« L’année dernière, Fabius ne parlait que de diplomatie économique. Cette année, il n’a que le climat à la bouche »*. En visite en Arabie saoudite, Laurent Fabius a glissé quelques mots sur le climat, invitant le premier producteur de pétrole au monde à « repenser son mix énergétique ». Il aurait du parler du prix du pétrole, beaucoup trop bas pour que nous pensions à limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Chaque mois il fait un tour du monde : son empreinte carbone explose tous les plafonds. Il devrait passer par skype, et participer sans bouger à des conférences internationales depuis son fauteuil de ministre des affaires étrangères. Il va présider la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21 ou Conférence des parties), accueillie en France du 30 novembre au 11 décembre 2015. C’est la fonction qui crée le bonhomme, Fabius n’a rien d’un écolo. Quand il a été nommé en mai 2012, il ne voulait pas de la COP en France et ne se souciait pas des questions environnementales. Laurent Fabius n’est pas un « converti » à l’écologie, il pratique l’opportunisme, cette maladie structurelle de la classe politique.
Rappelons qu’en 2000, le gouvernement Jospin avait présenté un programme de lutte contre le changement climatique qui avait rapidement sombré tandis que Fabius supprimait la vignette automobile, un impôt progressif qui aurait instauré un certain malus sur les émissions de carbone. En 2003 Fabius avait fait fort, faisant écrire que le PS deviendrait « le premier parti écologiste de France » (LE MONDE du 7.01.2003). Mais les Verts traversaient à l’époque une période de fortes turbulences et Fabius voulait récupérer la mise. Opportunisme ! Lors du Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008), Fabius osait cette phrase dans sa contribution générale : « Certains ont longtemps prétendu qu’une croissance exponentielle infinie dans un monde qui ne l’est pas était possible. Nous affirmons avec force que la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu. » Il part d’un postulat irréfutable (les limites de la croissance) pour en déduire l’inverse, que la croissance (et donc les émissions de GES) est encore possible et nécessaire. C’est un croissanciste !
Depuis qu’il est devenu ministre, il n’a pas changé, toujours aussi aveugle face au réchauffement climatique. Il faut dire qu’il est à la fois ministre des affaires étrangères ET du développement international. Croissanciste toujours ! Le 8 janvier dernier, Laurent Fabius prônait devant un comité inter-ministériel l’adoption d’un objectif « zéro carbone – zéro pauvreté » et le rapprochement des agendas internationaux pour le climat et des Objectifs mondiaux pour le développement, qui doivent désormais être « durables ». On ne voit pas du tout comment un programme de « développement/croissance » peut être durable, sauf à décroître très fortement dans les pays riches, ce qui n’est pas du tout à l’agenda du PS ! En novembre 2014, sa présentation aux entreprises de la Conférence Climat était désastreuse : « L’état d’esprit est que cette COP21 ne soit pas une conférence des contraintes, parce que l’une des raisons pour laquelle cette affaire ne marche pas, c’est que nous donnons le sentiment aux gens que l’on va multiplier les contraintes. » Croire que les milliards de CO2 émis avec une très grande légèreté par une grande partie de l’humanité va disparaître sans faire d’efforts est un acte de foi, pas une stratégie.
L’écologie ne doit être ni punitive, ni positive, elle doit être réaliste. On peut déjà dire et redire que la COP 21 à Paris va être un échec, ni Hollande, ni Ségolène, ni Fabius n’ont mesuré les véritables enjeux écologiques.
* LE MONDE du 15 avril 2015, Laurent Fabius, un converti du climat
C’est juste José, chacun d’entre nous a sa part de responsabilité, si les personnages politiques nous flattent et sont démagogues c’est bien parce que nous l’acceptons et nous y montrons sensibles par nos votes.
Toutefois je crois qu’il n’y a pas de leur part que de la démagogie, beaucoup d’entre eux n’ont vraiment pas compris l’enjeu climatique et absolument compris non plus l’incompatibilité de toute politique écologiste avec une conception « croissanciste ».
De toutes façons Didier, pour se présenter devant les électeurs avec quelque chance de succès, ça bien longtemps qu’il faut leur dire que le Père Noël existe. C’est la faute des politiciens, mais pas que.
Je crois qu’aucun de nos leaders politiques n’a compris les enjeux écologiques. Peut-être parce que les comprendre c’est admettre qu’au cours de ce siècle la civilisation va s’effondrer pour avoir épuisé la Terre. C’est là une pensée trop effrayante pour être véritablement admise, et moins encore affichée.
Mais la réalité se moque de ce qui effraye les consciences. Elle passe et broie, sans se soucier des choses et des êtres.
Nous n’avons pas voulu admettre la nécessité d’une décroissance économique et démographique, elle se fera donc sans notre consentement.