Un journaliste scientifique comme Stéphane Foucart prend rarement parti. Pourtant les moustiques OGM, Stéphane est pour. Puisqu’il faut éradiquer ces insectes qui transmettent aux humains le virus de la dengue, mieux vaudrait une souche d’Aedes aegypti génétiquement modifiée plutôt que l’utilisation massive d’insecticides organophosphorés : « Une technologie qui permet de se passer de ces produits et qui, contrairement aux biotechnologies végétales, n’a pas comme corollaire la privatisation du vivant, devrait être applaudie par les défenseurs de l’environnement. »*
Entre Charybde et Scylla, que faudrait-il choisir ? Audrey Garric, journaliste au service Planète du MONDE, est beaucoup plus précise sur son blog** que Stéphane Foucart : « La pulvérisation de pesticides présentent des risques pour la santé humaine et induisent des phénomènes de résistance… Oxitec produit déjà des milliers de moustiques transgéniques… Le problème, c’est que les ONG dénoncent le « manque de transparence » de la firme et le fait qu’aucune étude indépendante n’ait été réalisée pour contre-vérifier ces résultats. Si le moustique transgénique est relâché dans l’environnement, il faudrait réaliser un suivi précis des populations pour savoir si le gène modifié est efficace et s’il se transmet aux populations sauvages. En réalité, les moustiques ne sont pas tous stériles, dans les eaux usées les larves ont un taux de survie de 15 % environ. Autre risque, pointé par l’agence de surveillance sanitaire brésilienne : l’extinction de l’espèce d’Aedes aegypti pourrait favoriser un moustique concurrent, le moustique-tigre (Aedes Albopictus), lui aussi vecteur des virus de la dengue ;en détruisant une espèce, on libère une niche écologique pour une autre… »
Que ce soit l’usage d’insecticide ou d’un mutant transgénique, il s’agit d’instaurer une sorte de contrôle des naissances pour les moustiques. Mais laisser la dengue faire son œuvre, ne serait-ce pas un bon moyen de sélectionner les souches de l’espèce humaines les plus résistantes, laissant ainsi la nature faire son œuvre ? Voici ce que disait Alain Hervé, co-fondateur des Amis de la Terre : « L’homme a été doté d’une capacité de transformation trop brutale de l’environnement. Nous sommes devenus des dictateurs assassins du vivant. Nous échappons aux régulations naturelles comme les épidémies. Pasteur a conjuré la mortalité infantile naturelle. Il ne savait pas qu’il contribuait ainsi à rompre l’équilibre démographique. » Choisir un avenir durable est devenu un exercice très compliqué !
* LE MONDE du 20-21 avril 2014, un moustique génétiquement modifié dans la nature
** Le Brésil va lâcher des millions de moustiques OGM contre la dengue
René Monet : « En supprimant ou en maîtrisant les acteurs fondamentaux de la sélection naturelle, y compris la peste et la variole, l’homme a induit des déséquilibres dans sa propre population qu’il ne sait plus gérer et qui sont à l’origine de guerres tout aussi néfaste et cruelles que les grandes pandémies. »
In ENVIRONNEMENT, l’hypothèque démographique (éditions l’Harmattan, 2004)
René Monet : « En supprimant ou en maîtrisant les acteurs fondamentaux de la sélection naturelle, y compris la peste et la variole, l’homme a induit des déséquilibres dans sa propre population qu’il ne sait plus gérer et qui sont à l’origine de guerres tout aussi néfaste et cruelles que les grandes pandémies. »
In ENVIRONNEMENT, l’hypothèque démographique (éditions l’Harmattan, 2004)