A l’occasion d’un passage au Parlement européen, Jeffrey Sachs, avait rappelé la nécessité de réduire la production de biocarburant dans le contexte actuel de crise alimentaire mondiale. Très bien ! Mais le même Jeffrey Sachs propose aujourd’hui (LeMonde du 16.05.2008) d’envoyer en Afrique semences, engrais, techniques d’irrigation. De l’irrigation en Afrique alors que l’eau y est déjà une denrée rare ? Des engrais alors que leur coût a été multiplié par trois ou quatre en l’espace d’un an ? Des semences à haut rendement alors que les sols africains comptent parmi les plus épuisés de la planète ? Du productivisme agricole pour devenir exportateur de céréales comme le Malawi ? Et combien de temps durera l’aide financière massive des pays riches que réclame Jeffrey Sachs ?
Il ne faut pas chercher bien loin pour connaître la seule solution durable. L’article haut de page nous décrit la bataille contre la faim des Camerounais. Rompant avec le libéralisme et la priorité aux importations de vivres imposée par le libre-échange généralisé, le gouvernement camerounais magnifie désormais l’agriculture nationale et vise la souveraineté alimentaire. Rappelons aussi à Jeffrey le diagnostic de l’IAASTD (Evaluation internationale des sciences et technologies agricoles au service du développement), un organisme qui fonctionne sur le même modèle que le GIEC (LeMonde du 16.04.2008) : « On ne peut plus jouer sur le seul facteur de la technologie. Il faut soutenir les petits paysans et intensifier les recherches en agro-écologie, c’est-à-dire la prise en compte des processus écologiques comme le fait l’agriculture biologique. Il faut une réorientation une réorientation autour des savoirs locaux et communautaires, afin de retrouver une autosuffisance alimentaire ».
La Biosphère ajoute qu’il faudrait nécessairement, en même temps qu’on propose des solutions à la crise agricole, mettre en parallèle les efforts à accomplir en matière de limitation volontaire des naissances. Sinon la course entre population et alimentation sera sans fin, ponctuée par beaucoup d’autres émeutes de la faim…