Le meilleur exemple de l’exigence écologique de faire de la politique autrement est personnifié par Nicolas Hulot. Son « pacte écologique* », signé par la presque totalité des candidats aux présidentielles 2007, reste malheureusement toujours d’actualité. Voici quelques extraits significatifs de l’introduction de son livre :
« Mesdames et messieurs les candidats à la présidence de la République, le temps de l’information, du débat et des controverses est révolu. Le temps est à l’action… quel contenu allez-vu donner à votre politique pour que l’écologie, l’environnement, le développement durable, peu importe les intitulés, deviennent la base des choix économiques et sociaux, le déterminant majeur des politiques publiques ? C’est désormais un fait scientifique central : l’espèce humaine risque une déstabilisation majeure car sa santé et ses activités dépendent du bon fonctionnement des écosystèmes et de l’abondance des ressources. Or la gravité de la crise globale s’est amplifiée, au point que certaines accusations traditionnelles de catastrophisme qui étaient proférées à l’encontre des écologistes passent désormais pour des débats éculés. Il en est malheureusement des changements climatiques comme des autres maux de la planète. Ils ne se développent pas progressivement mais de manière quasi-exponentielle, même si leurs multiples effets ne se voient pas encore dans toute leur ampleur. La fin de l’âge d’or du pétrole et du gaz bon marché se précise. Des bandes s’organisent pour dérober des métaux comme le cuivre ou le zinc. L’ère de l’abondance va se terminer. Aujourd’hui, l’essentiel des malheurs touche les plus démunis mais, à un moment ou un autre, les nantis vont être affectés. Nous risquons une implosion générale. Madame ou monsieur le futur président de la République, l’impératif écologique n’est pas une priorité, c’est LA priorité.
Mobilisation ! J’emploie ce terme à dessin, dans son sens guerrier, même si cette guerre est d’un type particulier puisqu’elle est dirigée contre nous-mêmes. L’ennemi ne vient pas de l’extérieur, il siège à l’intérieur de notre système et de nos consciences. L’impératif écologique ne sera pas relevé en faisant l’impasse sur cette double dimension, collective et individuelle, en sous-traitant le problème aux scientifiques, aux politiques ou aux industriels. Nous avons besoin que chacun participe au changement. L’impératif écologique dessine un paysage politique radicalement différent de ceux auxquels nous sommes habitués. Il suppose une confluence d’intérêts plutôt qu’un conflit d’intérêts. Il faut en finir avec les logiques exclusives de parti, cette psychologie de horde où l’individu abdique toute conscience pour privilégier les intérêts de sa boutique. Si quelque chose émerge, ce ne sera ni à droite ni à gauche, ni au centre, mais au-dessus. Il est indispensable que toutes les familles politiques partagent le même diagnostic et votent de concert les grandes orientations pour une mutation écologique de notre société, d’autant plus qu’elles seront parfois rugueuses.
Il faut renoncer au principe de croissance maximale qui constitue un des principaux aveuglements de notre époque. Le « moins » doit intervenir dans les secteurs sur lesquels repose l’essentiel de notre système économique et de nos modes de vie : consommation énergétique, matières premières, eau, régime alimentaire, déchets, étalement urbain, pesticides, déplacements, vols aériens, etc. L’idée de planifier une politique de décroissance des consommations de matières premières et d’énergie recouvre un principe de réalité incontournable. Il est temps, mesdames et messieurs les candidats, que vous osiez réfléchir aux solutions plutôt que de continuer à conforter l’aveuglement béat pour le toujours plus… Qui peut croire que le défi écologique pourra se relever à la marge ?
* Pour un pacte écologique (avec le Comité de veille écologique) de Nicolas Hulot
édition calmann-lévy 2006, 288 pages, 18 euros
péripéties de Nicolas Hulot lors des primaires d’EELV pour les présidentielles 2012
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Président de la République ? Il en faut du culot pour se jeter dans l’arène politique comme vient de le faire ce 13 avril Nicolas Hulot. Car le domaine politique est un marigot où se vautrent de vieux crocodiles affamés de pouvoir qui dévorent tous les nouveaux arrivants…