Le livre de Tim Flannery, « Penser la Terre* », n’est pas très intéressant car mû par un optimisme délirant : « Celui qui s’avisa le premier de faire pousser la canne à sucre donna à l’humanité sa plus rentable ressource végétale. Dans un monde à l’aube de la révolution des biocarburants, son importance en fera que croître, car la canne à sucre est notre meilleure source d’éthanol. » (…) « Ma voiture hybride peut se garer sans assistance, et pourrait bientôt se conduire seule. » (…) « Il est clair que l’adoption de véhicules électriques entraînera la mise en place de technologies « intelligentes » » (…) « Le réseau intelligent finira par ressemble à notre système nerveux autonome, qui contrôle automatiquement, sans que nous nous en rendions compte, notre respiration et nos battements cardiaques » (…) « Il semble peu probable de voir des dictateurs s’installer dans l’ouest de l’Europe » (…) « Le cours de l’histoire peut être modifié par certains individus dotés d’un tempérament et de talents particuliers. » (…) « Si notre civilisation survit à ce siècle, la démocratie pourrait bien se répandre sur la planète et créer un mode de gouvernement universel » (…) « Si nous sommes le premier super-organisme intelligent, alors nous sommes destinés à peupler l’univers. Si nous réussissons, alors Gaïa entrera dans la puberté ; elle deviendra fertile, transmettant l’étincelle de vie d’une sphère morte à l’autre. »
Le livre s’enlise dans le détail des gènes et des mnèmes, de l’expansion humaine et de notre suprématie apparente : « L’homme, la seule espèce de primates bipèdes qui ait survécu, est devenu le maître du monde. » (…) « La démocratie fabrique un ciment de super-organisme bien plus solide qu’aucun autre auparavant : l’intérêt personnel. » (…) « Seule la démocratie peut garantir le droit des individus, notamment le droit à la propriété » (…) « Si le super-organisme humain survit et évolue, grâce aux système de surveillance, on pourrait forger une Terre intelligente capable de prédire les dysfonctionnements, et d’y parer avec précision. » (…) « Nous serons bientôt capables de faire des voyages interstellaires, il ne faudrait que 5 à 50 millions d’années pour conquérir la galaxie. »
Bien entendu il y a aussi quelques remarques intéressantes, 348 pages ce n’est pas rien… mais l’auteur, mammalogiste, n’est certes pas un militant engagé : « Réduire la consommation des riches est une tâche ardue. Si l’on dénonce systématiquement la surconsommation, qu’il s’agisse de véhicules 4×4 circulant en ville ou de maison surdimensionnés voraces en énergie, on réussira peut-être. Mais cela nécessite du courage et l’engagement de tous. Lorsque je suis témoin de ces excès, je suis tenté d’intervenir. Trop souvent, je me tais, par peur du ridicule. »
Les deux seules pensées de ce pensum à retenir sont en définitive la première et la dernière phrase : « Ce livre est une biographie jumelle, de notre espèce et de notre planète, qui s’interroge sur la notion de durabilité : non pas sur le moyen d’y parvenir, mais sur sa définition. Il a été écrit à une époque où il semble vain d’espérer que l’homme prenne les mesures nécessaires pour éviter un désastre climatique. » (…) « Ce dont je suis sûr, c’est que si l’homme ne s’efforce pas d’aimer son semblable et sa planète autant qu’il s’aime lui-même, plus aucun progrès ne sera possible pour l’humanité ici sur Terre. »
* Penser la Terre (plaidoyer optimiste pour notre futur)
Editions Buchet-Chastel, 348 pages, 22 euros (novembre 2013)