Résumé du discours de Cécile Duflot au conseil fédéral EELV (5 avril 2014)
« Ma conscience me fait un devoir de résigner mes fonctions de membre du gouvernement avec lequel je ne suis plus en communion d’idées et d’espérance. » Gambetta auquel j’emprunte ces mots n’aurait pu en 1871imaginer un seul instant qu’une femme écologiste députée de Belleville elle aussi, les réutiliserait.
J’ai pris une décision partagée avec Pascal Canfin. Cette décision était une décision politique majeure qui répondait certes à ma conscience, mais avant tout à ce que je considérais être le mandat implicite qui m’avait été confié par EELV en entrant dans ce gouvernement. L’espoir de changement, la nouvelle majorité n’avait pas le droit de l’enterrer. La situation politique du pays n’est pas bonne : elle est lourde de menaces. Le Président de la République a pourtant choisi de poursuivre dans la même voie. Il m’est avis que continuer à participer de cette coalition gouvernementale aurait été une manière de surdité.
Valls nous a fait des propositions : réduction de la capacité nucléaire et donc nombre de réacteurs à fermer ; pas de nouveaux ÉPR ; pas de remise en cause gaz de schistes ; pas de remise en cause OGM ; 100 députés à la proportionnelle ; NDDL ; grand ministère de l’écologie à un EELV. Un dossier de 8 pages, c’est dommage il en manquait 18 et cela aurait été un document de novembre 2011 : « 2012-2017 : socialistes et écologistes, ensemble pour combattre la crise et bâtir un autre modèle de vivre ensemble. »
– Sur la réduction de la capacité nucléaire et le nombre de réacteurs c’est précisé p. 16 : Un plan d’évolution du parc nucléaire existant prévoyant la réduction d’un tiers de la puissance nucléaire installée par la fermeture progressive de 24 réacteurs, en commençant par l’arrêt immédiat de Fessenheim et ensuite des installations les plus vulnérables
– Sur les nouveaux ÉPR c’est à la même page il est mentionné : « Dans ce cadre, le projet d’EPR de Penly, sera abandonné. Aucun nouveau projet de réacteur ne sera initié. »
– Sur les gaz de schistes : là c’est page 17 : L’exploration et l’exploitation d’hydrocarbures non conventionnels (gaz et huiles de schiste) seront interdits, les permis en cours seront abrogés et les importations découragées.
– Sur les OGM , pour le coup c’est le ministre de l’agriculture – désormais porte parole du gouvernement – qui toujours été limpide sur le sujet
S- ur la proportionnelle enfin c’est p.24 Afin que toutes les sensibilités politiques de notre pays soient représentées au Parlement, nous réformerons le mode de scrutin aux élections législatives : 100 députés seront élus à la proportionnelle sur une liste nationale
– Il y avait deux autres propositions : l’abandon de NDDL et le grand ministère. Pour NDDL je veux redire ici que si les travaux n’ont pas débutes en 2012-2013 c’est bien parce que nous avons agi sur le terrain dans d’immenses manifestations. Pour le fameux grand ministère, disons-nous la vérité : il n’y a une marge de manœuvre dans un ministère que si l’arbitrage se fait en votre faveur. Quelles garanties avions-nous après deux ans de gouvernement commun ? Aucune, puisque le Président de la République a clairement indiqué que son cap ne varierait pas d’un pouce. Je suis celle qui a qualifié le discours de François Hollande a la conférence environnementale de septembre 2012 d’ « historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste. » Mais j’ai payé pour savoir que pour certains, les mots ont vocation à rester des mots. Sans changement de cap, sans davantage de fermeté face aux lobbies, la transition restera un mot creux, une opération de communication destinée à être vidée de sons sens comme le fût jadis le Grenelle de l’environnement. Si j’avais eu le sentiment qu’il était possible d’agir encore avec utilité au sein de ce gouvernement, ne doutez pas que j’aurai poursuivi dans cette voie.
Le pouvoir, les écologistes ont vocation à l’exercer pour faire prendre un autre cours à l’histoire de notre pays. Je continue donc plus que jamais de défendre le principe de la participation à un gouvernement. Mais dans un rapport de force différent et avec des partenaires plus désireux de conduire réellement une politique écologique. L’écologie politique ne servira jamais d’idiot utile dans les règlements de compte entre les forces déclinantes du productivisme. Dans le nouveau cycle qui s’ouvre, soyons les acteurs de la victoire de nos idées plutôt que des complices du renoncement…
Sur ce sujet, voir également l’analyse de Jean Bruguier :
http://economiedurable.over-blog.com/article-la-social-ecologie-le-nouveau-pari-politique-de-cecile-duflot-ou-la-tentation-de-grenoble-123231692.html
Résumé du Discours d’Emmanuelle Cosse le 5 avril 2014
« Le Premier Ministre nous a fait une proposition simple : diriger un ministère de l’écologie, avec la tutelle sur l’énergie. Nous avons dit non. Comment croire à de tels objectifs après deux ans de rude bataille au sein du gouvernement ? Comment croire à une évolution sur le nucléaire quand le nouveau ministre de l’économie et celui des affaires étrangères en font des points de leur politique ? Comment participer à un gouvernement qui a fait le choix prioritaire de la baisse des dépenses publiques au profit exclusif des entreprises, quand, pour faire de l’écologie, il faut investir, et donc renoncer à l’orthodoxie budgétaire ?
La nouvelle ministre de l’écologie souhaite enterrer la taxe poids lourds sous prétexte qu’elle est anti-sociale, alors que c’est le manque d’écologie qui fragilise les plus défavorisés. L’écologie ne doit pas être punitive, c’est vrai. C’est l’absence d’écologie qui est une punition ! Faire de la politique en étant écologiste, c’est faire la synthèse entre une culture contestataire et une vocation majoritaire assumée. C’est être faucheur volontaire et élu local, c’est squatter des immeubles vides et siéger dans les institutions. C’est concilier le parlementarisme avec l’engagement citoyen… »
Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d’EELV