L’Eglise en lutte contre le réchauffement climatique ?

Nicolas Hulot, envoyé spécial du président François Hollande pour la protection de la planète : « Tous les ingrédients sont aujourd’hui réunis pour que la conférence de Paris de 2015, où doit être signé le premier accord mondial engageant tous les pays contre le réchauffement, soit un échec… Nous sommes passés en l’espace de vingt-cinq ans d’une forme d’indifférence à une forme d’impuissance… Peut-être les autorités religieuses pourront rappeler les politiques à la raison… Ma démarche vise un second objectif… L’homme est-il là pour dominer la nature, comme l’affirment certains textes ?Il est fondamental que les Eglises, et l’Eglise catholique en particulier, clarifient la responsabilité de l’homme vis-à-vis de la «Création», pour reprendre le langage des croyants… Les Eglises peuvent-elles rester inaudibles alors que l’œuvre de la Création est en train de se déliter sous leurs yeux ?… Après avoir étudié les textes religieux pour préparer ma visite au Vatican, j’ai réalisé que l’Eglise catholique n’évoquait pas le changement climatique. Or, comme vous le savez, les choses mal nommées n’existent pas. Le sentiment est plutôt donné que les événements extrêmes actuels sont à mettre au registre des catastrophes naturelles. Il est donc important que l’Eglise précise clairement les choses…

La croissance démographique joue un rôle dans la crise écologique. Pensez-vous que le Saint-Siège soit prêt à un revirement sur des questions comme le contrôle des naissances ou la contraception ?

A titre personnel, je pense que c’est un sujet central qui passe par l’éducation et la sensibilisation des populations... »*

Admirons d’abord la manière de Nicolas Hulot d’éluder la responsabilité du Saint-Siège dans l’évolution démographique. Les Eglises encouragent la surnatalité, générant ainsi des problèmes socio-économiques et écologiques incontrôlables. Dans un livre** qui vient de paraître, Jean-Claude Noyé s’interroge sur « les grandes traditions religieuses face à la question démographique ». Peut-on sortir de l’encyclique Humanae Vitae (juillet 1968) qui condamne la contraception ? S’il y a bien des institutions qui sont un problème et non une solution en matière de planning familial, ce sont bien les Eglises.

Mais gardons surtout à l’esprit l’appel de Nicolas au respect de la « Création » par les religions monothéistes, ce qui devrait quand même être le fond de commerce des servants du « Créateur ». Un discours oecuménique pourrait se résumer en une simple phrase : se rapprocher de notre planète, c’est se rapprocher de Dieu. Ouvrons les yeux ! Autour de nous, la vie, miraculeuse… Pour combattre les émissions de gaz à effet de serre, il y un autre point de convergence majeur avec l’Eglise catholique, c’est la nécessité de la sobriété énergétique dans notre comportement qui irait de pair avec le sentiment d’humilité prôné par le pape François. Le pape François va-t-il faire un deal avec la nature comme l’y incite son modèle de référence, François d’Assise ? Puisse Nicolas Hulot faire bouger un peu les lignes…

* LE MONDE du 5 février 2014, Hulot : « Les Eglises peuvent provoquer un sursaut de conscience face à la crise climatique »

** « Moins nombreux, plus heureux », livre à commander dès maintenant à votre libraire local ou (à la rigueur) dans une librairie en ligne : Amazon ; Decitre ; FNAC

4 réflexions sur “L’Eglise en lutte contre le réchauffement climatique ?”

  1. François et St François d’Assise.
    Benoît XVI qui a proclamé Sainte Hildegarde de Bingen
    L’Eglise comme conscience peut être une chance pour l’écologie. C’est peut-être le moment de rappeler que la démarche de Nicolas Hulot n’est qu’un lointain écho à la prise de position de Bernard Moitessier, au retour de sa ‘longue route’, qui avait lancé un appel à la papauté pour défendre un mode de vie écolo. Appel resté sans suite, les Amis de la Terre France avec Alain Hervé ayant pris le relais.
    Quel dommage que les écolos ne connaissent pas leur propre histoire … !

  2. La réponse de Nicolas Hulot sur la démographie est ambiguë.
    Dans un premier temps il admet que c’est un problème central mais dès la phrase suivante il reprend la vieille antienne selon laquelle « ce n’est pas l’homme qui pose problème mais tout ce qu’il traine avec lui ». Très vite on retombe donc sur l’idée que le mode de vie est le seul responsable du problème. C’est le fameux consensus qui regroupe, dans une touchante unanimité, le monde politique (de l’extrême droite à l’extrême gauche), les économistes, la quasi-totalité des écologistes et même les décroissants, grand pourfendeurs du système mais qui sur ce point préfèrent généralement se rallier prudemment à la « bien pensance » générale.
    Bref il serait vraiment intéressant d’avoir un dialogue avec Nicolas Hulot pour montrer que la question du nombre des hommes est bien centrale mais qu’en plus seul leur mode de vie ne pose pas problème puisque, pauvres ou riches, il faut bien mettre les humains quelque part et que la planète est de surface finie ce qui exclut de facto le reste du monde vivant. Nicolas Hulot aime à critiquer les visions de court terme, il a raison, une certaine modération démographique est justement l’occasion d’appliquer un objectif de long terme.

  3. Le pape François, un écolo ?
    Voici quelques signes qui incitent à l’optimisme :
    – le pape François a choisi son nom en hommage à saint François d’Assise, réputé pour son attention à « toute la création » et « saint patron des écologistes » depuis 1979.
    – au lendemain de son élection, évoquant le saint italien, « qui aime et préserve la création », le pape a lancé : « En ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? »
    – novembre 2013, il arbore un tee-shirt « No al fracking » (« non à la fracturation hydraulique »).
    – il interpelle les responsables économiques et politiques : « Nous sommes “gardiens” de la Création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement. »
    – devant les diplomates accrédités au Vatican : « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, mais lorsque la Création est maltraitée, elle ne pardonne jamais. »
    – Tout récemment, le Vatican a confirmé que le pape projetait l’écriture d’une encyclique sur « l’écologie de l’humanité », qui, au-delà de la seule protection de la nature, suppose le respect « pour toute créature de Dieu ». Un tel document, exclusivement consacré aux relations entre l’homme et la nature, est inédit.
    Source : LE MONDE du 5 février 2014, l’écologie, une priorité affichée par le pape François

  4. Le pape François, un écolo ?
    Voici quelques signes qui incitent à l’optimisme :
    – le pape François a choisi son nom en hommage à saint François d’Assise, réputé pour son attention à « toute la création » et « saint patron des écologistes » depuis 1979.
    – au lendemain de son élection, évoquant le saint italien, « qui aime et préserve la création », le pape a lancé : « En ce moment nous avons aussi avec la création une relation qui n’est pas très bonne, non ? »
    – novembre 2013, il arbore un tee-shirt « No al fracking » (« non à la fracturation hydraulique »).
    – il interpelle les responsables économiques et politiques : « Nous sommes “gardiens” de la Création, du dessein de Dieu inscrit dans la nature, gardiens de l’autre, de l’environnement. »
    – devant les diplomates accrédités au Vatican : « Dieu pardonne toujours, l’homme parfois, mais lorsque la Création est maltraitée, elle ne pardonne jamais. »
    – Tout récemment, le Vatican a confirmé que le pape projetait l’écriture d’une encyclique sur « l’écologie de l’humanité », qui, au-delà de la seule protection de la nature, suppose le respect « pour toute créature de Dieu ». Un tel document, exclusivement consacré aux relations entre l’homme et la nature, est inédit.
    Source : LE MONDE du 5 février 2014, l’écologie, une priorité affichée par le pape François

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