Nous avions déjà écrit : « En quoi la pénurie de dons de gamètes (LeMonde du 29.01.2008) peut-elle concerner la rubrique Environnement & Sciences dans lequel il est inclus ? Bis repetita placent ? En quoi un test sur les ovocytes (LeMonde du 24.04.2008) peut-il concerner la rubrique Environnement & Sciences dans lequel il est inclus ? Pour quel « projet parental » sélectionner les cellules femelles les plus performantes ? En quoi la lutte contre la stérilité peut-elle concerner la Biosphère ?
Il est vrai que l’assistance médicale à la procréation est un vrai gaspillage, seulement 5 % des ovocytes mis en fécondation débouchent sur la naissance d’un enfant ! Mais pourquoi diable deux articles en trois mois seulement sur l’AMP ? Mon petit doigt me dit que c’est le lobby des médecins spécialisés dans l’AMP qui s’agite pour qu’on parle de leur gagne-pain. D’ailleurs un article annexe s’intitule « les PMA appelées à augmenter ».
Mais pourquoi s’inquiéter de la stérilité ? Louée soit en effet la stérilité qui permet la baisse de la population, le désir égoïste doit s’effacer devant les intérêts d’une Biosphère déjà surpeuplée. Au lieu de la lutte contre la stérilité, faisons la promotion dans la rubrique Environnement & Sciences des nullipares, les femmes n’ayant jamais accouché. Il est significatif que le dictionnaire ajoute « se dit d’une femelle de mammifère avant sa première gestation ». Comme si une femelle humaine était vouée à la procréation ! Les femmes italiennes et espagnoles sans enfant représentent déjà 14 % des femmes, les Anglaises 20 %, les Allemandes 30 % et même 45 % lorsqu’elles sont diplômées de l’enseignement supérieur. Dans les pays anglo-saxons des associations de non-parents se sont même crées au milieu des années 1980 et ont imposé l’usage du mot childfree à la place de childless, histoire de montrer que leurs adhérents ne souffrent d’aucun manque.
La Biosphère rappelle au journal Le Monde l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes.