Le petit livre noir des grands travaux inutiles, 7 euros

Adepte des Grands travaux inutiles et imposés, le gouvernement persiste et signe. La déclaration d’utilité publique d’une ligne à grande vitesse (LGV) reliant Poitiers à Limoges figure au Journal officiel du dimanche 11 janvier 2015 et porte la signature de Manuel Valls et de Ségolène Royal. Les réactions hostiles sont innombrables : Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut), le maire de Guéret et député de la Creuse, Michel Vergnier (PS), le Collectif des riverains impactés, l’association France Nature Environnement et même la Cour des comptes, qui avait rendu en octobre 2014 un rapport sur la grande vitesse ferroviaire. Les magistrats de la rue Cambon ont noté que le projet « n’avait fait l’objet d’aucune réflexion préalable et ne s’appuyait pas sur une définition des besoins de mobilité des habitants des régions concernées ». Que le coût en était surestimé, la fréquentation sous-évaluée. Pis peut-être : que Réseau ferré de France n’avait pas « rendu compte de manière rigoureuse des positions et débats » qui ont traversé la population.*

Pour une approche plus globale, lisez « Le petit livre noir des Grands travaux inutiles »**. Il n’y a pas que les LGV, il y a aussi Iter et Astrid (super-centrales nucléaires), des aéroports, des autoroutes, le Stade des Lumières, la tour Triangle, les incinérateurs géants, etc. Nos grands élus se comportent comme les pharaons qui ont fait ériger les pyramides et Louis XIV qui a commandé son château de Versailles. La quête d’éternité rencontre la folie des grandeurs, le pouvoir manifeste sa donation par la grandiloquence de certaines infrastructures. Mais il existe une faille grandissante entre une élite qui s’affranchit ouvertement des contraintes écologiques, financières et démocratiques d’une part et un peuple qui commence à réagir d’autre part. Les GTI illustrent à merveille les dérives d’un système productiviste qui ne survit qu’à force de gaspillage énergétique. Les « Trente Glorieuses » sont devenues les cinquante gaspilleuses. Impulser une vaste politique de grands travaux ne répond en rien à la crise écologique qui conduit aux crises économiques et sociales. La transition énergétique est éternellement repoussée, alors qu’il aurait fallu agir avec détermination dès 1972 (rapport sur les limites de la croissance).

Apprécions à sa juste valeur le dernier paragraphe de ce petit livre noir : « Les ZAD (Zones à défendre) ne sont pas seulement des lieux de contestation, elles sont aussi des lieux d’apprentissage, des agoras où renaissent l’esprit de lutte, l’envie d’échanger, le besoin de s’engager. A toutes celles et ceux qui ont osé sortir des sentiers battus et reprendre les chemins (parfois boueux) de la mobilisation, à toutes celles et ceux qui,  sans renoncer à leur individualité, savent se fondre dans un collectif, nous n’avons qu’une seule chose à dire : continuez ! Continuons… »

* lemonde.fr | 15.01.2015, Le futur TGV Poitiers-Limoges, nouveau grand projet inutile

** éditions le passager clandestin, 130 pages, 7 euros