« Que reste-t-il de la vraie nature dans nos villes, nos intérieurs aseptisés, nos supermarchés climatisés, nos jardinnets engazonnés, nos autoroutes embouteillés et nos parcs d’attraction ? A la maison, à l’école ou au travail, quand sommes-nous en contact sensoriel avec la texture de la terre, la lumière, les cycles de la terre, les esprits des arbres, la puissance de la vie ? Où et comment apprenons-nous cela ? De par leur formatage intérieur dès la petite enfance, nombre de personnes sont – existentiellement et émotionnellement – trop séparées de la nature pour être véritablement touchés par les maux qui l’affectent. Fruit de la modernité, la culture de la société industrielle est déconnectée de son substrat naturel. Nous savons notre impact écologique négatif, mais nous n’y prêtons guère attention, car la nature ne fait plus vraiment partie de notre être et de notre vie. »
Ainsi s’exprime Michel Maxime Egger dans son livre « La terre comme soi-même (repères pour une écospiritualité)* ». Dans sa préface, Pierre Rabhi exprime la même inquiétude : « Nous sommes coupés de la nature et de ses flux de vie : nous grandissons dans des crèches, étudions dans des bahuts, logeons et travaillons dans des cubes de verre et de béton, circulons dans des « caisses », allons en « boîte » pour nous divertir, confinons nos aînés dans des maisons de retraite, en attendant notre cercueil. Nous ne savons plus respirer, nous vivons en disharmonie avec les rythmes de la nature et les pulsions de notre coeur. Quand sortirons-nous de notre aveuglement et de notre surdité ? »
Michel Maxime Egger conclut ainsi, et c’est la seule façon d’espérer : « Les défis écologiques sont si amples et si complexes qu’ils semblent souvent au-delà de nos forces. Ils le sont sans doute. Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras et ne pas accomplir tout ce qui est possible à notre niveau. C’est la philosophie du colibri** proposée par l’agroécologiste Pierre Rabhi. »
* éditions Labor et Fides 2012, 328 pages, 25 euros
** philosophie du colibri (légende amérindienne ) : « Un jour il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec ces quelques gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? » « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part. » Une association Colibris relaye ce message en France.
Il est vrai que la place de la nature diminue chaque jour, surtout en ville. Mais partout les initiatives se multiplient auprès des jeunes et des anciens pour remettre la nature au centre des activités.