique de JVP ? Il s’agit seulement pour lui d’organiser un syndicat d’éluEs. Cela lui suffit, JVP ne parle jamais d’écologie. Une mise en ménage d’Emmanuelle avec le député vert Denis Baupin ne pouvait qu’accélérer son fulgurant parcours. On ne doute pas qu’elle fera tout ce que lui demandera la firme.
Un fan de Duflot s’exprimait à la tribune : « Arrêtons de nous dire des méchancetés entre nous. » Il ne s’agissait nullement à ce congrès de confrontations puériles, mais du choix entre deux stratégies, deux orientations politiques. D’un côté poursuivre le soutien à un gouvernement socio-démocrate au service du système dominant, libéral et croissanciste. On prétend au réalisme de la gestion, on s’enlise dans la compromission ; il s’agit d’une écologie complice. De l’autre on défend une écologie de rupture avec une société productiviste qui nous mène droit dans le mur. Car contre un réalisme gestionnaire de courte vue, il y a les réalités de la planète, le réchauffemnt climatique, l’épuisement des ressources non renouvelables, la fragilisation extrême des ressources non renouvelables, un désastre social qui conjugue un consumérisme exacerbé par la publicité et des travailleurs de plus en plus précarisés. Soulignons qu’à ce congrès, seule l’opposition à Cécile Duflot a souligné l’urgence écologique. C’est significatif.
En définitive ce congrès a abordé indirectement la question principale : Faut-il sortir de ce gouvernement socialiste ? La réponse est donc un oui timide, sans majorité forte ni opposition renforcée. L’écologie portée par EELV va continer à être inaudible. Les trois quarts des Français ont maintenant une mauvaise image de Cécile Duflot. Et Jean-Vincent Placé a une plus mauvaise image encore. Il est nécessaire que l’écologie politique revienne rapidement à ses fondamentaux, le dépassement d’une société de croissance, le respect de la nature, le sens des limites de la planète…
* Journal du dimanche, 1er décembre 2013
« Il est nécessaire que l’écologie politique revienne rapidement à ses fondamentaux, le dépassement d’une société de croissance, le respect de la nature, le sens des limites de la planète… »
Vous avez tout dit !
Est-il encore utile de s’interroger sur EELV ?
Il est un moment où continuer de participer à une mascarade devient de la complicité …
A quand un mouvement qui regarde sans préjugés ni oeillères les problèmes et les solutions à mettre en oeuvre, et là il y a aussi du ménage idéologique à faire, y compris chez les opposants à la firme CD-JVP ?
Communiqué de presse de la motion d’opposition « LMP, Avenir écolo et Objectif Terre » : Le changement, c’est pour Caen?
Ce week-end, le congrès d’EELV devait définir une ligne politique réaffirmant notre volonté de transformation écologique et clarifiant notre position par rapport au gouvernement, et donner des signes visibles de partage des responsabilités et de démocratie interne.Au premier tour de ce congrès le 16 novembre, cette volonté avait été exprimée par 62% des adhérents.
Pourtant à l’issue du deuxième tour, ces objectifs ne sont pas remplis. La courte majorité de 51% associe partisans d’une distance à l’égard des politiques menées par ce gouvernement et soutiens inconditionnels de la participation gouvernementale. Nous le regrettons et nous souhaitons réaffirmer le projet qui est le nôtre :
– l’autonomie à l’égard du gouvernement, dans un dialogue constant avec les élu-e-s pour éviter la succession des positions politiques individuelles, parfois contradictoires comme sur le vote du budget ou des retraites;
– la mise en avant des fondamentaux du projet, de la transition écologique au non cumul des mandats, en passant par le refus d’une confiscation technocratique de l’Europe,
– la démocratie interne avec notamment le partage des responsabilités.
La question de notre présence au gouvernement continue de se poser, en particulier dans la perspective des échéances électorales de 2014. C’est pourquoi nous prendrons l’initiative de proposer à nos adhérents un référendum sur cette question. Nous ne faisons pas partie de la majorité d’EELV issue du Congrès de Caen, nous sommes plus que jamais engagés dans la construction d’un projet qui réponde réellement aux attentes du monde de l’écologie.
Pierre LUCOT (Objectif Terre)-
Lucile SCHMID et Jacques BOUTAULT (La Motion Participative) –
Alexandre JURADO (Avenir Ecolo) –