Sur lemonde.fr, les raisons de la mise en examen de Claire Thibout attirent d’innombrables commentaires. Mais la transformation probable de l’Iran en un immense désert… quelques isolés seulement. Pourtant l’article* est intéressant dans la mesure où il montre les interrelations entre agriculture, pouvoir politique et démographie. Le régime théocratique de l’Iran montre ses limites écologiques. A la suite de la révolution en 1979 et de l’avènement de la République islamique, l’Etat a permis le développement sans limite de l’agriculture pour s’attirer les bonnes grâces du peuple. Pour subvenir aux besoins des agriculteurs, barrages et digues ont été construits sans étude d’impact. En conséquence lacs et nappes phréatiques se vident ; le pays et Téhéran connaissent des problèmes d’eau. Car l’Etat subventionne la consommation d’eau : « Les chercheurs sont unanimes pour dire que la crise de l’eau s’est manifestée sous la présidence de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). » Religion autoritaire et écologie scientifique ne font pas bon ménage.
Cependant l’article ne montre pas suffisamment l’autre lien, entre autocratie et démographie. La population iranienne comptait 13 millions de personnes en 1933, 55 millions en 1988 et 78 millions aujourd’hui. Désastreux ! La révolution islamique de 1979 avait mis fin aux essais précédents de planning familial en prônant le mariage précoce et la famille nombreuse. L’âge légal du mariage a été abaissé à 9 ans pour les filles et à 12 ans pour les garçons. Scandaleux ! L’Ayatollah Khomeiny voulait renflouer les rangs des « soldats de l’Islam » pendant la guerre avec l’Irak (1980-1988) ; il lui fallait une armée de 20 millions de personnes. Insupportable ! Si le planning familial fut institué en 1989, en 2014 l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution, a signé un décret incitant les Iraniennes à avoir des enfants afin de « renforcer l’identité nationale » et de combattre « les aspects néfastes du style de vie occidental ». La relance de la natalité était d’ailleurs prônée depuis plusieurs années par les milieux conservateurs. L’ancien président Mahmoud Ahmadinejad rêvait même d’un Iran de 120 millions d’habitants.
L’anti-malthusianisme ne sévit pas qu’en Iran. En France, même les « écologistes » institutionnels sont natalistes. Dans une émission « Des paroles et des actes », notre démographie conquérante a été deux fois évoquée, par Jacques Attali… et par Cécile Duflot. Dans 15 ans nous serons plus nombreux que les allemands, cocorico. La verte Cécile Duflot fait un bon diagnostic sur la consommation exagérée de ressources, mais ne semble pas voir qu’une France de 80 millions consommera forcément plus d’espace/habitats et de ressources avec l’état actuel de nos modes de vie.
* LE MONDE du 7-8 décembre 2014, L’Iran menacé de devenir un immense désert
Lorsque quelqu’un(e) affirme, ou fait comme si, la croissance peut être infinie, il s’agit soit d’un(e) imbécile, soit d’un(e) économiste… Et comme Cécile DUFLOT n’est pas une économiste !
Il n’y a de richesses que d’hommes, il n’y a de richesses que d’hommes, il n’y a de richesses que d’hommes…… puisqu’on vous le dit !
Toujours cette même cécité (cécilité?) à propos du paramètre pourtant le plus maîtrisable de l’équation d’Ehrlich. En effet selon cette équation, notre impact environnemental dépend de la population, du niveau de consommation par habitant et d’un facteur technologique. Ces deux dernières variables sont liées à des facteurs tels que la conjoncture économique, dont on se rend compte actuellement avec acuité qu’elle ne peut être contrôlée qu’avec une volonté – inexistante – de changement de paradigme. D’autre part, la variable population est la plus critique en ce sens qu’avec elle, on est toujours contraint de gérer un passif, celui de l’incurie des politiques natalistes précédentes; c’est avec elle qu’on ressent le plus le poids des décisions des générations précédentes.
On se doutait bien qu’avec 4 enfants, Duflot n’est pas le chantre du malthusianisme, et dans ce domaine, pour elle « l’enfer c’est les autres ».